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TRI - Au-delà du challenge, le minimalisme est devenu pour certains un mode de vie : désencombrer pour mieux respirer !

Un week-end entier à ranger sa maison. Deux jours pleins à trier, organiser, jeter. Et au bout, toujours le même sentiment : celui d'être submergé par une masse d'objets inutiles. Pour David Michael Bruno, c'est le déclic. Proche de la quarantaine, cet Américain installé à San Diego, en Californie, a besoin d'un changement radical. Il se lance alors un challenge : vivre avec 100 objets, pas un de plus.

Son objectif : se détacher de la société de surconsommation. Ce qui ne veut pas dire se mettre en marge de la société, bien au contraire.

Pendant un an, le père de famille tient un blog, pour fixer ses règles et partager ses interrogations avec les internautes. Il tâtonne, décide d'exclure de sa liste les biens partagés avec ses enfants et sa femme, comme le canapé du salon. Fait des regroupements (tous ses caleçons comptent comme un seul objet). Et finalement, parvient à descendre à 90 objets en quelques mois.

L'expérience, insolite, est relayée dans les médias du monde entier, et fait des émules.

C'était en 2008. Six ans plus tard, le minimalisme continue de séduire, y compris en France. Mais faut-il vraiment se limiter à 100 objets pour vivre plus léger ?

Désencombrer sans compter

La blogueuse française Aemi, 38 ans, s'est inspirée d'une liste toute faite, établie par l'essayiste Dominique Loreau, dans son livre 99 objets nécessaires et suffisants (Flammarion, 2011).

"Pour une personne seule, je pense que c'est tout à fait faisable", estime-t-elle. Mais avec deux enfants à la maison, et après trois ans de désencombrement, elle compte plutôt entre 300 et 350 objets chez elle.

Ne pas oublier sur la liste des indispensables : quelques plantes.

Ne pas oublier sur la liste des indispensables : quelques plantes. © 100objets.blogspot.fr

Séverine, 43 ans, qui tient également un blog sur le sujet, n'a jamais fait le compte de tout ce dont elle s'est séparée. Mais elle réussit l'exploit d'être minimaliste avec 6 enfants, dont 4 qui vivent encore avec elle. Simplement, pour Noël, elle leur demande ce dont ils pensent avoir besoin, sans les tenter avec un catalogue de jouets.

Ces deux derniers mois, elle s'est lancée dans un nouveau défi : le minsgame, un jeu qui fait fureur auprès des minimalistes. Le principe : le 1er jour du mois, on se débarrasse d'un objet, le 2e, de deux objets... et ainsi de suite. Jusqu'à se séparer de 30 objets le 30e jour.

Moins difficile qu'il n'y paraît, puisque les chaussettes orphelines et les tickets de caisse perdus au fond du sac comptent aussi. Aucun risque de se retrouver avec un appartement vide, il y a finalement toujours de nouvelles choses qui rentrent chez soi.

Première question à se poser avant de se débarasser d'un objet : est-ce qu'il m'appartient ? Pour les autres questions, découvrez notre test !

Le minimalisme est donc un processus "très long, mais irréversible", estime Aemi. "Une fois qu'on y a goûté, impossible de revenir en arrière."

Gagner du temps et de l'énergie

Car chaque chose dont on se sépare libère de la place dans sa maison... et dans sa tête. Premier bénéfice cité par les minimalistes : le gain de temps. Pour faire le ménage, pour ranger la chambre des enfants... et pour s'habiller le matin, quand le choix dans la penderie est limité !

Julie, 20 ans, a ainsi aménagé un foyer qui lui ressemble et lui permet de se recentrer sur l'essentiel. "En allégeant son appartement on se détache des biens matériels, et on peut se focaliser sur des choses plus concrètes, tel que son métier ou sa vie personnelle", justifie la jeune femme, qui expose elle aussi son cheminement sur son site.

Aucune raison de se retrouver dans un intérieur vide et triste pour autant, même si chez les minimalistes, les murs sont souvent d'un blanc... reposant.

La blogueuse Mino, 32 ans, insiste pour sa part sur l'aspect esthétique. "Un vrai minimaliste ne garderait peut-être pas un vase chez lui, mais mon minimalisme à moi ne se limite pas aux objets utiles, on a besoin de beauté dans la vie !"

Se servir du virtuel pour se passer du matériel.

Se servir du virtuel pour se passer du matériel. © doitforthemermaids.blogspot.fr

Finalement, à chacun de définir les contours de sa vie plus simple. Avec le recul, David Bruno lui-même considère que le nombre est surtout symbolique : "Si les gens se concentrent trop sur l'objectif des 100 objets, ils deviennent aussi obsédés par le matériel que s'ils en possédaient 1 000."

 Conseils des blogueurs pour bien désencombrer :
-  Faire le tri par "aire géographique" chez soi (une pièce, un placard, une étagère...).
- Pour les objets dont on hésite à se séparer, les mettre de côté pendant un mois. Si on n'y a plus pensé, c'est qu'ils ne nous manqueront définitivement pas !
- Acheter des articles de rangement... seulement quand on a fait le tri (pour être sûr qu'ils soient adaptés).
- Profiter d'un déménagement comme d'un nouveau départ.
- Penser à donner, vendre ou recycler ses objets, plutôt que de jeter.

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