Matthieu M. - Publié le 23 octobre 2019
FAMILLE - Une journaliste et un addictologue nous livrent des conseils pratiques pour reprendre le contrôle au quotidien sur les smartphones et tablettes.
Un dîner en famille le nez passé dans son smartphone ? L'histoire du soir remplacée par les jeux d'une tablette ? Les jeux-vidéos préférés aux activités dans le jardin ? Si ce scénario vous est familier, il se peut bien que les outils numériques prennent une place préoccupante au sein de votre vie à la maison.
Pas de panique, vous n'êtes pas seul-e ! Nous passons en moyenne 5 h par jour devant les écrans, en dehors du temps de travail. Un chiffre alarmant qui concerne aussi les plus jeunes, car en 10 ans, les ados français ont augmenté de deux heures leur temps d'exposition aux écrans.
Mais cette nouvelle forme d'addiction n'est pas une fatalité. C'est le constat que tirent Isabelle Frenay, journaliste santé et sophrologue, et Bernard Antoine, addictologue, dans leur ouvrage Doser les écrans - comment reprendre le contrôle au quotidien (Ed. FIRST, 2019).
De l'importance de réguler l'accès aux écrans
Les écrans sont partout, mais difficile de leur donner moins d'importance tant ils rendent le quotidien plus facile. “Les écrans se sont incrustés dans des moments de vie qui correspondent à nos besoins vitaux. On va aux toilettes avec une tablette ou on consulte ses mails en donnant le biberon”, annonce Isabelle Frenay.
Le problème c'est que cette omniprésence peut avoir des conséquences sur le développement du cerveau des plus jeunes, voire même de la motricité et d'éveil sensoriel. “Aujourd'hui, les neuropsychiatres tendent vers un zéro écran avant trois ans afin de ne pas priver l'enfant du lien d'attachement avec le parent”, précise-t-elle.
Mais cette surexposition est aussi dommageable pour les adultes car elle grignote un temps précieux, celui consacré au sommeil. “C'est le problème de santé publique numéro un”, prévient la sophrologue. Contrairement au bon vieux film sur DVD qui a un début et une fin, des plateformes comme Youtube ou Netflix proposent du contenu sans cesse et vous accompagnent parfois très tard dans la nuit.
Parents : apprenez à analyser votre propre comportement numérique
Avant de vouloir s'attaquer à l'addiction des enfants, il est préférable de faire sa propre introspection numérique car si les plus jeunes passent leur temps devant les écrans c'est probablement notre faute. “Je rends l'écran très attractif en lui donnant de l'importance. Dans tout type de comportement il y a du mimétisme”, rappelle Isabelle Frenay, “il faut éviter à tout prix le multitasking. Si on donne le bain, on donne le bain.”
Pour le bien-être de votre famille, il ne suffit pas d'être présent physiquement mais de s'investir dans ce que l'on est en train de faire, “de veiller à la qualité de la présence”, ajoute-t-elle. Le célèbre “faites ce que je dis, mais ne faites pas ce que je fais” s'applique aussi à notre consommation d'écrans. Des règles communes à toute la famille, c'est le début de la réussite !
Ne pas diaboliser mais équilibrer le temps consacré aux écrans
Interdire n'est pas la solution à la surexposition de vos enfants ou adolescents aux écrans. “Il ne faut pas marginaliser l'enfant qui va très mal le vivre”, prévient Isabelle Frenay. Pour intégrer de nouvelles activités au sein de la journée telles que le sport ou le bricolage, l'idée est de limiter le temps consacré aux écrans.
Pourquoi ne pas accorder un crédit d'heures hebdomadaires alloué à la télévision, ordinateur, smartphone et tablette comme le suggère Claire, maman de trois enfants qui témoigne dans le livre ? “Chacun dispose de 3 h utilisables comme bon lui semble mais uniquement du vendredi soir au dimanche soir”, explique-t-elle.
Autre possibilité, celle de jouer sur l'âge à partir duquel un enfant a le droit d'acquérir son premier smartphone. “L'entrée en sixième est un bon moment. Il faut choisir un portable très simple, avec peu de fonctionnalités. Pas un ordinateur de poche”, souligne Isabelle Frenay.
Et pas question de diaboliser cette pratique, ne faites pas des écrans une barrière entre vous et votre enfant. “Essayez de comprendre ce qui lui plaît, entrez dans son monde”, recommande-t-elle.
Des plannings pour visualiser ses activités
L'autrice et l'auteur du livre conseillent d'utiliser deux plannings différents pour garder le contrôle sur la consommation d'écran. Le premier planning consiste à déterminer combien de temps votre famille va passer sur chaque écran. “Cela fait prendre conscience du temps qu'on passe devant”, souligne la journaliste santé. À l'aide d'un code couleur, chaque membre de la famille visualise combien de temps il est autorisé à passer sur sa tablette ou devant les jeux-vidéos.
Le deuxième planning s'intitule “changement des habitudes”. Isabelle Frenay explique : “les thérapies cognitivo-comportementales visent à adopter des comportements nouveaux grâce à la répétition.” Grâce à des règles simples comme se réveiller naturellement, pas de télévision avant l'école ou passer une soirée sans écran, les deux spécialistes espèrent déprogrammer tablettes et autre smartphone du quotidien.
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