Lisa Hör - Publié le 23 septembre 2020
ANALYSE - La sociologue Nadine Roudil porte un regard contrasté sur l'envie de nombreux Français-es de tout quitter pour s'installer à la campagne.
Le média Et Demain notre ADN publie un dossier sur la maison de demain, en partenariat avec Castorama. Nous vous partageons des passages de l'un des articles de ce dossier.
Avec le confinement, le manque d'espace et de contact avec la nature s'est fait - parfois cruellement - sentir. Va-t-on assister à un exode urbain ? Les appartements vont-ils être abandonnés en masse au profit de charmantes petites maisons à la campagne ?
Nadine Roudil, sociologue rattachée au Centre de Recherche sur l'habitat (CRH), apporte un éclairage dans un entretien avec Et Demain Notre ADN, et démystifie l'idée d'un exode urbain à venir.
"Je me pose la question : est-ce une aspiration ou une pratique réelle ?"
Nadine Roudil
Difficile aujourd'hui d'évaluer combien de citadin-nes feront vraiment leurs cartons. La vie à la campagne suscite beaucoup de fantasmes, mais pour partir, encore faut-il trouver un nouveau travail... ou pouvoir l'emmener avec soi.
Ainsi, les néoruraux, qui se sont installés en Ardèche depuis les années 1960, sont souvent des personnes exerçant des professions libérales (infirmiers ou infirmières, architectes...), comme l'ont montré les recherches de l'historienne Catherine Rouvière.
Dans les faits, vouloir changer de vie ne se traduit pas le plus souvent par un déménagement dans un hameau isolé, mais plutôt dans des villes moins denses.
"La campagne n'est pas forcément le lieu de la décroissance !"
Nadine Roudil
D'autant que la vie à la campagne est souvent loin de l'image d'Epinal relayée - y compris sur 18h39, dans des articles sur des maisons en bois autoconstruites en pleine forêt, avec tout ce qu'il faut pour vivre en autonomie. Ruraux et néoruraux continuent d'aller en ville pour leurs loisirs ou leurs obligations et passent pour cela beaucoup de temps en voiture.
Certains ménages ruraux sont mêmes plus équipés "du dernier cri high tech" que les urbains, affirme la sociologue. Par exemple en installant un home cinema à la maison, à défaut de pouvoir se rendre au cinéma régulièrement.
Alors, ce rêve d'une vie plus simple à la campagne est-il seulement une illusion ? Ne faut-il rien en garder ? Au contraire :
"Même s'ils restent à l'état d'aspiration, ces souhaits de départs des grandes agglomérations témoignent d'une prise de conscience des problématiques environnementales et de leur impact sur le futur, ce qui est une très bonne chose."
Nadine Roudil
La sociologue invite à saisir cette occasion pour rendre les villes plus agréables, en s'attaquant au problème de la pollution, du coût de la vie ou encore à celui des transports saturés.
Pour aller plus loin, découvrez les autres pistes soulevées par Nadine Roudil pour améliorer l'habitat sur Et Demain Notre ADN. Vous pouvez aussi regarder notre vidéo, pour comprendre quelles leçons tirer du confinement pour nos logements :