Anaïs Farrugia - Publié le 4 novembre 2022
SILENCE ÇA POUSSE - Il se prénomme TheFrenchieGardener sur Instagram et raconte au quotidien comment faire pousser ses légumes sur son balcon. Aujourd'hui ce néo-jardinier de 39 ans vit de sa passion et produit sur son petit balcon berlinois une bonne partie de son alimentation de façon autonome.
Plus besoin d'avoir un jardin de 50 m2 en campagne pour savourer ses propres tomates, son persil ou son fenouil. En ville, de nombreux jardins collectifs ou individuels s'épanouissent sur tout type d'espace : balcons, terrasses, toits, rebords de fenêtres, friches, anciens sites ferroviaires… Ces aménagements contribuent, d'une part, à récolter des fruits et des légumes sans produits chimiques et d'autre part, à créer des zones naturelles qui favorisent l'accroissement de la biodiversité en flore et faune locale.
Construire son jardin petit à petit
« En ce moment je fais pousser des épinards, des laitues d'hiver, du pak choï, du chou-fleur, des brocolis, des blettes, du chou-kale… il existe énormément de variétés de légumes finalement, quelles que soient les saisons », explique Patrick aka TheFrenchieGardener, néo-jardinier et ancien senior leadership en marketing dans plusieurs grandes entreprises.
« J'ai travaillé pendant 16 ans en marketing chez Netflix, Zalando, PlayStation et un jour je me suis rendu dans un magasin de jardinage, et j'ai acheté pour la première fois des graines et un peu de matériel. Et depuis je ne me suis jamais arrêté ». N'y connaissant pratiquement rien, le jardinier en herbe s'est beaucoup documenté sur le sujet, a lu des livres, intégré des communautés de jardiniers, visionné des dizaines de vidéos YouTube et s'est finalement découvert une véritable passion pour le jardinage mais aussi pour la permaculture. « C'est une philosophie qui est basée sur la régénération des écosystèmes. On va chercher à créer un environnement propice à la bonne santé de nos cultures naturellement, avec intervention humaine limitée. L'objectif est d'inviter la biodiversité à s'installer durablement dans notre potager pour qu'il s'autorégule en partie », développe-t-il.
« Et j'essaie d'appliquer ces principes dans le milieu urbain, notamment dans la réutilisation des ressources, ou celles qui sont autour de moi. Ça passe par réutiliser le marc de café, collecter des feuilles mortes pour les utiliser en paillage, ou dans son compost… le tout en fonction des saisons ».
Modeler son espace et manger mieux
Et si de plus en plus de potagers poussent dans l'espace urbain c'est aussi que ses habitants font preuve d'un intérêt grandissant pour les produits sains et la préservation de l'environnement. D'ailleurs, pour l'anthropologue Manon Boulianne, ces potagers peuvent aussi représenter une réponse économique, ou encore un moyen de lutter contre la « malbouffe ».
Produire par soi-même une partie de son alimentation offre l'opportunité de s'écarter des logiques de marché, de consommer de la nourriture saine que certains ne pourraient s'offrir autrement. Ils économisent en même temps qu'ils prennent soin de leur santé. « En plus de toutes ces raisons, je pense, à titre personnel, qu'il est aussi plus simple de commencer dans de plus petits espaces. Il suffit de quelques pots, une table de culture ou d'un carré potager sur son balcon pour se lancer. Certaines variétés poussent d'ailleurs mieux en pot et on contrôle mieux son écosystème puisque le pot, on peut le déplacer et l'orienter en fonction du soleil. Moi je fais pousser mes fruits et légumes sur 10m2, mais le gros avantage c'est que, en plus de ma terrasse, je peux aussi utiliser l'espace vertical, donc les murs et les rambardes ».
« Il y a un intérêt grandissant pour les activités manuelles »
« Quand j'ai commencé avec mes trois pots et ma table de culture, j'ai essuyé pas mal d'échecs. Mais c'est comme ça que j'ai appris et avec un peu de patience et de la bonne volonté mes plantes ont bien grandi. À ce moment-là, certains de mes amis m'ont incité à créer un compte Instagram. À ma grande surprise, ça a assez vite et bien fonctionné », déclare Patrick.
Aujourd'hui avec plus de 150K followers sur Instagram, TheFrenchieGardener a officiellement trouvé son audience. « J'ai remarqué un vrai changement pendant la pandémie. Les gens se sont massivement abonnés à cet période car ils avaient du temps à consacrer au jardinage. Il y a aussi un intérêt grandissant pour les activités manuelles, la protection de l'environnement et l'envie de ne plus dépendre complètement de l'industrie alimentaire », explique Patrick.
Désormais, il peut en vivre et ne travaille plus dans le marketing. « Depuis mars 2022, je me consacre uniquement à mon projet TheFrenchieGardener. Mon second livre sur les potagers urbains sortira en France mi-février 2023, je donne des cours de jardinage et j'ai plusieurs collaborations avec des marques qui me permettent de vivre de ma passion et ça, ça n'a pas de prix ».
Trois conseils pour débuter son potager urbain, par TheFrenchieGardener
1 - Connaître son climat et apprivoiser son espace
« Observer son espace et son climat vous permettra de planter les bonnes variétés au bon moment et ensuite vous pourrez commencer à réfléchir à l'optimisation de l'espace sur votre balcon. C'est aussi bien d'analyser la position du soleil, le temps d'ensoleillement de son balcon, pour ensuite construire un plan qui vous aidera à savoir où planter et choisir le meilleur endroit ».
2 - Prendre soin de son sol
« Il est impossible de faire pousser des légumes sains dans un sol pauvre. On ne peut pas espérer avoir un super plan de tomates dans une jardinière qui a deux ans. Aussi, un sac de terreau qui vient d'être acheté contient en moyenne 6 à 8 semaines de nutriments et donc au bout de ces 8 semaines, il faut de nouveau enrichir son sol avec de la matière organique, du compost… ».
3 - Se lancer et essayer
« Observer ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas, apprendre de ses erreurs, est une étape primordiale. Et pour démarrer à petite échelle il est préférable de sélectionner quelques pots et de choisir des variétés plutôt faciles à faire pousser comme la laitue, des radis, des épinards… On commence par se faire la main et ensuite on peut s'attaquer à des plantes qui demandent un peu plus de savoir-faire qui prennent plus de temps à pousser comme les tomates, les courgettes ou encore les aubergines ».