Lisa Hör - Publié le 28 novembre 2016
TÉMOIGNAGE - Karin prouve qu'il est possible de vivre son rêve de micro maison nomade avec deux enfants, sans perdre sa bonne humeur !
Karin Zurbrügg a troqué les 100 m2 de son appartement contre les 20 m2 d'une tiny house, une mini maison sur roues, posée aux pieds du Jura suisse. Un changement de vie radical, d'autant plus que la jeune femme partage ce petit espace avec ses deux enfants.
Pour dormir, Amélie, 9 ans, et Noah, 11 ans, ont chacun leur mezzanine de 4 m2, ouverte sur le rez-de-chaussée. Certes, ils passent la moitié de la semaine et un week-end sur deux chez leur père, où ils disposent chacun d'une "vraie" chambre.
Mais cela fait tout de même 3 à 5 jours par semaine, à cohabiter à 3 (voire 4, avec Anakin le chat) dans une seule pièce !
"Je suis sûre que ce serait possible de vivre comme ça à plein temps", affirme même Karin, en faisant le bilan par téléphone, 6 mois après leur emménagement. Son enthousiasme a de quoi inspirer tous ceux qui rêvent d'une tiny house mais se raisonnent, en pensant qu'elles sont réservées aux célibataires ou aux couples sans enfants.
Une vie simple par choix
Ce nouveau type d'habitat, né aux États-Unis, promet la liberté de transporter sa maison nomade sur les routes, et une vie plus simple, recentrée sur l'essentiel. C'est cette philosophie qui a séduit Karin, la première en Suisse, à sa connaissance, à tenter l'expérience, en achetant sa tiny house l'équivalent de 55 000 euros.
À 41 ans, elle n'a pas hésité à se séparer d'une partie de ses objets, en ayant le sentiment de faire de la place dans sa vie pour de nouvelles opportunités. Mais qu'en est-il de ses enfants ?
"Ma fille était super excitée par l'idée, raconte-t-elle. Mon fils, lui, avait un peu d'appréhension, il n'aime pas trop le changement... Mais une fois qu'il a emménagé, il a tout de suite aimé."
Eux aussi ont dû faire du tri dans leurs affaires, même si pouvoir stocker vêtements et jouets chez leur père facilite les choses.
Un concentré de bonne humeur
Karin appréhendait surtout qu'il y ait plus de disputes à cause du manque d'espace. "Finalement, c'est le contraire, c'est épatant", s'exclame-t-elle. La promiscuité oblige à résoudre les conflits tout de suite.
Impossible de s'isoler dans un coin pour faire la tête. "Mon fils essaie parfois, mais très vite il y a une interaction avec l'un d'entre nous, on fait une blague et c'est fini !"
"Le matin, ils lancent "bonjour en bas, bonjour l'autre côté". C'est trop chou de voir leurs petites têtes dépasser de leurs mezzanines", poursuit-elle, le sourire dans la voix.
Cette maison aux dimensions réduites a rapproché les frères et s?urs au point qu'ils réclament d'aller dormir "chez l'autre”, ensemble dans la même mezzanine.
Un rideau ou une nouvelle mezzanine
Au quotidien, c'est parfois un peu compliqué de préparer les repas, avec les échelles qui empiètent sur la cuisine, et Noah ne serait pas contre un rideau devant sa mezzanine.
Mais lui et sa soeur se sont habitués à ranger au fur et à mesure pour ne pas encombrer l'espace, et font tranquillement leurs devoirs sur la table à manger ou sur leur lit.
"Le matin pour se préparer, c'est parfois un peu chaotique, mais ça l'était aussi avant", plaisante Karin.
Elle dit n'avoir jamais le sentiment d'étouffer dans la tiny house. Si elle se pose des questions sur la façon dont ils vont passer l'hiver suisse, entourés de neige, elle se rassure rapidement : payer un petit loyer, 100 euros par mois pour le terrain, lui donne la possibilité de faire d'autres activités à l'extérieur avec ses enfants.
Rien ne lui ferait regretter son ancien appartement, d'autant que son nouveau compagnon, qui a son propre studio et passe de temps en temps le week-end avec eux, est lui aussi conquis.
"On voudrait habiter ensemble, mais pas de façon classique. Les enfants pourraient vivre dans notre tiny et nous, on en aurait une autre à côté !", imagine-t-elle en riant.
Le casse-tête : trouver une commune accueillante
Malgré tout, quand on est fait partie des pionniers, la situation n'est pas toujours simple. À la fin du mois d'octobre, alors que son autorisation pour stationner sur un terrain de la commune de Saubraz arrivait à expiration, la mairie lui a refusé de s'installer plus durablement sur un autre terrain du village.
Raison invoquée : sa maison est à mi-chemin entre la caravane et le chalet, deux types d'habitations qui ne sont pas autorisés par la commune... Sa tiny house est la toute première en Suisse et le droit ne s'est pas encore adapté.
Karin a donc dû partir en recherche d'une nouvelle commune d'accueil. Mi-novembre, elle vient tout juste de trouver une place sur un camping jusqu'à cet été, "dans un cadre magnifique" et auprès de personnes "très accueillantes".
De quoi passer un hiver agréable, en attendant de peut-être devoir reprendre la route en juillet. Plus que la cohabitation, le vrai défi des tiny houses reste la question de l'emplacement.