Lisa Hör - Publié le 31 janvier 2017
ÉCOLOGIE - Cette maison témoin, installée à Strasbourg, a été détruite pendant la Seconde Guerre mondiale et revit sous les standards écologiques les plus poussés.
Le temps a beau être gris, en cette matinée de décembre 2016, la façade et les fenêtres refaites à neuf de cette grande bâtisse se détachent clairement dans ce quartier résidentiel de Strasbourg. Mais ce que l'on ne soupçonne pas en passant devant cette maison, c'est qu'elle a déjà vécu plusieurs vies.
En 1931, elle est construite à l'identique de sa voisine mitoyenne, qui n'a pas changé depuis. Les deux maisons jumelles appartiennent à l'origine à deux soeurs... jumelles elles aussi. Aujourd'hui, les deux bâtiments n'ont plus grand chose à voir l'un avec l'autre.
Jérémy Hérard, 30 ans, architecte d'intérieur et fondateur de l'agence Notes de Styles, est l'actuel propriétaire de la maison rénovée.
Il déroule l'histoire qu'il a découverte : "Un soir, pendant la Seconde Guerre mondiale, la femme qui habitait ici ne se sentait pas en sécurité. Elle est allée chez sa soeur par le passage qui relient les deux maisons dans la cave. Ce soir-là, cette maison a reçu un obus et a été démolie."
La propriétaire a reconstruit sa maison, différemment de sa jumelle, en 1946. Jérémy Hérard a racheté le bâtiment, qui n'avait pas changé depuis, en 2012. Son objectif : en faire une maison témoin et la rénover pour obtenir le label maison passive, pour présenter à ses clients ce qui se fait de mieux en termes d'économie d'énergie.
Une isolation parfaite
Elle consomme donc très peu d'énergie pour maintenir une température agréable : "Sans même lancer la chaudière à gaz, elle reste à 18° quand il fait - 20° à l'extérieur", détaille Jérémy Hérard.
Séduit par le confort que cela représente, il a décidé d'emménager dans la maison témoin. Montant de la facture pour maintenir les 160 mètres carrés à une température de 21 degrés toute l'année, mais aussi chauffer l'eau : entre 210 et 310 euros par an, selon la rudesse de l'hiver.
Pour atteindre ce résultat, la maison a été parfaitement isolée, pour la rendre étanche à l'air. Une isolation par l'intérieur, réalisée en laine de verre biologique et panneaux Fermacell (gypse + cellulose).
Jérémy Hérard a aussi fait isoler les combles avec de la fibre de verre, pour que la chaleur ne s'échappe pas non plus par le toit. À l'étage, on découvre aujourd'hui une grande hauteur sous plafond, une décoration moderne avec des poutres blanchies, et une mezzanine douillette.
L'investissement de 40 000 euros pour rendre la maison passive (sans compter les fenêtres qui devaient être changées de toute façon) devrait être rentabilisé dans les 20 ans, estime l'architecte d'intérieur.
Un puits canadien dans le jardin
La maison recèle une autre surprise, insoupçonnable : un puits canadien dans le jardin. L'air extérieur passe dans un tube sous la terre, où il se réchauffe, avant d'être injecté dans la maison. L'été, ce puit sert de climatisation naturelle.
Pour aller jusqu'au bout de sa démarche écologique, Jérémy Hérard a puisé dans la technologie, avec la domotique (le thermostat connecté ne déclenche le chauffage que si la maison est occupée), mais aussi dans les matériaux recyclés. Au point d'avoir choisi un meuble de salle de bains créé par l'artisan avec du marbre... récupéré sur des pierres tombales.
De quoi étonner, encore, les clients qui visitent sa maison. Si les lavabos en marbre n'ont pas le succès qu'ils méritent, gageons que sa démonstration sur les bienfaits de la maison passive convainc elle, tout naturellement.