Emmanuel Chirache - Publié le 2 octobre 2019
L'AMOUR DU RISQUE - Certains pensent que le four micro-ondes est un accessoire indispensable dans une cuisine. Notre journaliste s'en passe pourtant depuis dix ans.
Ado, je vivais une belle histoire d'amour avec mon four à micro-ondes. Grâce à lui, je pouvais faire réchauffer ces pâtes que j'avais laissé traîner pendant 20 minutes, trop occupé à terminer une partie de Zelda. Je pouvais faire réchauffer ce café froid de la veille lorsque j'avais la flemme d'en refaire. Je pouvais cuire ce plat préparé m'évitant la corvée de cuisiner...
Bref, on s'aimait pour la pure et simple raison que j'avais adopté un mode de vie totalement désastreux, entre paresse, malbouffe et désorganisation. Une fois jeune adulte, ce n'est pas une prise de conscience minimaliste qui m'a fait me séparer du micro-ondes, c'est tout simplement le manque de place. Il y a dix ans, j'emménageais dans un deux pièces parisien dont la petite cuisine me contraignait à des choix drastiques. Au revoir, petit ange électro-ménager.
Les biberons, les purées et compagnie
Sur le moment, j'ai craint de ne pas y arriver, puisque j'étais tellement habitué à l'utiliser, presque mécaniquement. Toutefois, j'avais déjà remarqué que la cuisson du four à micro-ondes avait du mal à rivaliser avec celle réalisée par un chef trois étoiles. Autant le dire : un truc réchauffé au micro-ondes, c'est souvent "tout simplement dégueulasse", comme dirait Jean Yanne.
Mais je m'y suis fait assez facilement, en changeant un peu mes habitudes : faire moins de café pour ne pas avoir à le réchauffer, quitte à en préparer un autre. Et puis, les cafetières actuelles peuvent très bien réchauffer votre café si vous rappuyez sur le bouton. Je mangeais aussi peu ou pas de plats industriels à réchauffer, privilégiant ceux qui pouvaient se cuisiner à la poêle. Quand j'oubliais mes pâtes une fois sorties de la casserole, je les mangeais froides. C'était la belle vie.
Mais quand, dans un autre appartement dont la cuisine était encore une fois petite, j'ai eu un enfant, la question s'est posée avec ma femme : faut-il acheter un four à micro-ondes pour les biberons, les purées et compagnie ? Assez rapidement, nous avons convenu que non. Un choix finalement assez rare dans les familles, qui s'en servent autant pour les nourrissons éplorés que pour les adolescents pressés.
Une absence de four micro-ondes indolore
Nous avons donc emprunté un chauffe-biberon, qui s'est lui-même révélé inutile quand nous avons appris auprès des puéricultrices qu'il n'est pas nécessaire de donner un biberon chaud à un bébé, lequel peut tout à fait boire son lait à température ambiante, éventuellement tiède. En hiver, un simple bain-marie permet de remettre à température adéquate le biberon. C'est plus long, certes, mais la vie est longue.
Et dès que les beaux jours arrivent, quel gain de temps de simplement donner un biberon préparé à l'eau du robinet en trente secondes chrono ! Pour réchauffer les purées, nous varions les plaisirs : pot en verre ou en plastique déposé soit dans un bain-marie, soit directement dans l'eau chaude de la bouilloire. Bien remuer à l'intérieur pour homogénéiser (un truc que le micro-ondes ne fait pas !) et ça fonctionne parfaitement si on s'y prend un peu en avance.
Du côté des adultes, cette absence de micro-ondes est indolore : nous cuisons ou décongelons tout au bain-marie, au cuit-vapeur, à la poêle ou au four. Pas de plat préparé, un peu d'organisation, des bonnes recettes et le tour est joué. Sans micro-ondes, nous mangeons mieux, nous gagnons de la place et nous évitons un achat polluant dont le poids écologique est disproportionné par rapport à son utilité.
Le four micro-ondes, invention dangereuse ou géniale ?
Curieusement, le four à micro-ondes semble séparer l'humanité en deux camps, un peu comme Greta Thunberg ou la coriandre. Il y a ceux qui adorent et ceux qui lui attribuent tous les défauts. Les expertises scientifiques elles-mêmes reflètent cet antagonisme étonnant, puisqu'elles ne s'accordent ni sur sa dangerosité potentielle, ni sur ses qualités nutritionnelles.
Personnellement, je n'ai pas succombé à l'angoisse des ondes provoquées par ce four et ça n'a pas joué sur ma décision, même si comme tout le monde je ne suis pas super rassuré quand je vois des petites étincelles virevolter autour de mon futur déjeuner. Si l'on en croit les études, rien ne permet d'affirmer que ces ondes soient dangereuses, cependant, par précaution, mieux vaut s'éloigner de la porte lorsque ça chauffe.
Certains prétendent que ce four conserve mieux les nutriments des aliments car la cuisson est plus courte, d'autres au contraire pensent que les ondes perturbent la qualité des vitamines et substances minérales, ou encore que la cuisson ne tue pas toutes les bactéries de façon homogène... Impossible de trancher, mais une chose est certaine : supprimer le four micro-ondes supprime aussi toutes ces questions !