Lisa Hör - Publié le 22 novembre 2015
ESPACE - Cédric Thomas, astrophotographe amateur, a construit un observatoire totalement automatisé, avec un toit ouvrant. Un bijou d'ingéniosité pour des photos époustouflantes.
Dans la journée, cela ressemble à un abri de jardin classique, avec deux piliers que l'on croirait décoratifs. Mais lorsque la nuit tombe sur ce petit village d'Ardèche, le toit automatisé s'avance sur les deux poutres du fronton, et découvre une lunette astronomique. La séance photo peut commencer. Dans la ligne de mire : des nébuleuses, des comètes ou encore des galaxies, parfois à des milliers d'années-lumière de la Terre.
Pendant ce temps, le photographe, Cédric Thomas, est dans son lit à Montpellier, à deux heures de route de l'observatoire. "La nuit, généralement, on est plutôt occupé à dormir", plaisante-t-il.
Et de préciser : "Les objets spatiaux que je vise sont très lointains, ils dégagent une très faible luminosité. Une photo nécessite entre 20 et 30 heures de pose."
Pas question donc de veiller derrière l'objectif. Pour concilier sa passion pour l'astrophotographie avec sa vie de famille et son métier d'informaticien, Cédric a totalement automatisé son observatoire. Il l'a construit dans le jardin de ses parents, car le ciel, souvent dégagé, y est vierge de toute pollution lumineuse.
Le ballet se reproduit plusieurs nuits de suite. La lunette s'oriente dans la position préprogrammée et suit la rotation de la Terre, pour rester alignée sur son objectif. S'il se met à pleuvoir, le toit se referme tout seul, pour protéger les instruments.
Cédric reprend la main au moment de traiter les photos et d'ajuster les couleurs. "C'est la partie créative, explique-t-il, même si on cherche à rester le plus proche possible de la réalité."
Passion photo, astro et ... bricolo
De la créativité... C'est bien la première qualité dont Cédric a dû faire preuve pour construire son observatoire de trois mètres sur quatre. Le bâtiment, peint à la chaud à l'extérieur, et aux murs recouverts de lambris à l'intérieur, a été mis sur pied rapidement, en y travaillant tous les week-ends pendant deux mois avec son père. Mais il a fallu bien plus longtemps pour automatiser toute l'installation.
Il détaille les différentes étapes sur son blog. Cédric voulait éviter la forme en dôme, qui crée des turbulences d'air, et aurait davantage attiré l'attention des voisins. Première trouvaille et non des moindres : le toit, plat donc, se déplace sur deux rails grâce à un moteur de porte de garage.
L'autre élément essentiel est la colonne rotative en béton sur laquelle est montée la lunette d'observation. "Un espace entre le plancher de l'observatoire et la colonne permet d'éviter toute transmission de vibration", détaille Cédric sur son site.
Il a investi 3000 euros dans l'observatoire en lui-même, et entre 10 et 15 000 euros pour le matériel astronomique. Cela peut paraître beaucoup, mais la somme est dérisoire face aux 300 000 euros que dépensent d'autres passionnés. Pas de petites économies : plutôt que de payer 150 euros une chaise d'observation, Cédric conseille d'acheter une chaise pour le repassage, à 20 euros.
Autre astuce partagée sur son blog : penser à bien isoler les poutres sur lesquelles glisse le toit. À cause de l'humidité, Cédric a dû les remplacer et les protéger avec un isolant utilisé pour les raccords étanches sur les toitures.
Des conseils très terre à terre... mais il faut en passer par là pour réaliser des clichés qui font rêver !
© Cédric Thomas
© Cédric Thomas
© Cédric Thomas
© Cédric Thomas