Matthieu M. - Publié le 16 juillet 2021
RÉCUP' - La Ressourcerie du cinéma de Bagnolet récupère les éléments de décors des productions audiovisuelles pour les revendre ou les louer, aux particuliers notamment.
Alors que le Festival de Cannes bat son plein, que les célébrités du monde entier grimpent les marches pour présenter leurs films, on a tendance à oublier que derrière les paillettes, il y a des déchets, beaucoup de pollution.
Pour preuve, selon une étude d'Ecoprod de 2020, l'industrie de l'audiovisuel (télévision, publicité et cinéma) libère 1,7 millions de tonnes de CO2 dans l'atmosphère chaque année. Et côté déchets ce n'est guère mieux : “un film construit en studio de cinéma génère en moyenne 15 tonnes de déchets de décors”, rappelle Karine d'Orlan de Polignac, cofondatrice de l'association La Ressourcerie du cinéma.
C'est face à ce constat qu'est née en décembre 2020 à Bagnolet (Seine Saint-Denis), cette structure inédite en France. Contrairement à une ressourcerie classique qui récupère les objets du quotidien dont vous n'avez plus besoin pour les remettre en état puis les revendre, la Ressourcerie du cinéma collecte les décors de cinéma et les éléments de décors des films qui n'ont parfois servis que quelques heures et finissent à la benne.
Au cinéma, à la fin d'un tournage, on jette
Auparavant, les décors étaient stockés au sein des studios de cinéma en vue de prochains tournages, mais puisque les studios ne cessent de rétrécir, il faut maintenant jeter dès la fin du tournage. C'est ce constat peu écolo qui a poussé Jean-Roch Bonnin, accessoiriste dans le cinéma, William Abello, chef décorateur, et Karine d'Orlan de Polignac, consultante en communication sur les déchets ménagers, à mettre leur savoir-faire en commun pour créer cette Ressourcerie spéciale septième art.
Parmi l'ensemble des éléments de tournage récupérés par l'association, 60% sont des cimaises, de grands panneaux de bois qui servent à recréer des cloisons en studio. “Avant on ne peignait pas dessus directement. On déposait une voilette sur laquelle on posait du papier peint ou un enduit. Quand on changeait de décor, on arrachait la voilette et on récupérait le bois”, nous apprend-elle. Mais à cause du bas coût des matériaux, il est aujourd'hui plus rapide de peindre dessus directement et de jeter la cimaise ensuite.
Le reste des éléments est ce qui sert à la construction : revêtement de sol, du bois, des plaques de contreplaqué, des plaques de plâtre, des plans de travail de cuisine mais aussi un peu de tissu et du mobilier. “Tout ce qui sert à la décoration d'intérieur”, précise la cofondatrice de l'association.
Des pièces quasi-neuves vendues 40 à 50% moins chères
En 6 mois à peine, la Ressourcerie du cinéma a déjà rempli 350 m² de décors ! Pourtant, Karine l'assure : “on ne récupère que 0,02% des films qui se font en Île-de-France.” Alors que deviennent les éléments de décors récoltés par la ressourcerie ? Une partie est louée à des professionnels tandis qu'une autre est vendue aussi bien aux particuliers qu'à des associations, à des ingénieurs mais aussi des gérants d'escape-games.
Afin de vous procurer l'une des pièces de la Ressourcerie, il faut dans un premier temps identifier l'élément de votre choix sur leur page Facebook puis prendre rendez-vous. Et cela vaut le coup puisqu'en moyenne les pièces sont vendues 40 à 50% moins chères que dans le commerce. Meubles industriels, lampes halogènes, stores roulants, assises mais aussi plexiglas, feuille de décor imitation béton, tissus : il y en a pour tous les goûts et tous les besoins.
Il se pourrait bien que l'une de vos futures acquisitions soit issue des séries SKAM ou Family Business, voire même du dernier long métrage de Valéria Bruni-Tedeschi ou de celui de Jérôme Commandeur.
Bien que l'association ne compte qu'un seul salarié, le reste des membres travaillant bénévolement, la demande grossit et la Ressourcerie déménagera bientôt dans un entrepôt bien plus grand. En attendant, vous pouvez leur rendre visite au 12 rue de la Liberté à Bagnolet.