Marie Tétrel - Publié le 2 avril 2021
CHANGEMENT-DE-VIE - Élodie a réalisé son rêve d'enfant, vivre dans un van. Elle a tellement aimé le chantier, qu'elle en a fait son métier !
Élodie a passé ses vacances sur la côte basque. Ses souvenirs d'enfant sont peuplés de plages et de vans, habités par des surfeurs cools qui chassent la vague parfaite. “J'aimerais un jour vivre comme eux, dans un van”, pensait-elle, sans croire une seconde qu'elle pourrait vraiment devenir, une fois grande, une vanlifeuse.
Adulte, elle adopte un style de vie tout à fait ordinaire, très loin de son rêve de gosse. Un appartement, des boulots, notamment de maquilleuse ou de conseillère en image dans la mode. Rien à voir avec la vie de baroudeuse à laquelle elle aspirait étant plus jeune.
Début 2019, alors qu'elle a signé un contrat d'intérim pour un job qui ne l'intéressait pas, elle décide de tout envoyer valser. En quelques mois, elle démissionne, aménage un van et part faire de l'humanitaire en Afrique. Une nouvelle vie sur la route, dont elle s'est inspirée pour créer son métier lorsqu'elle est rentrée de voyage. Élodie a choisi de devenir décoratrice d'intérieur, spécialisée dans l'aménagement de vans. Une drôle de reconversion qu'elle nous raconte.
Un changement de vie radical
“J'ai toujours cherché un travail où je ne m'ennuie pas. Mais parfois, j'ai dû faire des boulots alimentaires qui ne m'intéressaient pas”. Début 2019, alors qu'elle travaille en intérim dans l'orthopédie, c'est le déclic. Les journées sont longues, son poste n'est pas vraiment passionnant. En surfant sur le net, elle tombe sur les photos d'un van aménagé. Et puis elle se souvient de ce qu'elle s'était dit étant enfant, “pourquoi je ne réaliserais pas ce rêve de vivre dans un van ?”.
Deux mois plus tard, elle quitte son job, trouve son véhicule, un Fiat Ducato L3H2. La réflexion est courte, la jeune femme, alors agée d'une trentaine d'années, est décidée. C'est le moment de se lancer dans l'aventure, de changer sa routine. Elle rend son appartement, aménage son van toute seule. Avec d'autres vanlifers, elle prend la route, direction l'Afrique en décembre de la même année, pour distribuer des jouets aux enfants. Un projet écourté, lorsque l'épidémie de Covid-19 la force à rentrer en France, en mars 2020.
Pour autant, Élodie ne souhaite pas retourner à sa vie d'avant. Forte de cette nouvelle expérience, elle veut mêler son nouveau mode de vie à sa carrière professionnelle. Le projet est né : elle va accompagner d'autres vanlifers à aménager leur véhicule.
Accompagner les travaux des autres
“J'ai eu pas mal de réflexions sur mon choix de carrière : je suis une fille blonde aux yeux bleus, les gens me pensaient superficielle, alors forcément, quand on fait des travaux, ça peut heurter certaines personnes”. Mais Élodie s'en fiche : elle n'a rien à prouver. Et elle s'amuse de ceux qui la dévisagent, quand elle conduit Citrouille, son gros van. En ce qui concerne ses compétences techniques, elle a tout appris, seule, notamment sur Youtube ou sur des blogs dédiés aux travaux. Car avant d'aménager son tout premier van, le sien, elle n'avait construit qu'un meuble pour ranger ses chaussures. “Il ne faut pas s'interdire de se lancer dans un projet si on ne sait pas faire, tout s'apprend”.
Depuis quelques temps, elle propose donc ses services pour accompagner celles et ceux qui souhaitent goûter à la liberté sur la route. Elle imagine les meubles, installe l'isolation, le chauffage pour respecter les normes. On peut d'ailleurs découvrir ses premières réalisations sur son compte Instagram @lesvanettes. Dernier chantier en date : l'aménagement du van de la Youtubeuse Little Gypsy. “On bricole ensemble, en fonction des compétences de mes clients je donne des tâches plus ou moins compliquées”.
Prochainement, elle compte s'installer dans un local pour proposer une expérience plus complète. Une petite caravane sera mise à disposition des bricoleurs afin de les immerger dans le monde de la vanlife responsable. L'endroit accueillera aussi des animaux, un potager… “Vivre dans un van est de plus en plus à la mode. Mais les gens ne respectent pas forcément les spots, les polluent et ceux-ci ferment, les uns après les autres, à cause de l'incivilité de certains”. Élodie souhaite ainsi profiter du temps de la rénovation pour sensibiliser les futurs baroudeurs.