Une hirondelle dans les tiroirs - Publié le 8 février 2022
TUTO BENE - Une vie entière dévolue à imaginer, fabriquer et partager des tutos, c'est l'histoire de Marie, qui nous raconte les coulisses de son métier.
77% des Français pratiqueraient le DIY ou le "fait maison" en français, parce que c'est économique, c'est écolo et c'est pratique ! Bref, c'est une tendance durable, et comme beaucoup de Français ne sont pas des bricoleurs nés, ils sont 43% à chercher des tutos lorsqu'ils bricolent, d'après une étude IPSOS de 2021 sur le Do It. Yourself,
Ça, ce sont des chiffres. Mais derrière cette passion pour les tutoriels se cachent des gens comme moi, qui passent leurs journées à concevoir et réaliser ces fameux tutos. Et mon partenaire le plus fidèle en la matière, c'est bien sûr 18h39, puisque nous vous proposons ensemble des tutoriels chaque mois : luminaire en bois, cadre pour vinyle, lit d'extérieur, jardinière sur roulettes, bokashi avec un seau, toilettes sèches récup'...
Aujourd'hui, avec la rédaction, on a décidé de vous montrer l'envers du décor. La préparation, l'organisation, le shooting, et même les ratés : vous saurez tout !
La conception : tout commence par une idée...
Vous ne le voyez pas, mais la recherche de nouveaux sujets est une part importante de l'élaboration d'un DIY. C'est un travail de fond que je fais avant tout au quotidien, en étant curieuse et attentive à tout ce qui peut être source d'inspiration. Un besoin chez moi, une tendance ou un produit du commerce, une technique qui me paraît intéressante à creuser ou encore un matériau que j'ai envie d'explorer, autant de points de départ possibles. Pinterest est mon plus grand support lors de cette phase, mais je note également mes idées dans un carnet, en les accompagnant parfois de croquis. Dans notre jargon, on appelle ça "faire de la pige" !
Lorsque vient le moment de valider de nouveaux sujets, je fais le tri parmi toutes ces idées et je soumets celles qui me paraissent les plus pertinentes à Florence, avec qui je travaille depuis plusieurs années et qui gère toute la partie tuto de 18h39. Nous sommes 7 à créer des tutos pour le magazine, et notre chef d'orchestre, c'est elle !
S'ensuit une série d'échanges par mail ou par téléphone pour sélectionner, modifier ou affiner mes propositions : le coût des matériaux, la méthode de réalisation, les couleurs choisies ou encore la mise en scène finale, tout est passé en revue ! Elle vient questionner mes idées et s'assure aussi de la pertinence des tutoriels par rapport à la ligne éditoriale et au calendrier des publications. Parfois, elle calme mon imagination un peu trop débordante, et parfois elle parie sur mes idées loufoques : à sa place, vous auriez osé valider les toilettes de chantier fait à partir de matériaux de récup'?
La préparation : tout doit être prêt pour le jour J !
Une fois les sujets validés et planifiés, je passe à la préparation du DIY, et notamment à la recherche des matériaux nécessaires. J'en achète bien sûr la majorité mais j'en récupère également beaucoup. Pour ce tuto en pulpe de papier mâché, j'ai ainsi fait le tour de tous les mangeurs d'œufs de mon entourage pour glaner des boîtes vides. Quant à ces torches d'extérieur, j'ai grimpé dans la forêt pour couper les branches de saule à la mini tronçonneuse. Il faut savoir donner de sa personne.
Je privilégie l'achat en magasin, mais commande également en ligne. Et si la livraison de certains éléments est très pratique lorsqu'on habite comme moi dans une petite commune, elle comporte également quelques aléas : retards d'expédition, colis perdus, point relais fantôme... Récupérer le matériel nécessaire à un tuto s'apparente parfois à une véritable chasse au trésor qui se transforme en course contre la montre pour respecter les délais prévus !
En ce qui concerne l'aspect plus technique de la préparation d'un DIY, je fais rarement de prototype complet. Toutefois, je réfléchis en amont à l'assemblage et aux différentes étapes de réalisation, et il m'arrive régulièrement de tester certaines étapes au préalable.
La réalisation du tutoriel : ce qui se cache derrière les photos
Une fois tous les matériaux en main et la batterie de mon appareil photo chargée, j'attaque la réalisation proprement dite ! L'idée est de proposer une photo pour chaque étape, afin de guider au mieux le lecteur. Les visuels doivent être les plus explicatifs possibles, et montrer non seulement l'étape en cours mais également les outils et le geste à réaliser dans certains cas.
