Lisa Hör - Publié le 25 juillet 2018
GUIDE PRATIQUE - La rentabilité de votre projet dépend de votre installation, de votre consommation et aussi de votre choix, ou non, de revendre une partie de l'électricité produite.
Investir dans des panneaux solaires photovoltaïques, c'est s'engager dans la transition énergétique en produisant de l'électricité non carbonée. La première question qui vient à l'esprit au moment de se lancer reste cependant l'intérêt financier.
“Investir dans du solaire est rentable, assure Mélodie de l'Épine, coordinatrice du pôle photovoltaïque au sein de l'association Hespul, qui a mis en place le site d'information de référence photovoltaique.info avec le soutien de l'Ademe (l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie). Mais elle nuance tout de suite : “Ce n'est pas un complément de revenu.”
Suivez le guide pour monter un projet rentable !
Un calculateur gratuit en ligne pour évaluer la rentabilité de votre projet
La rentabilité de votre projet dépend de plusieurs facteurs :
- votre investissement de départ (achat et installation des panneaux, raccordement au réseau, intérêts d'emprunts),
- la quantité d'électricité que votre installation pourra produire (elle-même dépend de l'ensoleillement de votre lieu d'habitation ainsi que de l'inclinaison, de l'orientation et de la puissance de vos panneaux solaires)
- si vous revendez tout ou une partie de l'électricité, le tarif auquel elle sera rachetée par un fournisseur d'énergie.
Vous pouvez rentrer toutes ces données sur le calculateur evaluer-mon-devis.photovoltaique.info, établi par l'association Hespul.
Ce simulateur en ligne (gratuit) vous indiquera combien vous gagnerez sur 20 ans, soit la durée de vie minimum des panneaux solaires (ils continueront de produire de l'électricité pendant de longues années après cela, mais leur efficacité diminuera un peu).
Le graphique obtenu vous indique la rentabilité des panneaux pour différents scénarios : la revente totale de son électricité, l'autoconsommation partielle et l'autoconsommation totale. Nous détaillons ces scénarios ci-dessous pour vous aider à choisir.
Attention ! Le contrat d'achat de votre électricité photovoltaïque sur le réseau est établi avec une des 2 premières options (revente totale ou autoconsommation partielle) pour une durée de 20 ans. Une fois l'option choisie, il n'est pas possible de la modifier.
Revendre toute son électricité : le plus simple pour calculer la rentabilité
Revendre toute l'électricité produite par ses panneaux solaires à un gestionnaire du réseau électrique est la solution la plus répandue. C'est aussi le plus simple pour calculer la rentabilité : il suffit de faire le rapport entre son investissement et les recettes annuelles.
EDF a l'obligation de racheter votre électricité solaire. Vous pouvez aussi vous adresser à un concurrent. Le tarif de rachat est réglementé. Consultez la dernière grille tarifaire sur le site photovoltaique.info.
“En moyenne, les particuliers installent 3 kWc, soit 22 m2 de panneaux solaires qui produisent 3000 kWh par an. Le temps de retour sur investissement est de 10 à 15 ans”, estime Mélodie de l'Épine.
Prenons l'exemple d'une installation classique d'une puissance inférieure ou égale à 3 kWc (kilowatt-crête) intégrée au bâti, dans ce cas de figure, chaque kWh (kilowatt-heure) est racheté 20,05 centimes (données d'avril et juin 2018).
L'autoconsommation partielle : une solution moins intéressante financièrement
L'autoconsommation partielle consiste à consommer une partie de l'électricité produite par vos panneaux solaires (c'est autant d'argent économisé sur votre facture d'électricité) et à revendre le surplus de production à EDF ou un concurrent. Cette solution est plus rarement choisie.
“L'autoconsommation partielle est intéressante si on peut consommer une grande part de l'électricité produite. Mais pour un particulier, c'est difficile de consommer plus de 30 à 40% de l'électricité produite. En effet, les panneaux solaires produisent plus d'énergie en milieu de journée, hors c'est le moment où l'on n'est pas chez soi”, explique Tristan Carrère, ingénieur photovoltaïque à l'Ademe (l'Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Énergie).
Reprenons notre exemple d'une installation classique d'une puissance inférieure ou égale à 3 kWc (kilowatt-crête), dans ce nouveau cas, le prix de rachat du surplus est moins élevé que dans le cas de la revente totale, il est de 10 centimes (donnée d'avril et juin 2018).
Sachez cependant qu'une prime à l'autoconsommation solaire existe. Consultez notre article sur l'autoconsommation pour en connaître le montant.
L'autoconsommation totale : si vous voulez être autonome au maximum
L'autoconsommation totale consiste à consommer le maximum de sa production d'électricité. S'il y a un surplus, celui-ci est réinjecté dans le réseau gratuitement, cette électricité ne vous est pas rachetée.
“Ça diminue d'autant la rentabilité du projet, l'investissement est perdu, note Tristan Carrère. C'est pourquoi, on sous-dimensionne l'installation, il faut qu'à n'importe quel moment de l'année on ne produise pas d'excédent.”
En général, une installation en autoconsommation totale aura donc une puissance autour d'1 kWc, au lieu de 3 à 9 kWc dans les autres cas de figure.
Il est également possible d'acheter des batteries, pour stocker le surplus d'électricité produite. Mais cela représente un investissement non-négligeable (plus de 6000 euros, comme nous l'expliquons dans notre article sur l'autoconsommation solaire).
Enfin, l'autoconsommation partielle ou totale repose sur un pari : celui de la hausse du prix de l'électricité dans les années à venir. Plus l'électricité du réseau coûte cher, plus vous aurez intérêt à ne pas l'acheter à un fournisseur !
“En général, on utilise une hypothèse assez consensuelle et conservatrice d'une hausse du prix de l'électricité de 2%, détaille Mélodie de l'Épine. Évidemment, si le prix augmente en fait de 5%, alors l'autoconsommation devient d'autant plus intéressante.”
Bien sûr, pour que votre investissement reste valable, il convient de comparer les devis des installateurs et de ne pas croire aux profits mis en avant par les démarcheurs. N'hésitez pas à jeter un coup d'œil à nos conseils pour éviter les arnaques !
Pour aller plus loin
Pour en savoir plus sur les frais d'installation et de raccordement au réseau ainsi que sur les impôts et taxes liés à vos revenus sur le solaire, consultez ce guide pratique de l'Ademe.