Lisa Hör - Publié le 24 octobre 2015
STEAMPUNK - Nathalie et Cyrille sont fans de steampunk. Cabinet de curiosité, cuivre et vieux poêle : leur péniche est décorée selon les codes de cet univers culturel.
Embarquer sur cette péniche de 200 m2, c'est pénétrer un monde hors du temps, oublier que l'on se trouve dans les Yvelines, au début de l'automne de cette année 2015. En regardant la fumée s'échapper de la cheminée, on pense à une machine à vapeur, du siècle dernier.
Ses propriétaires Nathalie, 33 ans, et Cyrille, 40 ans, sont passionnés de steampunk, un mouvement culturel qui signifie littéralement "punk à vapeur". "C'est un genre littéraire qui met en scène une uchronie", explique Nathalie, qui nous reçoit.
C'est-à-dire, un monde qui aurait pu exister si quelque chose, dans le cours de l'Histoire, s'était déroulé autrement. L'hypothèse sur laquelle se fonde le steampunk : "Et si le plastique n'avait pas été inventé, mais que la société avait continué à se développer ?"
L'imagination au service de la machine
La décoration de la péniche s'inspire de cet univers : beaucoup de laiton et de cuivre, une esthétique victorienne et un design industriel 19e siècle. Le bateau aurait d'ailleurs pu s'appeler le Nautilus, comme le sous-marin de Jules Verne.
Mais lorsque le couple l'a acheté, il y a cinq ans, il avait déjà un nom, qui reste dans le domaine de l'imaginaire : Le Sylphe. "C'est une fée des bois et de l'air, précise Nathalie. On adore."
Ce nom s'affiche en lettres de bois sur la porte d'entrée. Nathalie ouvre cette dernière avec précaution, pour ne pas laisser sortir ses deux molosses, deux bassets hound, aussi impressionnants que pacifiques.
À l'intérieur, on découvre une enfilade de pièces baignées par la lumière automnale. Une vaste cuisine (pas encore redécorée au goût de Nathalie), le salon (avec le poêle à bois qui produit la fumée remarquée tout à l'heure), et derrière une grille en fer forgée (qui délimite le territoire des deux chiens), le bureau de Cyrille.
Les éléments marquants du décor : une lampe de style art nouveau, une machine à écrire, et au mur, de vieux journaux, du début du 20e siècle. Autant de trouvailles dénichées sur les brocantes et dans les ventes aux enchères. Les hublots, eux, sont d'origine.
De l'autre côté du bateau, quelques marches et une porte arrondie mènent au bureau de Nathalie. La jeune femme s'est aménagé un véritable cabinet de curiosités. Artificiala, Naturalia, Exotica, Scientifica : les noms traditionnels des collections s'affichent sur les murs. Les vitrines exposent des trésors ramenés de destinations lointaines.
La péniche, elle-même, a beaucoup voyagé. "Elle date de 1923, jusqu'en 1993, elle transportait du sable", raconte sa propriétaire. Mais elle est devenue sédentaire. La dernière fois qu'elle a quitté son emplacement, c'était pour la révision décennale de la coque. Nathalie et son mari n'ont pas le permis, alors un marinier l'a pilotée jusqu'au chantier, à deux heures d'ici.
Craquements et coups de bec : apprivoiser la péniche
Qu'est-ce que ça change de vivre sur une péniche, si on ne navigue pas ? "Tout, répond Nathalie. On a l'impression d'être en vacances quand on rentre du travail. L'eau calme énormément."
Les époux n'avaient jamais envisagé de vivre sur un bateau, avant de visiter celui-ci, un peu par hasard. Cyrille a eu le coup de foudre, Nathalie a dû apprivoiser sa nouvelle demeure.
"Il y a des bruits particuliers dans une péniche. Le bois craque, quand il pleut, on a l'impression d'être sous une tente... Et puis les canards donnent des coups de bec contre la coque, détaille-t-elle. Les premières nuits, je me demandais ce que c'était, ça me faisait peur."
Aujourd'hui, elle ne s'imagine plus vivre en appartement. De toute façon, leurs amis n'accepteraient pas qu'ils déménagent : pas un week-end sans que l'un d'entre eux ne vienne passer une nuit à bord. Avec toutes ces visites, Nathalie et Cyrille auraient de quoi ouvrir un gîte...
Si cela fait bien partie de leurs projets, ce ne sera pas à bord de leur péniche. Ils ont racheté la maison la grand-mère de Nathalie, en Isère, pour monter le premier gîte steampunk en France. L'Enclave de Mr Fogg accueillera des soirées de jeux de rôle.
Une nouvelle aventure extraordinaire en vue...