J'ai bien sûr en tête un plan de déroulement, mais cela ne veut pas dire que cela fonctionne toujours du premier coup. La construction d'un tutoriel comporte une part d'improvisation empirique, et il m'arrive très souvent de faire de petites modifications en cours de route, car je m'aperçois par exemple que les assemblages ou les dimensions que j'avais imaginé ne sont pas optimales. Et puis, parfois, le tuto ne fonctionne pas.
Du tout.
Que le créateur de contenu qui n'a jamais loupé un DIY me jette la première pierre ! Dans ces cas-là, il faut trouver un plan B. Avec Florence, on procède alors à un brainstorming en urgence ! Pour cette réalisation, nous avons ainsi gardé le concept, à savoir un porte savon réalisé en pâte fimo, mais nous avons complètement changé la forme (je pense que la photo me dispense d'expliquer pourquoi).
Pour ce qui concerne l'esthétique des visuels, à défaut d'avoir un studio photo digne d'une superproduction, j'ai appris à manier l'art du cadrage et de la retouche. La grande majorité du temps, j'utilise donc tout simplement un fond blanc posé sur une table ou à même le sol. Et pour avoir le recul suffisant, je n'hésite pas à prendre de la hauteur. (Je prend également soin de ne pas oublier d'enfermer les animaux dans une autre pièce, normalement.)
Le shooting final : une histoire d'ambiance et de cadrage
Lorsque le DIY est terminé, reste à le mettre en scène avec de jolies photos. Et je crois que c'est sans conteste ma partie favorite : mettre en valeur le résultat de son travail, c'est un peu le moment de récompense ! Pour que la photo fonctionne, il faut que le lecteur comprenne tout de suite ce qu'on lui propose de réaliser, mais aussi qu'elle lui donne envie de le faire.
Pour cela, quelques règles simples : un décor adapté et qui donne l'échelle de l'objet, des accessoires pour venir le contextualiser sans lui voler la vedette, une jolie lumière et des angles de vue variés. J'ajoute en général quelques éléments en rapport direct avec la fonction de l'objet pour le rendre plus parlant : par exemple, pour ce lutrin de cuisine, quelques ingrédients et ustensiles, pour ce lit d'extérieur, une boisson fraîche, un plaid, et une dame confortablement installée. La dame en question, c'est moi, car à défaut de mannequin à disposition, je m'invite parfois sur les photos grâce au retardateur de mon appareil.
Alors, bien-sûr, il m'arrive de tricher un peu : non pas pour vous tromper, mais simplement parce que si je devais percer mes murs à chaque nouveau DIY à accrocher, il finirait par y avoir plus de trous que de plâtre. Parfois, je les suspends à un clou existant situé plus en hauteur et j'efface le fil en retouche, d'autres fois j'utilise des crochets adhésifs que je gomme ensuite avec mon logiciel. Il m'arrive même de réaliser des "demi-tutos" pour pouvoir ensuite avoir recours à des astuces plus ou moins académiques...
La mise en forme : retouche et écriture au programme !
D'abord, je fais un tri de mes photos (je n'en garde qu'un quart environ), puis je les recadre au format requis pour la mise en ligne. Je passe ensuite à la retouche proprement dite : j'efface les poussières, j'harmonise la balance des blancs ainsi que la lumière et les contrastes. J'ajoute également des annotations techniques sur certaines photos pour compléter le texte à venir.
Pour les photos d'ambiance, le travail est un peu plus important : on dit souvent que la première impression est décisive, il s'agit donc de vous présenter les DIY sous leur meilleur jour ! J'efface les fils d'interrupteurs, les prises, les clous ou accrocs sur les murs. Puis je retravaille la lumière, les couleurs et les ombres, bref, tous ces petits détails qui se voient peu dans la réalité mais qui sautent aux yeux au travers d'un objectif.
Lorsque tous mes visuels sont prêts, il ne me reste plus qu'à rédiger le texte : je liste les matériaux nécessaires en y ajoutant un lien d'achat pour que vous puissiez facilement vous les procurer, puis j'explicite chaque étape prise en photo en y incluant les dimensions et les détails techniques. Le tuto est maintenant prêt à être envoyé ! Mon travail s'arrête ici, et c'est ensuite la rédaction de 18h39 qui prend le relais pour le mettre en ligne en y ajoutant une introduction.
Ça y est ! Vous savez maintenant tout (ou presque) sur les coulisses de la création des tutos que vous pouvez retrouver chaque semaine ici.