Clémence Leleu - Publié le 8 janvier 2017
AQUAPONIE - Grâce aux déchets générés par les poissons, les fermes urbaines de Citizen Farm se passent de produits chimiques pour faire pousser les plantes.
Des aquariums surmontés d'une serre dans laquelle poussent des fruits et légumes, le tout culminant à 4 mètres de haut. Voilà la structure surprenante que peuvent observer les promeneurs du parc du musée des Abattoirs de Toulouse.
Il s'agit d'une ferme aquaponique, où les poissons participent activement à la croissance des végétaux, mise en place depuis juin 2016 par la start-up Citizen Farm.
Cette dernière, créée en 2013, commence par commercialiser des petits aquariums aquaponiques, les Ozariums, qui font pousser des plantes aromatiques chez les particuliers.
Mais son fondateur, Pierre Oswald, a un projet bien plus ambitieux : approvisionner les villes en fruits et légumes avec cette technique de culture innovante.
Un moyen de se financer et de pouvoir mettre sur pied ce projet de ferme urbaine. D'une surface de 15 m2, la structure se compose d'un conteneur, qui contient deux bacs à poissons, ainsi qu'un bac de culture surmonté par une serre. C'est dans celle-ci que les fruits et légumes poussent et s'épanouissent. Cette ferme produit l'équivalent de la nourriture de quatre personnes par an. À terme, la start up ambitionne de vendre ses récoltes aux habitants.
Comment cela fonctionne ? Rien de plus simple. Les poissons, situés dans les aquariums, sont nourris et produisent des déchets. Les bactéries présentes dans l'eau les transforment en nitrate. L'eau de l'aquarium est pompée vers les plantes, ce qui leur permet d'absorber les nitrates nécessaires à leur croissance.
Faire découvrir l'aquaponie au grand public
La ferme urbaine de Toulouse est ouverte au public les mercredis et samedis. “Cela nous permet de faire découvrir ce mode de culture au grand public, qui se montre très intéressé et réceptif”, explique Axelle Vallet, responsable du pôle innovation et développement chez CItizen Farm.
“L'aquaponie reste technique alors nous faisons un vrai travail de pédagogie. Mais si l'investissement initial est important, la suite ne demande que très peu de maintenance. Il n'y a pas besoin d'arroser, il suffit juste de nourrir les poissons et de récolter les fruits de son travail”, poursuit la jeune femme.
Il est possible d'installer des fermes urbaines de ce type n'importe où en France. Seul impératif : prendre en compte le climat dans le choix des fruits et légumes cultivés mais aussi des poissons. “Dans les régions plus nordiques, il faut plutôt se tourner vers des poissons qui s'épanouissent dans l'eau froide”, détaille Axelle Vallet.
Un culture sans OGM ni produits chimiques
Ainsi, Citizen Farm dispose de la nourriture dont on a besoin, cultivée au coeur de la ville, sans OGM, sans pesticides, sans produits chimiques.
En plus de cette dimension écologique, Citizen Farm s'engage aussi pour le vivre ensemble et la réinsertion. En témoigne la ferme urbaine qu'ils viennent d'ouvrir à Reims à la fin du mois de novembre 2016. Une première dans le Grand Est.
Implantée sur le terrain de Toits Solid'Air, un foyer de Reims géré par l'Armée du Salut, en partenariat avec Action Logement, cette ferme urbaine permet aux résidents de se mobiliser autour du projet.
“Les personnes accueillies dans le foyer se chargent de l'entretien de la ferme et des récoltes. Cela leur permet de sociabiliser et de se prouver qu'ils peuvent avoir des responsabilités”, explique Axelle Vallet.
Citizen Farm bouillonne de projets. La start-up participe actuellement à un appel à projets parisien et ambitionne d'ouvrir une ferme aquaponique de 200 mètres carré, encore une fois à Toulouse, en partenariat avec une école de la commune qui prêtera le terrain.