Matthieu M. - Publié le 3 février 2020
SOLIDARITÉ - L'association Un toit vers l'emploi veut aider les sans-abri dans leurs démarches professionnelles grâce à la mobilité des tiny houses.
Pour permettre aux personnes sans-abri d'être mobiles pendant leur recherche d'emploi, l'association Un toit vers l'emploi vient d'inaugurer deux tiny houses à Rouen. Le but : ne pas manquer une opportunité professionnelle à cause de la distance.
On a tendance à l'oublier, mais les tiny houses ne sont pas qu'un logement atypique pour minimalistes aux aspirations nomades. Ces petites maisons mobiles se sont développées aux États-Unis après la crise de 2008, qui a privé de nombreuses personnes de leur maison.
S'approprier son logement en participant à son aménagement
C'est ce qu'a appris Franck Renaudin en feuilletant un magazine en janvier 2017. “C'était devenu une évidence. En refermant le magazine tout était clair”, nous explique-t-il par téléphone. Après une carrière à la tête de l'ONG Entrepreneurs du monde, l'entrepreneur social ressent le désir de se consacrer aux questions de grande précarité. La tiny house lui apparaît comme la solution parfaite aux problématiques qu'il souhaite résoudre.
En mettant à disposition des tiny houses aux personnes sans-abri, l'idée est de les aider “à saisir des opportunités qu'elles n'auraient pas pu avoir par manque de mobilité”, précise-t-il. Formations, stages ou encore emploi : la tiny house se déplace au gré des rendez-vous.
Vincent, 38 ans, et Alexandre, 42 ans sont sans domicile et sans emploi et s'installeront à partir du 13 février dans les deux tiny houses de l'association. Vincent, militant décroissant a été attiré par la faible empreinte écologique de ces habitations, tandis qu'Alexandre cherchait un moyen de régler ses problèmes familiaux et professionnels.
“Ils se sont rencontrés et il y a une très bonne entente entre les deux. Ils travaillent communément sur leur maison”, précise Franck Renaudin. Car les maisons ont beau être prêtes, il n'y a pour le moment ni chauffage, ni meubles. C'est pourquoi Vincent et Alexandre suivent des ateliers thématiques auprès de l'accueil de jour de l'association pour apprendre à équiper leur tiny house eux-mêmes. Menuiserie, architecture d'intérieur, réparation de petit électroménager : la route vers l'autonomie !
De 20 m2 chacune, les maisons sur roues ont été fabriquées par des artisans bretons. “On veut intégrer une démarche environnementale forte en n'utilisant que des matériaux locaux, travailler en circuit court et ne pas utiliser de matière plastique, pas de PVC”, précise Franck Renaudin. À l'avenir, l'association a pour objectif de construire les tiny houses elle-même pour réduire les coûts.
Plus d'autonomie et de mobilité grâce à la tiny house
Pas question de mettre les sans-abri sous pression avec une date limite d'occupation de la tiny : “les personnes déterminent elles-même la durée d'occupation des maisons, elles restent le temps qu'elles souhaitent”, souligne Franck Renaudin.
En revanche, pour pouvoir intégrer les tiny houses, Vincent et Alexandre ont dû remplir certains critères. “Avoir le droit de travailler, ne pas avoir à s'installer avec une famille, être autonomes et indépendants dans la maison”, explique Franck Renaudin. Sans oublier que les locataires devront payer un loyer proportionnel à leurs revenus, 20%, pas plus. “On n'héberge que des personnes qui expriment l'envie de travailler et le peuvent”, nous annonce Franck Renaudin.
“On va lancer un fond de solidarité et faire une levée de fonds pour prendre en charge les personnes qui n'ont aucun revenu”, précise-t-il. Malgré le fait que ces logements ne soient pas ouvert à toutes et tous, les migrants sans permis de travail par exemple, cette initiative rappelle celle du Logement d'Abord. Comme les tiny houses de Franck Renaudin, l'idée est de se réinsérer par le logement et de ne pas attendre des gens qu'ils aient une situation stable pour leur attribuer un toit. Mais Un toit vers l'emploi va plus loin puisqu'elle y ajoute la notion de mobilité.
L'entrepreneur social a de la suite dans les idées et espère pouvoir produire une trentaine de tiny houses par an. En attendant que ces projets se concrétisent, l'inauguration officielle des deux tiny houses de Vincent et Alexandre est prévue pour le 6 mars.