Lisa Hör - Publié le 20 novembre 2021
PERMACULTURE POUR TOUS - Cette philosophie peut trouver des applications bien au-delà du potager. Dans nos échanges en famille, avec nos voisins, et même dans notre façon de construire des maisons.
“La permaculture, ce n'est pas que du jardinage !” Voici ce que nous répètent tous nos interlocuteurs depuis nos premiers articles sur le sujet. Nous sommes un peu durs de la feuille, alors nous avons mis du temps, mais ça y est, cette fois, c'est la bonne. Nous allons nous pencher sur la question et explorer en détail les autres domaines dans lesquels peut s'appliquer cette philosophie.
Cette fois, pas question de paillage ni d'organisation au potager. Remisez-vos bottes et enfilez vos lunettes, celles qui vous font voir le monde autrement !
La base : qu'est-ce que la permaculture ?
Le mot “permaculture” a été formé dans les années 1970 à partir des termes “agriculture” et “permanente”, par Bill Mollison et David Holmgren, deux universitaires australiens qui cherchaient à conceptualiser un modèle agricole vraiment durable. Le but : cultiver année après année sans épuiser le sol.
Voici ce que nous expliquait Grégory Derville, formateur à l'éco-lieu des Escuroux, dans un précédent entretien sur l'histoire de la permaculture. Mais ces deux pères fondateurs voyaient déjà bien plus loin que l'agriculture.
Plus que la culture permanente, c'est la culture de la permanence. La permaculture est un état d'esprit qui consiste à intégrer de façon systématique et concrète le souci de la permanence dans nos choix individuels et collectifs.
Grégory Derville, auteur de La permaculture, en route pour la transition écologique (édition Terre Vivante, 2018)
Jolie formule, mais... qu'est-ce à dire ?
“Cela consiste à toujours se demander, dans toutes ses actions, comment ce que l'on est en train de faire peut durer, poser le moins de problèmes possibles et même avoir un effet positif”, explicite Grégory Derville.
La permaculture dans les échanges humains
Concrètement, partager votre appareil à raclette avec vos voisins, développer vos connaissances en bricolage et en faire profiter un ami qui vient d'emménager, partager votre récolte de tomates avec vos enfants… À travers tous ces gestes, vous faites de la permaculture, comme M. Jourdain faisait de la prose, sans le savoir.
“Le simple fait de partager des objets, y compris les plus banals, en soi c'est l'illustration d'un effort pour vivre de manière non-excessive. Toutes ces manières de s'intégrer dans un groupe produisent de la durabilité”, estime Grégory Derville. Elles respectent les trois règles éthiques de la permaculture. Pour rappel : prendre soin de la nature, prendre soin de l'humain, prendre notre juste besoin et redistribuer les surplus.
La permaculture pour construire votre maison
La grande différence entre un potager “simplement” bio et un potager en permaculture, c'est l'organisation de l'espace. Par exemple, les cultures qui nécessitent le plus d'entretien seront plantées tout prêt de la maison, et celles que l'on ne visite que rarement, au fond du jardin. L'objectif est de réduire vos allers et retours, et donc d'économiser votre énergie.
Cette logique est transposable dans votre habitation. “Le design permaculturel consiste à aménager des sites ou des bâtiments afin que des humains puissent y vivre, y travailler et y satisfaire leurs besoins de façon efficace et durable”, éclaire Grégory Derville.
On a bien dit “efficace” : il s'agit par exemple de chauffer au mieux une maison en utilisant le moins d'énergie possible. Un principe évident, “qu'on a largement perdu de vue car on pouvait se permettre de ne pas le respecter sans conséquences graves, car on avait de l'énergie abondante”, considère notre formateur. Une époque révolue, n'est-ce pas !
Alors comment appliquer la permaculture dans la construction ? Les maisons bioclimatiques, avec leurs fenêtres au Sud pour profiter au mieux des apports du soleil et réduire les besoins de chauffage, relèvent parfaitement le défi.
Récupérer au maximum les matériaux que l'on enlève dans un chantier de rénovation (ici, une vieille porte, là des tomettes), c'est très bien aussi. D'ailleurs, voici plein de pistes pour un chantier zéro déchet.
Et puis, plus généralement, faire en sorte que chaque élément remplisse plusieurs fonctions. Un mur qui protège du vent pourra aussi servir de support pour des plantes grimpantes. (Nous, notre lit nous sert aussi de bureau, ça gagne de la place et c'est confortable.)
Plus largement, cela peut s'appliquer en urbanisme. Comme avec des bancs qui servent à la fois à s'asseoir et à rafraîchir l'atmosphère, ou des jardins publics où l'on fait pousser des fleurs mais aussi des légumes.
Pour aller plus loin : la fleur de la permaculture
Vous l'aurez compris, la permaculture est utile dans le jardinage, l'habitat, mais aussi la santé, l'éducation…
David Holmgren lui-même (l'un des théoriciens de la permaculture, souvenez-vous), avait dessiné la fleur de la permaculture, pour illustrer tous les domaines d'application.
Retrouvez ici une version interactive de la fleur de la permaculture, vous pourrez cliquer sur chacun des pétales et découvrir ce qui se cache derrière.
Pas besoin de vivre à la campagne, ni même d'avoir un jardin, pour suivre les principes de la permaculture. A chacun de choisir le pétale qui lui convient le mieux !