Clémence Leleu - Publié le 14 août 2016
DESIGN - Trois jeunes de moins de 30 ans ont lancé Maximum. Un projet écologique qui permet de réhabiliter les déchets industriels.
Une table construite à base d'échafaudages hors d'usage, un tabouret conçu à partir de déchets de plastique et un fauteuil haut, en plastique et lattes de parquet : on ne s'imagine pas tomber nez-à-nez avec ce genre de meubles lorsque l'on pousse la porte de ce hangar d'Ivry-sur-Seine.
Cet ancien bâtiment, promis à destruction dans deux ans dans le cadre du projet Ivry Confluences, est pour le moment occupé par trois amis, Basile, Romée et Armand, les deux premiers sortis des Arts Déco, et d'études de droit puis de commerce pour le dernier.
Tous âgés de moins de 30 ans, ils ont lancés, depuis le 1er avril 2015, Maximum, une société spécialisée dans la création de meubles confectionnés à partir de déchets industriels.
“Nous travaillons à partir de déchets issus de la production en série. Nos meubles sont donc faits de matières récurrentes, avec toujours les mêmes produits. Cela nous permet à nous aussi de produire des meubles en série tout en revalorisant les déchets”, explique Armand.
Économie circulaire
Ces créations design sont placées sous le signe de l'économie circulaire, une économie fonctionnant en boucle, évitant la création de déchets. Une conception de la création qui a son importance pour les trois acolytes. “Un projet lancé aujourd'hui, qui ne serait pas responsable au sens environnemental n'est pas viable. Nous avons quand même un monde à repenser et reconstruire, donc nous voulions nous engager sur ce plan”, lance Romée.
De la recherche des déchets, à la conception, en passant par la fabrication, tout est pris en main par les trois associés. Actuellement, ils travaillent avec cinq fournisseurs, ce qui leur permet de créer trois meubles.
Fédération française d'escalade, société de plasturgie, fabricant d'échafaudage, et même Notre-Dame-de-Paris : les potentielles sources de déchets sont nombreuses. Alors, un espace dédié à ces rebuts a été créé dans l'atelier, la “déchetèque”. Ici s'entassent des combinaisons de pompiers, des tubes à essai, des extincteurs...
Bref, tout un tas d'objets pouvant potentiellement servir à la création de futurs meubles. “Même s'il y a pas mal de déchets pour lesquels nous n'avons pas de solution”, confesse Armand. “Nous sommes également tributaire de la quantité de déchets, car ce serait un comble que de demander à créer des déchets !” poursuit-il.
Ne pas sacrifier la qualité
Pour autant, créer des meubles à base de déchets n'est absolument pas synonyme de manque de qualité ni de confort. “Même si nous souhaitons réintégrer le maximum de déchets dans nos meubles, nous ne sommes pas accrochés au 100% déchets, car cela ne doit pas dispenser le meuble d'être agréable et fonctionnel”, explique Romée.
Mais pour lui, ce ne sont pas que des déchets, “Ces déchets avec lesquels nous travaillons ne sont pas de simples morceaux de matière première. Ce sont des objets qui ont été produits dans des usines françaises et qui portent en eux un savoir-faire.”
Mesurer son impact au prix juste
Depuis trois mois, Maximum s'est lancé dans la vente de ses meubles aux particuliers et aux professionnels. Lorsque l'on se rend sur leur site internet et que l'on valide son achat, la quantité de kilos de déchets sauvés s'affiche à l'écran.
Les clients ont aussi la possibilité de passer voir à l'atelier les différents meubles avant achat, afin de pouvoir se faire une idée plus précise de ce à quoi ils ressemblent.
Concernant les prix, ils ont été fixés par les trois associés, en essayant d'être les plus justes possibles. “Nous voulions garer des prix raisonnables, mais il faut garder à l'esprit que ce sont des objets faits main, à un kilomètre de Paris. Ce serait un non-sens de faire des objets trop chers, car notre mission est tout de même de vider les bennes”, confie Romée. Par exemple, pour le fauteuil haut, il faudra compter 350.
Maximum, actuellement à la recherche de distributeurs, exposera à la rentrée 2016 chez Merci, à Paris. De quoi faire rentrer des déchets dans l'un des temples de la décoration branchée de la capitale.