Lisa Hör - Publié le 28 janvier 2017
DESIGN - Ces objets, dessinés par des artistes, sont fabriqués par des personnes en réinsertion, accompagnées vers un emploi durable.
Échec Et Crou, un jeu d'échecs avec des pièces composées d'écrous, Trampolinafruit, un panier à fruits... qui ressemble à un trampoline, ou encore Prise de Bec, une lampe dont l'ampoule ressemble à un titi dans sa cage. Les productions de Libre Objet, disponibles sur la boutique en ligne, aiment jouer sur les mots.
Mais cette association strasbourgeoise fait bien plus que fabriquer et vendre des meubles, jeux et accessoires pleins d'humour. Chacun de ces objets a été dessiné par un artiste, à partir de matériaux récup' ou recyclables, puis est reproduit en atelier par des personnes en réinsertion.
Libre Objet les aide à retrouver un emploi dans le transport, l'aide aux personnes, ou encore la logistique, selon leur projet personnel. Rien à voir avec la création artistique, et pourtant, celle-ci joue bien un rôle important dans leur parcours, comme nous l'explique François Oberling, chargé de développement de l'association.
Comment est né Libre Objet ?
À la base, l'association s'appelait Objets Détenus. C'était un atelier destiné aux personnes à la maison d'arrêt de l'Elsau à Strasbourg, pour permettre aux détenus de s'évader par la création.
À un moment, il n'y avait plus de subventions. Donc en 1997, l'association est devenue Libre Objet, avec l'idée de demander à des artistes de réaliser des objets que des personnes en insertion pourraient reproduire.
L'objectif n'est pas de vendre des objets mais bien d'accompagner des personnes en insertion vers un emploi durable. On dit “en insertion” et pas réinsertion, car cela supposerait d'avoir déjà été inséré dans la société.
Qui sont les personnes qui fabriquent ces objets ?
À la base, il s'agissait essentiellement de personnes sortant de prison, mais nous n'avons pas de public cible. La seule règle que nous nous sommes fixée est celle de la parité hommes-femmes.
On accompagne des personnes de tous âges, de 18 à 55 ans, qui sont au bout du bout, et touchent le RSA. On reçoit 500 à 600 candidatures par an pour 25 places. On les rencontre tous et la sélection ne se fait pas en fonction des compétences mais par rapport au projet professionnel.
Comment accompagnez-vous ces personnes concrètement ?
On signe un premier contrat de 6 mois renouvelable jusqu'à deux ans maximum. Elles sont payées au SMIC pour un contrat de 26 heures, dont au minimum 3 heures de formation hebdomadaire (cours de français, de mathématiques, d'informatique, recherche d'emploi..., ndlr.)
En moyenne, les gens restent 13 mois : 60% trouvent un travail (un CDI, un CDD de plus de 6 mois, de l'intérim longue), commencent une formation qualifiante ou créent leur entreprise.
Quel rôle joue la créations d'objets dans ce parcours ?
C'est valorisant de créer un objet artistique. Quand les personnes vendent dans la boutique, ils sont fiers de dire que ce sont eux qui l'ont fait.
Cela permet une évolution personnelle, de prendre confiance en soi et d'être plus motivé pour aller chercher du travail.