Lisa Hör - Publié le 13 novembre 2018
TRAVAUX - Comment savoir si un mur est porteur ? Quel est le prix pour créer une ouverture dans un mur porteur ? Doit-on demander l'autorisation de la copropriété ? Tout ce que vous devez savoir !
Comme son nom l'indique, un mur porteur porte la charge de la maison ou de l'immeuble. C'est bien pour cette raison qu'il n'est pas question de l'abattre ou même d'y faire une ouverture à la légère !
Si vous voulez vous lancer dans de tels travaux, par exemple pour créer une cuisine ouverte, il faudra étayer, c'est-à-dire mettre en place des poutres et poteaux pour prendre le relai et soutenir la structure du bâtiment.
Voilà tout ce que vous devez savoir avant de lancer ces gros travaux.
Comment reconnaître un mur porteur ?
On dit souvent que pour connaître la nature d'un mur, il faut toquer dessus : s'il sonne creux, ce serait une cloison. Sauf que cette méthode n'est pas infaillible ! “Un mur plein, et donc porteur, peut avoir plaqué avec des plaques de plâtre et sonner creux”, prévient Stéphan, vendeur expert bâti au Castorama de Chambéry.
L'épaisseur du mur est un bon indicateur, mais ne permet pas non plus d'être catégorique.
"Quand il fait plus de 15 cm d'épaisseur, le mur a forcément un rôle structurel, quand il fait moins de 10 cm, c'est une cloison. Entre les deux, la question peut se poser", explique Nicolas Sallavuard, architecte et fondateur de l'agence Studio d'Archi.
Pour en avoir le cœur net, plusieurs options :
- consulter les plans du logement, où les murs porteurs apparaissent forcément,
- faire appel à un-e architecte diplômé d'État, qui saura reconnaître les murs porteurs en fonction de la disposition de l'appartement,
- vous rendre dans le CAUE le plus proche de chez vous (Conseil d'Architecture, d'Urbanisme et de l'Environnement), les consultations sont gratuites,
- faire appel à un-e ingénieur-e structure qui pourra sonder les murs.
Peut-on abattre un mur porteur soi-même ?
Les expert-es interrogé-es sont catégoriques : pour abattre ou ouvrir un mur porteur, il est fortement conseillé de faire appel à des pros.
Affaissement du plancher de l'étage supérieur, apparition de fissures, affaiblissement de la structure,fragilisation de la charpente de toit si le mur porteur est au dernier étage… les risques sont importants.
Comme l'explique Laure Groznyk, architecte conseil au CAUE de la Manche, il faudra mettre en place, :
- un linteau, s'il s'agit simplement de créer une porte,
- des poutres en acier, en bois ou en béton,
- des poteaux de charge, en béton ou en pierre, de chaque côté des poutres.
Cela ne se fait pas au hasard : la charge à reprendre, le nombre et la dimension des poutres doivent être calculés. Pour cela, le mieux est de faire appel à un-e architecte ou directement à un-e ingénieur-e structure.
Mieux vaut ensuite confier la réalisation des travaux à une entreprise de maçonnerie. Vous pourrez ainsi bénéficier de la garantie décennale en cas de malfaçons.
Attention, dans une maison ou un immeuble ancien, même une cloison peut être devenue semi-porteuse avec le temps. C'est pourquoi Anne-Aurélie Vincent, architecte et fondatrice de Pixel Architecture, recommande de faire appel à une entreprise de maçonnerie qui prendra ses précautions au moment d'abattre la cloison.
Combien cela coûte-t-il de faire abattre un mur porteur ?
Côté budget, comptez entre 1000 et 1500 euros du mètre linéaire pour faire ouvrir un mur porteur par des artisans, selon Laure Groznyk.
Quant au bureau d'ingénierie, même si tout dépend du projet à évaluer, il facture rarement plus de 1000 euros, selon Anne-Aurélie Vincent.
Qui prévenir avant d'abattre un mur porteur ?
Si vous êtes locataire, impossible de faire quoi que ce soit sans en parler avec votre propriétaire.
Mais si vous êtes propriétaire d'un appartement ou d'une maison en copropriété, vous ne pouvez pas non plus faire ce que vous voulez. “Les murs ne vous appartiennent pas, ce sont des parties communes”, explique Aurélie-Anne Vincent.
Il vous faut donc demander l'autorisation de la copropriété avant d'abattre ou d'ouvrir un mur porteur, en assemblée générale ou en assemblée exceptionnelle.
Aurélie-Anne Vincent recommande de demander à un-e architecte de monter un dossier expliquant ce qui va être cassé et comment. “Il faut aussi s'engager à faire venir un-e ingénieur-e structure et une entreprise qui a les compétences et est couverte par une garantie décennale”, complète-t-elle.
Comment vous protéger en cas de dégâts ?
Faire appel à une entreprise vous permettra de faire jouer la garantie décennale, si par exemple des fissures apparaissent suite aux travaux.
Si vous habitez en appartement ou dans une maison mitoyenne, Aurélie-Anne Vincent conseille également de faire faire un référé préventif par un huissier ou une huissière. Il s'agit de constater les fissures déjà existantes dans le logement des voisins.
En cas de litige suite à vos travaux, vous pourrez vous appuyer sur ce document pour vérifier que vous n'êtes pas responsable des fissures.