Lisa Hör - Publié le 8 janvier 2021
VOYAGE - Mia et Nabin sont partis de Strasbourg pour rejoindre les Philippines. Dans leur camion, ils emmènent des voyageuses étonnantes.
Chaque fois que Nadin et Mia passent une frontière au volant de leur camion, les douaniers n'en reviennent pas. Non pas parce que la jeune femme est au volant (quoique !). Mais parce qu'à l'intérieur, dans la partie aménagée en habitation, ils découvrent plus d'une centaine de plantes.
Le contrôle se termine alors en visite guidée parmi les pots : des cactus principalement, collectés sur la route, comme souvenirs et compagnons de voyage. "Aucun des douaniers rencontrés jusqu'ici, ou que l'on croisera sur notre chemin jusqu'aux Philippines, ne pourra dire qu'il a vu un camion avec autant de plantes", s'amuse Mia.
Le couple, parti de Strasbourg à la suite du premier confinement et actuellement en halte en Grèce, nous fait découvrir son quotidien dans cette jungle mobile. Et nous raconte comment ils cohabitent dans 20 m² avec autant de plantes (plus deux chiens et deux chats).
Ces plantes ne sont pas à vendre !
Pendant le trajet, la plupart des pots sont groupés au sol, dans la partie aménagée en salon à l'arrière du camion. Dès qu'ils le peuvent, Mia et Nadin les sortent, sur la plateforme à l'arrière du camion, pour les exposer au soleil.
Une installation qui leur attire la curiosité et la sympathie. "Beaucoup de monde vient nous demander si on les vend, raconte Mia. Les camions aménagés, les gens ont l'habitude, c'est à la mode. Les gens sont quand même impressionnés par le camion, mais ils viennent d'abord pour les plantes... C'est vrai qu'elles sont très belles !"
Surtout, elles ont toutes une histoire. "On a un cactus qui vient de Sainte-Marguerite, en face de Cannes. C'est l'île où était emprisonné l'homme au masque de fer. Mia a ramassé un petit bout de cactus dans la prison", illustre Nadin.
C'est elle qui lui a transmis l'amour des plantes tout comme le goût du voyage. "Elle voyage depuis 10 ans, en stop puis en caravane, puis en camion. Elle est tombée en panne à Strasbourg, c'est comme ça qu'on s'est rencontré, se souvient-il. Moi, la vie sédentaire m'allait bien, après avoir vécu en Afrique pendant mon enfance. Au final, elle m'a convaincu de la beauté d'une vie nomade."
Voyager loin de la routine
Le meilleur argument de Mia, ce sont les surprises au quotidien : "Avoir une maison, ça veut dire voir le même paysage et les mêmes personnes tout le temps, avoir les mêmes conversations, la routine. Quand on voyage, à chaque fois qu'on ouvre la porte, on a un jardin différent devant soi."
Les deux amoureux sont on ne peut plus différents l'un de l'autre, elle pas très nouvelles technologies, lui plutôt geek, comme ils le montrent avec humour dans cette vidéo ci-dessous. Mais ils se font découvrir à chacun leur univers.
Grâce à Nadin, Mia s'est mise à Instagram, avec le compte @wanderingtrotters. "Ça m'a fait quelque chose au cœur, le retour et l'amour des gens à chaque story. On leur donne de l'air ! Ça m'a fait me rendre compte de la chance qu'on a de pouvoir avoir les pieds sur le sable, d'être libre", raconte-elle.
Ils ne reçoivent que des commentaires enthousiastes sur leur aventure. Il faut dire que tous les deux respirent la joie de vivre. Leur gentillesse passe même à travers Skype quand on les appelle pour cette interview, à 21 heures, avec une bonne demie-heure de retard !
Le couple va bientôt publier ses premières vidéos sur sa chaîne YouTube, et espère pouvoir en tirer un revenu, qui avec leurs économies de ces dernières années, financera leur voyage.
Le diesel pour leur camion leur coûte 300 à 400 euros par mois s'ils roulent 1000 km. Ils ont peu de frais à côté : ils sont autonomes en électricité grâce à leurs panneaux solaires, et la nourriture leur coûte moins cher qu'en France.
Beaucoup de lumière pour les plantes
Un conseil pour ceux et celles qui n'ont pas forcément la main verte ? "Les plantes, c'est simple, elles ont besoin d'amour, d'attention, d'eau et de lumière", explique Mia. De l'attention, elles en ont avec eux, c'est sûr. Ils sont capables de se lever à deux heures du matin pour rentrer les plantes à l'intérieur du camion si le vent se lève.
Forcément, c'est aussi un peu de contraintes. Impossible de rouler trop longtemps sans s'arrêter pour sortir les plantes. De toutes façons, il faut s'arrêter aussi régulièrement pour que les chats puissent sortir : "Sinon, elles deviennent folles et nous attaquent !". Les chiens, eux, bien calés dans leur couchette sous le lit, restent beaucoup plus tranquilles.
Chacun a son petit coin douillet. Des plantes sont suspendues à une grille accrochée à la porte du camion, là où il y a le plus de lumière. Celles qui supportent l'ombre sont collées sur des étagères pour ne pas glisser pendant les trajets.
Anecdotes de voyage
Leur pire souvenir : La fois où leur camion est resté bloqué sous un pont et qu'ils ont dû le faire sortir centimètre par centimètre pour éviter d'abîmer la caisse et le toit.
Leur meilleur souvenir : La chance de pouvoir voyager alors que beaucoup de gens sont confinés pendant la pandémie tout autour du monde. Pas de problème pour passer les frontières, simplement quelques tests Covid à faire.
Prochaines étapes, Istanbul, puis le sud de la Turquie, l'Iran, le Pakistan... jusqu'aux Philippines dans deux ans, sans se presser. Pour le moment, ils n'ont pas eu de difficulté particulièrement liée à l'épidémie de Covid-19, ils ont pu passer d'un pays à l'autre en faisant des tests.
Mais ils repartiront seulement quand la météo sera plus clémente. Pas seulement pour que les cactus se portent bien. "Les pays chaud, c'est plus pour moi, je suis une plante qui a besoin de soleil !", sourit Mia.