Eva Yoro - Publié le 21 novembre 2022
LES FEUILLES S'EN VOLT - Recycler les feuilles mortes pour produire de l'énergie, un concept séduisant pour les communes qui veulent accélérer leur transition énergétique.
Depuis 2014, la ville d'Amiens guette l'arrivée de l'automne et les premières chutes des feuilles. Période pendant laquelle les agents municipaux de la métropole sont chargés de les récupérer pour les trier puis les transformer en biogaz. Le but ? Produire de l'électricité à partir de la fermentation d'un mélange de plusieurs déchets organiques.
Puisque la loi interdit de les brûler et que les feuilles mortes qui s'accumulent au sol peuvent causer divers désagréments (chutes, pollution visuelle, avaloirs bouchés…), la ville a trouvé la solution pour nettoyer les rues, tout en les utilisant à bon escient. Chaque jour, les feuilles sont ainsi triées puis envoyées vers l'usine de méthanisation Idex. Propres, elles peuvent directement être transformées en compost. Lorsqu'elles sont mélangées à d'autres déchets (plastique, verre…), elles sont méthanisées.
Valoriser les déchets organiques pour produire de l'électricité
“On injecte la matière organique issue des feuilles dans des digesteurs, des cuves dans lesquelles il y a des bactéries, explique Gontran Delamaere, directeur de l'usine, à la rédaction du HuffPost. Elles vont dégrader pendant trois semaines la matière organique pour produire du biogaz, composé à 55% de méthane. Ce biogaz, après épuration, est valorisé sur des moteurs de cogénération, pour produire à la fois de l'électricité et la chaleur en interne sur l'usine”.
Une aide bienvenue dans un contexte où l'approvisionnement à l'étranger est de plus en plus compliqué et qui permet ainsi à 3600 foyers d'être alimentés en électricité. En réalité, les 250 tonnes de feuilles mortes ramassées chaque année ne représentent qu'une partie infime du biogaz obtenu. A elles seules, elles ne permettraient d'approvisionner que 3 ou 4 foyers. C'est associées aux 72 000 tonnes d'autres déchets verts qu'elles peuvent vraiment être impactantes.
Un intérêt économique et écologique qui revient aux particuliers
L'intérêt économique et écologique de cette méthode n'en reste pas moins notable car elle permet de valoriser les feuilles mortes et d'en faire profiter les particuliers, comme le rappelle Gontran Delamaere. “Plus on produit de biogaz et d'énergie sur l'usine, moins ça coûte cher à la collectivité en coût de traitement”.
Une initiative qui, on l'espère, inspirera d'autres grandes métropoles de France. Pour le moment, si d'autres villes comme Paris ou Metz recyclent déjà leurs feuilles mortes pour en faire du compost, la production d'électricité à partir de déchets organiques reste, hélas, une pratique encore marginale.