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TRAVAIL DE TITAN - Non, le container n'est pas un habitat fruste et minimaliste, il peut aussi devenir la matière pour construire une maison pratique et confortable.

Ils sont fous ces Bretons ! A la force de ses seuls bras, Killian Chastel a construit sa maison à partir de six anciens containers. La photo de l'avant-après donne un bel aperçu du travail colossal qu'il a fallu accomplir pour arriver à cette imposante maison de 140 m², située dans les Côtes d'Armor.

Mais comment ne pas baisser les bras devant une telle montagne ? "Je me suis dit que c'était juste un gros Lego mécanique et qu'il suffisait de tout assembler", nous répond le jeune homme de 30 ans à peine. "Il suffit de..." Certes. N'empêche que le chantier a réclamé un an et demi de labeur à Killian, qui travaille par ailleurs dans le bâtiment comme menuisier et chaudronnier soudeur.

Après sa première journée de boulot, Killian en commençait donc une seconde, de 19h à minuit ou une heure du matin. Il y a passé aussi ses vacances et ses week-ends, et "quelques nuits blanches vers la fin du projet". Bref, "on n'a pas de vie pendant ce temps là, reconnaît-il. La seule activité qu'on s'autorisait avec ma femme, c'est qu'on chinait les vieux meubles dans les brocantes le dimanche, comme les portes en persiennes qu'on a mises à l'étage".

MYRAL © FREDPIEAU

Un choix plus économique ?

Si notre ami breton refuse de communiquer le prix global que lui a coûté sa maison, "car ça dépend de trop de critères, ça n'aurait pas vraiment d'intérêt de comparer", il est certain que l'équivalent dans le marché immobilier traditionnel lui aurait coûté trois fois plus cher. Attention, ce n'est pas tant le container - qui se négocie à des prix variables - que l'autoconstruction qui permet d'économiser des sous !

Mais alors, si fabriquer en container ne permet pas spécialement de gagner de l'argent, pourquoi choisir ce type de construction ? "Je ne sais pas faire la maçonnerie, nous répond Killian, ça ne m'attire pas, donc il fallait choisir soit une ossature bois, soit une structure métallique. Le bois, j'ai abandonné car trop monotone et déjà vu, et ça demande beaucoup d'entretien. Du coup, la solution métal s'est imposée, et je me suis tourné vers le container. Ça se fait au Canada ou en Scandinavie, des pays très froids, la preuve que l'armature en métal peut s'isoler !"

Des containers de 2,5 m x 12 m mais faciles à utiliser

Pour fabriquer sa maison, Killian a donc choisi de faire venir six containers depuis Rennes, à quelques dizaines de kilomètres de chez lui. Ils font chacun 2,5 m de large sur 12 m de long. "Je voulais des containers propres, détaille-t-il, pas tout neufs, mais en état de pouvoir aller avec le projet. Je les ai vus seulement une fois livrés ! J'ai constaté qu'il y en avait deux plus abîmés, je les ai mis sur la partie haute, c'était pas gênant." C'est un grutier qui l'a aidé à les poser sur son terrain. "Je les ai posés bruts, et j'ai tout coupé à la meuleuse, en tout j'ai retiré 3,5 tonnes de métal en ouvertures de porte, de fenêtres, de trémie..."

Trois containers forment la partie basse, où l'on trouve aujourd'hui le salon, la cuisine, une salle de bains et deux chambres, deux autres composent la partie haute, avec une autre chambre et une autre salle de bains, et un dernier est transformé en garage.

D'après Killian, les containers ne sont quasiment pas contraignants, il faut juste connaître leur dimension et s'adapter. Avec un peu de chance, vos calculs seront même plus faciles : "Le bardage utilisé sur la partie basse de la maison, c'est des multiples de 50 donc sur 12 m, ça fait pile-poil le nombre de panneaux. Idem pour les fenêtres, qui font 2 m, ça rentre parfaitement." Autre petit impératif, le vide sanitaire de 15 cm entre le plafond d'un container et le plancher d'un autre. "J'ai isolé cet espace pour amoindrir le coût du chauffage et j'ai posé un plancher en bois et du parquet comme une maison traditionnelle."

MYRAL © FREDPIEAU
MYRAL © FREDPIEAU
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Une isolation par l'extérieur performante

Dernier sujet important pour finaliser la maison : l'isolation ! On le sait, le métal conduit aussi bien le chaud que le froid, il est donc primordial de bien réfléchir en amont à ses dépenses en énergies. Killian a même fait une étude thermique avant d'avoir le permis de construire, qui l'a convaincu d'isoler par l'extérieur. Ainsi, la structure en métal n'est pas exposée à la condensation et ne risque pas l'usure au contact de l'air.

"Pour isoler la partie basse, j'ai utilisé des panneaux en mousse avec deux feuilles d'alu de chaque côté pour pas de déperdition, détaille le menuisier, puis j'ai fait un tasseautage en bois pour fixer une finition qui rajoute une isolation et un aspect zingué à l'ensemble. En haut, c'est du bardage bois, car on est fan des maisons landaises." 

A cette isolation extérieure s'ajoutent d'autres avantages : les fenêtres ont toutes été percées côté sud et sud-ouest, et la hauteur sous plafond fait 2,38 m, une dimension plus facile à chauffer sans perdre en confort pour autant. La maison est chauffée à l'électricité et la facture finale n'est pas très élevée : "On paye 80 euros par mois en moyenne, indique Killian, et il fait 21 degrés dans la maison en permanence."

C'est donc une maison tout confort qui accueille désormais Killian et sa femme Camille. Les photos de l'intérieur dévoilent aussi des chambres et un salon super cosy, loin d'une décoration minimaliste et froide. Îlot central dans la cuisine, vaste bibliothèque, verrière dans la salle de bains, baie vitrée, luminaires suspendus... la maison a de quoi faire des envieux ! D'ailleurs, sa réussite a donné des idées à Killian : "Maintenant, j'ai envie de faire encore de nouvelles maisons en containers, mais pour les autres !" Avis aux amateurs, ils peuvent contacter Killian sur son compte Instagram.

MYRAL © FREDPIEAU
MYRAL © FREDPIEAU
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