Cette association installe des chauffe-eaux solaires contre la précarité énergétique

SOLIDARITÉ - Le soleil, une énergie renouvelable et gratuite qui devrait profiter à tous ! C'est pourquoi le CREAQ va installer des chauffe-eaux solaires chez des particuliers qui ont des difficultés à payer leurs factures. 

Chauffer sa maison et l'eau de sa douche grâce au soleil. L'idée est à la fois tellement lumineuse et tellement simple que l'on se demande bien pourquoi tout le monde n'a pas encore de panneaux solaires thermiques sur son toit. En particulier, ceux et celles qui ont le plus besoin de réduire leurs factures de chauffage et d'eau chaude. 

“Dans l'imaginaire de tous, le solaire est réservé aux riches, constate Nathalie Duviella, directrice du CREAQ (Centre Régional d'Eco-énergétique d'Aquitaine), une association qui accompagne les ménages dans la transition énergétique. On voit beaucoup plus d'énergie renouvelable chez les ménages les plus aisés, et pas chez les ménages les plus précaires, alors que ça reste une énergie gratuite.” 

Certes, l'installation est plus simple et plus économique que pour des panneaux solaires photovoltaïques, qui, eux, produisent de l'électricité. Mais il faut tout de même compter 5 500 euros en moyenne pour installer un chauffe-eau solaire pour une famille de 4 personnes, d'après les calculs du site Ecoinfos. 

“Au-delà du coût d'investissement, il y a cette fracture, cette idée du « je n'y ai pas droit »”, ajoute Nathalie Duviella. 

C'est justement pour changer cela que son association a lancé un projet innovant, soutenu financièrement par la Fondation Castorama : équiper gratuitement 5 ménages en situation de précarité énergétique avec des chauffe-eaux solaires, dans la région de Bordeaux. Une première en France.

L'installation d'un chauffe-eau solaire : un chantier réalisé par des bénévoles

Un premier chantier a déjà eu lieu en janvier 2022, chez une dame qui habite dans une petite maison de plain-pied et qui avait déjà été accompagnée par le CREAQ pour isoler ses combles. Cette dame avait des difficultés à payer ses factures d'énergie, tout en étant sensible à l'écologie. Elle souhaitait devenir plus autonome pour sa consommation d'énergie. 

“L'installation a duré une grosse journée, on était 3 bénévoles plus le formateur, on est restés une douzaine d'heures, se souvient Stéphane Gaudin. La pose des panneaux solaires thermiques en elle-même ne présente pas de grosse difficulté. Le plus complexe, c'est la mise en eau, pour gérer la pression etc. C'est accessible, mais une personne qui voudrait le faire sans accompagnement, ce serait compliqué.”

Aujourd'hui, Stéphane travaille comme chargé de visite précarité énergétique au CREAQ, mais au moment du chantier il était encore bénévole. Quand l'association a commencé à chercher des volontaires pour ce projet, il souhaitait justement se former sur le solaire thermique, pour adopter ce système de chauffage écologique chez lui.

Il a donc pu participer à une session de formation de 5 jours chez Cap Autonomie, un collectif qui promeut les énergies renouvelables et l'autonomie énergétique. “On a préparé 5 chauffe-eaux solaires : les panneaux à poser sur le toit, qui captent la chaleur, et la plomberie pour relier au chauffe-eau en lui-même.”

 “On propose aux ménages que l'on accompagne de participer à cette formation, mais dans les faits on s'est rendu compte qu'ils n'étaient pas forcément très disponibles, ni en temps ni dans leur tête”, explique Nathalie Duviella. D'où le recours à des bénévoles extérieurs. “Les ménages accompagnés sont très touchés de voir que des gens prennent de leur temps pour eux, le côté humain est très important.”

Pas de chauffage solaire sans avoir d'abord isolé le logement 

Pour sélectionner les ménages qui pourront bénéficier de ce programme, le CREAQ doit s'assurer que l'installation est possible (logement individuel, toiture correctement orientée, pas d'arbre qui fera de l'ombre sur les panneaux solaires…). Surtout, il s'agit de familles en difficulté (faibles revenus, factures d'énergie importantes, froid dans le logement), identifiées avec des travailleurs sociaux, et que l'association aura d'abord aidées à financer des travaux d'isolation chez elles. 

Le CREAQ commence donc par constituer des dossiers pour bénéficier des financements de l'Etat, et complète si nécessaire avec ses fonds propres. 

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“On est vraiment dans la démarche Négawatt, explique Nathalie Duviella. D'abord on regarde où et comment on peut faire des économies d'énergie avec l'existant. On améliore la performance de l'isolation et du chauffage pour réduire la consommation. Et après seulement, on substitue par des énergies renouvelables.”

Nathalie Duviella insiste : “Un chauffe-eau solaire ne va pas sortir un ménage de la précarité énergétique à lui tout seul”, même s'il peut permettre d'économiser 115 euros par an pour une famille de 4 personnes, évalue-t-elle. Et cela va bien plus loin que les économies réalisées. “On fait du bien à la planète, il y a ce côté préservation sur le climat. En termes d'image de soi et de réappropriation de son logement, plusieurs études par des sociologues confirment que c'est extrêmement positif pour les occupants.”