Emmanuel Chirache et Alice Gondonneau - Publié le 30 juillet 2019
PATATOVORE - Vous êtes addict aux patates douces ? Olivier Puech et son énorme potager vous explique comment en faire pousser.
Lierre, chiendent, pavot, érable, ortie... Il est courant de voir des jardiniers s'attaquer à ce genre de plantes parce qu'ils les considèrent comme inutiles, inesthétiques, voire nuisibles. Il faut cependant savoir qu'elles regorgent souvent de nutriments et de bienfaits thérapeutiques.
Alors pourquoi nous obstinons-nous à les éradiquer de nos jardins ? Il semble que les "mauvaises herbes" comme le dit le langage populaire soient surtout précédées d'une mauvaise réputation. Heureusement, les agronomes et les écologistes ont permis de réhabiliter ces plantes, qui ont beaucoup à nous apporter dans nos jardins.
Vertus nutritionnelles et médicinales
Tout d'abord, tous les botanistes s'accordent pour dire que le terme “mauvaises herbes” est impropre : il n'y a pas de mauvaises plantes dans la nature. Franck David, permaculteur [la permaculture est une méthode globale et durable, fondée sur le respect de la nature et des écosystèmes], explique que “toutes ces plantes sauvages ont des capacités assez impressionnantes, déjà pour leur apport nutritionnel et pour leur vertus médicinales”.
Deux exemples simples : vous pouvez très bien cuisiner des orties et les utiliser comme anti-inflammatoire dans une tisane. Autre mauvaise herbe utile, l'oxalis fontana, qui ressemble fortement au trèfle, peut servir à agrémenter une omelette ou du poisson, et son petit plus, c'est qu'elle élimine les toxines !
Afin de mieux s'en servir et ne pas avoir de mauvaises surprises, il faut apprendre à connaître ces plantes "indésirables" et comprendre pourquoi elles sont présentes dans notre jardin. “C'est dommage que la plupart des gens ne s'intéressent pas à ces “mauvaises herbes”. Quand on ne cultive pas une variété, généralement on pense qu'elle ne nous sert à rien. Mais c'est faux !” détaille Franck David.
Indispensables pour la biodiversité
Une forte présence de “mauvaises herbes” dans une zone n'est pas à prendre à la légère, car elles nous apportent des informations indispensables sur la qualité de notre sol. Le liseron des champs indique qu'il y a trop d'azote dans la terre et le fameux chiendent nous informe que nous la retournons trop souvent. Est-ce que vous étiez au courant que les pâquerettes avaient un rôle essentiel dans la nature ? Elles régulent les sols acides et argileux grâce à leur apport en carbonate de sodium.
Le pouvoir des “mauvaises herbes” est donc indispensable à la préservation de la biodiversité. Elles attirent aussi les insectes, qui participent à l'écosystème de la terre et de la flore, et contribuent donc à l'équilibre naturel de votre jardin. Pour autant, il faut être attentif à ne pas les laisser proliférer au détriment des autres espèces.
Comment faire pour ne pas être envahi par ces herbes ?
Ces plantes sont pour la plupart du temps très résistantes et poussent de façon spontanée là où ça nous dérange. De manière générale, leur présence persistante est le signe que vous n'avez pas respecté les bonnes pratiques de la permaculture. “Il faut éviter de trop bouleverser le sol. Les conséquences seront qu'il y aura un déséquilibre dans la biodiversité de votre jardin”, déclare Franck David.
Pour enlever ces herbes sauvages sans détériorer l'écosystème, “on peut les couper à partir du pied et elles vont mourir naturellement. Il faut le faire avant que les graines ne tombent au sol”, précise Franck David. Sinon, la méthode du vinaigre blanc et du bicarbonate de sodium est possible, mais tous les micro-organismes seront tués.
Aujourd'hui, le jardin propre et bien tondu n'est plus d'actualité, l'heure est au laisser pousser. Dans ces conditions, le jardinier jardine moins qu'il ne veille au bon épanouissement de toutes les plantes qui poussent chez lui.