Marie Tétrel - Publié le 20 mars 2021
PORTRAIT - En quête d'un métier avec plus de sens, et pour retrouver l'envie de se lever le matin, Sébastien Dubreuil a quitté sa situation confortable pour passer un CAP ébénisterie.
“Il faut écouter à la fois votre tête et votre cœur, mais laissez votre cœur avoir le dernier mot, il ne vous veut que du bien…” La quarantaine passée, Sébastien Dubreuil a décidé de changer de vie. Lassé de son job dans les bureaux de la Défense, à faire appliquer des directives à ses collaborateurs auxquelles il croyait de moins en moins, il a décidé de quitter cet univers, pour devenir… ébéniste. Un chemin tortueux guidé par son envie d'avoir un travail avec plus de sens et qui le fasse vibrer.
Un déclic pour changer de vie
“Il y a sept ou huit ans, alors qu'on parlait de la réforme des retraites, j'ai découvert qu'il me restait au moins 25 ans à travailler”, se souvient Sébastien. Après une scolarité brillante, il a enchaîné les postes à responsabilité dans de grandes entreprises, dont certains bureaux se trouvent à la Défense, quartier d'affaires par excellence, près de Paris.
Un parcours plus qu'honorable, mais qu'il a de plus en plus de mal à supporter. “Toute ma vie, j'ai été un bon petit soldat. Mais à ce moment, j'avais de plus en plus l'impression de faire des choses qui ne me plaisaient pas, et le masque que je portais commençait à se fissurer”. Il y a certes de bons avantages financiers, une stimulation intellectuelle… mais Sébastien est souvent en contradiction avec les valeurs et les directions choisies par sa direction. Problématique, lorsque l'on est soit-même manager.
Alors quand l'opportunité s'est présentée, ça a été le déclic. Après avoir quitté sa dernière entreprise, il a aussi fui cet univers qui ne l'emballait plus, qu'il commençait même “à détester”, pour retrouver l'envie et l'enthousiasme de se lever le matin pour aller travailler. Et la question s'est posée : qu'est-ce qu'il allait bien pouvoir faire ?
Trouver sa voie
“Le chemin a été long et pénible, car on ne sait pas par quel bout le prendre”, raconte Sébastien. Il se pose beaucoup de questions, se documente énormément, peut-être un peu trop, et se sent vite perdu. Il commence par travailler pour une chaîne d'épiceries bios, dont les valeurs de l'entreprise lui parlent plus. “Et puis, il y avait tout de même un lien avec ma vie de commercial d'avant”. Mais très vite, il se rend compte qu'il veut aller plus loin dans sa quête de sens.
Ouvrir un restaurant ? L'idée lui a plus ou moins traversé l'esprit, encouragé par ses amis, qui voient en lui un très bon cuisinier. Mais il ne n'envisageait pas faire de cette passion son nouveau métier.
Finalement, c'est l'ébénisterie qu'il choisit. “C'est une drôle d'histoire. Pendant cette période, j'ai commencé à voir des formes, des meubles, ça a pris de plus en plus de place dans mon esprit. Ce processus créatif me faisait du bien. Je voyais des artisans faire, et ça me donnait envie”.
Après une rupture sentimentale, Sébastien fait le grand saut. Celui de reprendre les études, lui qui avait déjà une longue carrière, pour passer un CAP ébénisterie. Dans la foulée, il déménage de Paris, vers la Vendée.
Aujourd'hui, Sébastien a créé son entreprise : Kanopee Design. Il imagine des meubles, les conçoit et ne s'est jamais senti aussi bien, même si son activité ne lui permet pas encore de vivre. “Je ressens une joie véritable quand le matin j'ouvre les portes de mon atelier. L'excitation de la création, le plaisir et la satisfaction d'avoir « fait » quelque chose à la fin de la journée sont des émotions positives puissantes et réellement énergisantes !” Le travail du bois lui semble beaucoup plus concret que son passé de commercial, et il a choisi de n'utiliser que des produits sains et respectueux de l'environnement.
Accepter de prendre des risques
Pour Sébastien, il ne faut pas avoir peur de se lancer dans une nouvelle aventure, certes constituée d'embuches et d'inconnues. Suivre son intuition, c'est sûrement le meilleur conseil qu'il peut donner à celles et ceux qui ont envie de changer de vie, comme lui. “Foncez, allez-y ! C'est effrayant ? Un peu oui. Cela peut bouleverser votre vie personnelle ? Probablement. Vous prendrez des risques financiers ? Certainement. On vous prendra (sans vous le dire…) pour un fou ? Peut-être bien ! Mais vous reprendrez les commandes de votre vie. Osez écouter votre voix intérieure….”