Clémence Leleu - Publié le 6 juillet 2015
INTERVIEW - Pour cette ex-comptable, récupérer les objets est une histoire de famille. Elle veut maintenant créer son propre lieu dédié à l'échange.
Emmanuelle Garcia, quarantenaire originaire de la région parisienne, a quitté son emploi de comptable pour se lancer dans la création d'une recyclerie. C'est ainsi que la Roulotte recyclerie a vu le jour en novembre 2013 après de longs mois de travail. Mais pour pouvoir s'implanter durablement à Paris, dans le 17ème arrondissement, l'association doit encore trouver des financements.
Qu'est ce qu'une recyclerie ?
Une recyclerie, c'est un lieu où les particuliers peuvent venir déposer les objets dont ils ne se servent plus, comme l'électroménager, les meubles, les livres ou les textiles. S'ils sont en bon état ou réparables alors ces objets pourront être revendus, directement par la recyclerie, à des prix très accessibles. Si ce n'est pas le cas, ils seront orientés vers des filières de recyclage.
Ces recycleries favorisent donc la réduction des déchets, tout en sensibilisant les habitants du quartier où elles sont implantées aux problèmes environnementaux, aux gestes de tri mais aussi au "fait maison".
D'ailleurs vous proposez des ateliers entièrement dédiés à ce "fait maison".
Tout à fait. Nous proposons lors de différents ateliers de créer soi-même ses propres savons, gommages ou encore nettoyants ménagers. Toujours dans l'optique de la recyclerie, c'est-à-dire majoritairement avec des produits qui auraient une deuxième vie (voir la recette du nettoyant multi-usage en bas de l'article, ndlr).
Comment vous est venue l'idée de monter votre propre structure ?
Initialement j'étais comptable. Mon frère, qui est biffin, a toujours travaillé dans la récupération puisqu'il récupérait de vieux textiles pour les revendre à des entreprises de transformation. Il voulait monter un repair café (un atelier de réparation d'objets en tout genre, où chacun peut, à l'aide d'outils prêtés par la communauté, se voir aider dans la réparation de son matériel, ndlr) et s'est tourné vers moi pour faire sa comptabilité. Au fur et à mesure que je découvrais ce milieu, je me suis rendue compte qu'il correspondait tout à fait à mon mode de vie et de fonctionnement. J'ai donc quitté mon travail, je suis devenue free-lance dans la création de site internet et j'ai monté, avec une amie, Rosita Bianco, la Roulotte Ressourcerie.
Mais, sûrement, la cause profonde de cette création tient de mon histoire familiale. Je viens d'une famille de pieds-noirs, qui est arrivée en France après la guerre d'Algérie et au sein de laquelle il n'était pas envisageable de jeter. Nous récupérions chacun les jouets ou vêtements des autres membres de la famille. Cette recyclerie n'est finalement que le prolongement professionnel de ma vie personnelle.
Pour le moment la Roulotte recyclerie ne prend vie que lors de manifestations comme lors du Festival du développement durable ou la Fête de la Récup', mais nous espérons qu'elle s'implantera dans Paris très bientôt !
Votre recylerie trouve-t-elle un écho chez les Parisiens ?
Bien sûr. Il y a toujours eu et il y aura toujours des gens pour qui le partage est une notion essentielle. Et puis il y a la majorité, qui peine à sortir du cercle très fermé de la famille dès lors qu'il s'agit de se débarrasser des ses affaires. Avec des structures comme la nôtre leurs habitudes commencent à changer.
Le plus frappant est que nous attirons un public de donneurs extrêmement divers. Cela va des milieux les plus modestes aux milieux bourgeois, aisés. Et tout ce monde se rencontre à la recyclerie. Nous créons du contact humain.
Quels sont vos projets ?
Nous sommes actuellement à la recherche d'un local dans le 17ème arrondissement de Paris. Nous avons reçu 10 000 euros de la fondation MACIF mais c'est très difficile de trouver un local de la surface que l'on souhaiterait dans cette gamme de prix. Par ailleurs, nous ne sommes pas à même de ne nous verser un salaire.
Si nous parvenons à trouver un local nous aimerions créer une boutique solidaire et y installer un repair café. Mais pas seulement. Nous ambitionnons aussi de nous lancer dans une démarche de sensibilisation, dans et hors les murs de notre recyclerie, en organisant des ateliers ou en intervenant dans les écoles. C'est important de transmettre ce que l'on nous a appris, que ce soit dans nos familles ou par notre travail. Une recyclerie, c'est avant tout du partage et de l'échange.
Recette du nettoyant multi-usage :
Pour un litre de nettoyant, il vous faut:
- 1 litre d'eau
- 1 cuillère à soupe de bicarbonate de soude
- 1 cuillère à soupe de vinaigre blanc
- 1 cuillère à soupe d'huile essentielle
Dans un bidon d'un litre, verser le bicarbonate, le vinaigre blanc et des huiles essentielles. Ajoutez un litre d'eau chaude pour la dissolution. Mélangez. C'est prêt !
Autre recette :
Dans un pulvérisateur vide, versez : 2 cuillères à soupe de Savon de Marseille en copeaux, 1 cuillère à soupe de vinaigre blanc, 100 ml d'eau chaude. Secouez vivement le flacon et pulvérisez sur les surfaces à nettoyer. Frottez à l'aide d'une éponge et rincez.
>> Découvrir le site de la Roulotte Ressourcerie.