Amélie Clère et Castorama avec la Rédaction - Publié le 27 mai 2022
SOLIDARITÉ - Les salariés de Castorama se sont mobilisés le temps d'une semaine pour aménager la Péniche du Cœur, un centre d'hébergement pour sans-abris créé par les Restos du Cœur.
Une nouvelle aventure va bientôt commencer pour la Péniche du Cœur. Amarré sur les quais de Seine dans le 5ème arrondissement de Paris, ce bateau est un Centre d'Hébergement d'Urgence (CHU) mis en place par les Restos du Cœur. Il offre aux hommes majeurs en situation de grande précarité et sans logement, un toit pour la nuit ainsi qu'un accompagnement personnalisé qui leur permet de se réinsérer et retrouver leur autonomie perdue.
Grâce à l'achat d'un plus grand bateau de 1000 m2, la Péniche du Cœur, qui pouvait jusqu'ici héberger une cinquantaine de personnes, va voir sa capacité d'accueil passer à 70 personnes. Un chantier d'aménagement est en place depuis le début de cette année. L'objectif est de terminer rapidement les travaux afin que les bénéficiaires puissent de nouveau être hébergés d'ici septembre 2022.
Le projet était déjà soutenu à hauteur de 11 000 euros par la Fondation Castorama depuis 2 ans. Une dizaine de magasins de la région Paris-Sud se sont aussi mobilisés pendant 1 semaine pour aider la Péniche du Cœur. Et cette fois-ci, avec du matériel et de la main d'œuvre très motivée.
18h39 a rencontré les salariés de Castorama qui se sont portés volontaires pour participer à ce chantier solidaire. Bienvenue à bord !
Une équipe mobilisée et motivée
Sur le chantier situé à Villeneuve-Saint-Georges (Île-de-France), les équipes de Castorama sont tout de suite repérables avec leur T-shirt bleu. "On s'est dit que les Castorama locaux pourraient aussi aider l'association avec leurs propres moyens", nous explique Frédéric Denisot, employé chez Castorama et responsable de ce chantier solidaire.
Avec 5 000 euros de matériel, Frédéric a monté une équipe d'une cinquantaine de salariés pour participer, à tour de rôle, aux travaux de la péniche pendant une semaine. "Ils sont là sur leur temps de travail. Ce sont des personnes qui sont volontaires, motivées et qui ont envie d'aider !", dit-il.
Le programme du jour : installer 90 stores, offerts par Castorama, à l'intérieur de la péniche. À cause de quelques soucis techniques, l'équipe a rencontré un contretemps et n'a pas pu commencer la pose tout de suite. Mais les volontaires ne se sont pas démotivés pour autant, et ont trouvé de quoi s'occuper en attendant. "On a décidé de construire des jardinières en recyclant des palettes en bois qui traînaient sur le chantier. Ce n'était pas du tout prévu. C'est une collègue qui m'a donné l'idée. En plus c'est très tendance, et il y a plein de tutoriels faciles à suivre", raconte Frédéric.
Il ajoute : "C'est plutôt sympa à faire ensemble ! La veille on a dû passer toute la journée enfermés dans le bateau pour faire des travaux, là ça nous a fait du bien de se retrouver un peu dehors, ça remotive les troupes !".
Les jardinières en palette serviront à végétaliser l'immense toit de la péniche qui est pour l'instant encore tout blanc. On imagine déjà de belles récoltes de plantes aromatiques, de petits légumes ou même de fraises... De quoi préparer de bons petits plats pour l'équipage et les bénéficiaires !
Une fois les jardinières finies, il est temps de s'occuper des stores. Aidés par Jean-Luc Moutot, les volontaires se remettent en selle et commencent l'installation.
Travaillant depuis 35 ans chez Castorama, il fait aussi partie de la Fondation de France, qui chapeaute toutes les autres, dont la Fondation Castorama. Il est venu donner un coup de main à Frédéric pour coordonner les équipes.
La Péniche : un véritable immeuble flottant
En plus des stores, les magasins Castorama de la région se sont engagés à participer à l'aménagement d'un espace bibliothèque, ainsi qu'à l'ameublement de salles comme celles pour les entretiens individuels. Ces dernières permettront aux bénéficiaires d'avoir des rendez-vous avec des travailleurs sociaux, des psychologues, et des médecins, pour les aider et les accompagner dans leur processus de réinsertion.
Sur ce bateau qui fait 70 m de long , il y aura aussi une infirmerie, des cellules de dégrisement et de décontamination, un réfectoire avec une cuisine professionnelle, une salle informatique, et des espaces pour les bénévoles et salariés de la Péniche du Cœur. "C'est un véritable immeuble flottant !", s'exclame Jean-Luc.
L'étage inférieur sera consacré aux chambres pour les bénéficiaires. Au total, c'est une trentaine de cabines qui doivent être aménagées prochainement.
Chaque cabine fait environ 5 m2 et accueillera 2 personnes. "Sur un bateau, il n'y a pas les mêmes normes de sécurité que pour un immeuble. Si l'équipement et les systèmes anti-inondation sont très règlementés, c'est beaucoup plus simple pour les chambres. Elles ne sont pas obligées de faire 9 m2", nous explique Jean-Luc.
Une chambre comprend 2 lits simples de chaque côté de la cabine, 2 meubles de rangement, et des étagères au-dessus des lits pour que les bénéficiaires puissent ranger leurs affaires. Il y a aussi une salle de bains pour chaque cabine avec un lavabo, un toilette ainsi qu'une douche.
Le chantier est cependant loin d'être fini. Les couloirs pour accéder aux chambres sont par exemple envahis de câbles qui n'ont pas encore été fixés dans les cloisons.
"L'ancienne [péniche] a été vidée et vendue. Certains pensionnaires n'ont pas pu être pris en charge dans un autre endroit. Ils doivent se débrouiller tout seuls, et ne sont pas surveillés", explique Jean-Luc. L'objectif : finir rapidement les travaux, pour que la nouvelle Péniche du Cœur puisse revenir sur Paris et accueillir ces hommes dans le besoin.
S'unir pour lutter contre le mal-logement
Avec ce chantier, les volontaires de Castorama ont pu participer à un projet qui a du sens. "On a l'impression d'avoir fait quelque chose d'intéressant et d'humain", dit Jean-Luc. "Heureusement que des structures comme la Péniche existent, et que, des gens comme nous les aident. Il y a de plus en plus de gens qui deviennent précaires alors qu'avant ils ne l'étaient pas. Ce sont des gens comme vous et moi, qui ont perdu leur travail, ou qui ont eu un problème dans la vie et qui se retrouvent dans la galère totale. Ils ne peuvent même plus se payer un bout de pain !", s'attriste-il.
Et tout le monde est ravi des moments passés à bord de la péniche. "Ça nous sort de la routine. On aime notre boulot, mais ça fait toujours du bien de faire de nouvelles choses, surtout si c'est pour la bonne cause. Et c'est aussi sympa de rencontrer les collègues d'autres magasins de la région", nous confie Frédéric.
À la fin de la journée, au moment de se dire au revoir, les volontaires sont heureux d'avoir aidé la Péniche du Cœur, mais aussi tristes de quitter leurs collègues qu'ils viennent de rencontrer. "C'est un beau projet, je me suis sentie utile ! J'ai aussi fait des rencontres incroyables. Les collègues des autres Castorama sont top ! Franchement, je participerais sans hésiter à un autre chantier l'année prochaine", s'exclame Olivia, une des volontaires, avant de partir.