Matthieu M. - Publié le 29 octobre 2020
ECOLO - Fanny Moritz se lance dans le Slow Tiny Tour pour organiser des ateliers zéro déchet partout en France.
Alors que certains se demandent comment installer de manière permanente leur tiny house sur un terrain, Fanny Moritz, 32 ans, a plutôt l'intention de la faire voyager. Cette conférencière spécialiste du zéro déchet et de la transition écologique souhaite se lancer dans un tour de France à bord de cette petite maison sur roues.
Mais pas question de faire du tourisme en se contentant de profiter du paysage, car Fanny Moritz part en croisade. Pendant ce tour de l'hexagone, la trentenaire souhaite mettre sa passion pour l'écologie au service des autres. Elle nous explique : “l'objectif est de pouvoir sensibiliser un maximum de personnes à la réduction des déchets, à l'empreinte carbone et à promouvoir l'habitat alternatif.”
Et justement pour ne pas augmenter son empreinte carbone pendant ce tour de France, Fanny compte mettre en place un tour en mode “slow”, lent en français. “Je n'ai pas envie de trop polluer en tractant la tiny, alors l'idée est de pouvoir s'arrêter un mois dans chaque région”, précise-t-elle. D'où son nom, le Slow tiny tour.
“Je ne sais ni changer une ampoule, ni même monter un meuble”
Bien que l'itinéraire ne soit pas encore fixé, la conférencière connaît déjà les grandes étapes de son périple : Lille, l'Alsace, la Haute-Savoie et Nantes. Mais pas question de se précipiter car il reste encore beaucoup de travail à la jeune femme. En effet, la tiny house n'est pas encore construite. Elle le reconnaît : “je ne sais ni changer une ampoule, ni même monter un meuble.” Pourtant, Fanny Moritz se lance sans crainte dans l'aventure de l'autoconstruction.
Et la bonne nouvelle c'est que les plans sont prêts. L'intérieur de la tiny house répondra aux exigences du feng-shui et du bioclimatisme. D'une superficie de 16 m2, la tiny house de Fanny Moritz est pensée pour accueillir du monde, “entre 8 et 10 personnes”, une condition indispensable pour réaliser les ateliers zéro déchet et organiser des visites dans sa future maison mobile.
Car en plus d'en faire un lieu de vie confortable, la conférencière zéro déchet veut que sa tiny soit un modèle d'écologie de transition écologique. Isolants écolo, toilettes sèches, système de récupération d'eau de pluie et même frigo du désert : la tiny house de Fanny sera un condensé de tout ce qui se fait de mieux en matière d'habitat écologique.
Fanny a eu du mal à trouver des informations précises afin de savoir comment construire étape par étape une tiny house. “Quand j'ai voulu me renseigner, la seule chose que j'ai trouvé ce sont des vidéos Youtube. Je n'ai pas envie de perdre du temps à regarder pendant des heures des vidéos pour savoir comment poser un sol”, souligne-t-elle, en rappelant que le streaming vidéo a un impact lourd sur l'environnement.
C'est pourquoi, grâce aux informations qu'elle va glaner auprès de sa famille et de ses amis, ainsi que de sa propre expérience, Fanny Moritz compte créer un site internet qu'elle mettra à disposition pour tou-tes celles et ceux qui souhaitent construire leur tiny house.
Quitter une vie à Hong Kong pour réduire son empreinte carbone
En attendant de se lancer dans la construction en janvier 2021, Fanny Moritz vit chez ses parents. Cette ancienne développeuse de site internet, a quitté Hong Kong suite à un déclic écolo en 2016. “Avant cela, je pensais faire mon maximum pour la planète. Je fermais les fenêtres quand il faisait froid, je ne prenais pas de bain, je triais mes déchets”, se souvient-elle.
Mais un jour de 2016, la jeune femme découvre la papesse française du zéro déchet, Béa Johnson. “Elle m'a fait me remettre en question. Si avec sa famille, elle peut réduire ses déchets et les faire tenir dans une jarre, moi aussi”, se rappelle-t-elle. Suite à cela, Fanny lance un site e-commerce depuis Hong Kong spécialisé dans les produits zéro déchet.
Mais rapidement, elle prend conscience que cela ne correspond pas à ses nouvelles valeurs. “J'en avais marre de devoir vendre pour vivre. Bien que les produits étaient zéro déchet, les gens continuaient à surconsommer. Ca m'a pris aux tripes, je me suis dit qu'il y avait quelque chose à faire au niveau de l'éducation”, indique-t-elle.
Cette écolo convaincue interroge aussi son mode de vie en Asie : “mon empreinte carbone était grande à cause de mes trajets en avion, de ma nourriture importée sur place”, reconnaît-elle. C'est ainsi qu'elle décide de rentrer en France, pour consommer local et être en accord avec ses convictions vertes. Et après 8 années de vie à Hong Kong, passées dans de tous petits appartements en colocation, la perspective de vivre dans une tiny house ne lui fait pas peur.
Aujourd'hui, Fanny gagne sa vie en donnant des conférences en entreprise pour sensibiliser les collaborateurs à la transition écologique. Elle gagne moins d'argent, mais elle est plus heureuse. Il faut toutefois financer les 30 000 euros de la construction de la tiny house. Bien qu'elle compte financer une partie avec ses fonds propres, la conférencière a lancé une campagne de financement participatif pour réunir 5000 euros qui serviront à acheter la remorque de la tiny house.
Si tout se passe comme prévu, le tour de France de Fanny devrait commencer pendant l'été 2021. Peut-être passera-t-elle près de chez vous !