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VIE DE FAMILLE - Pour éviter la maison de retraite à sa belle-mère, Isabelle a fait poser un studio préfabriqué dans son jardin. Une solution qui leur permet de vivre plus sereinement.

Quand on lui demande si l'on peut parler rapidement avec sa belle-mère, Isabelle n'a qu'à sortir dans le jardin et à faire quelques pas pour lui passer le téléphone. À 87 ans, Marguerite, surnommée affectueusement Maguy par ses proches, a emménagé dans un studio posé juste à côté de la maison de son fils et de sa belle-fille, près de Nîmes.

"Moi, non, je ne voulais pas aller en maison de retraite, souffle-t-elle pudiquement dans le combiné. Mais je voulais laisser leur liberté aux enfants, ne pas les envahir. Si j'ai besoin de quelque chose, je peux leur demander, ils passent deux à trois fois par jour."

L'installation du studio, tout équipé et meublé. © Natibox

Sa nouvelle maison, qu'elle juge "très bien" et "confortable", est donc un studio de plain-pied de 28 m², avec sa propre salle de bains, sa chambre et une pièce à vivre avec une petite cuisine.

C'est Isabelle qui a en a eu l'idée, après avoir vu à la télévision un reportage sur les studios préfabriqués. Et cette mini-maison déjà construite, qu'il n'y avait plus qu'à poser sur le terrain avec une grue, a complètement changé le quotidien de la famille.

Une alternative à la maison de retraite

Auparavant, Maguy habitait Vichy, à 450 km de là. Même si Isabelle, 61 ans, faisait des allers-retours régulièrement, cela restait trop loin pour intervenir rapidement en cas de problème. Un temps, elle et son mari ont envisagé même de déménager dans une maison avec une dépendance, pour pouvoir l'accueillir.

Mais la maison de retraite n'a jamais été une option. "Je trouve ça angoissant, même si je peux en citer au moins une bien, que je connais parce que ma tante y a vécu", nous raconte Isabelle.

Cette crainte revient souvent dans les discussions, qu'Emilien Eyraud, le prestataire auquel elle a fait appel, a avec ses clients. Alors que son agence a été lancée il y a un an, il a cinq ou six projets sont en cours, pour loger des personnes âgées sur le terrain de leurs enfants.

"Le premier argument, c'est tout simplement qu'un EHPAD, ça a un coût, relate Emilien Eyraud, gérant de la société Natibox à Alès. Et puis, il y a eu le scandale Orpea (le leader mondial des EHPAD et des cliniques, mis en cause pour maltraitance dans un livre publié en janvier 2022, ndlr.), on ne sait plus comment sont traités les résidents. Les personnes qui me contactent veulent être sûres que la personne âgée puisse bénéficier de soins de qualité et être proche de sa famille. Pendant le Covid, certains se sont retrouvés isolés dans les EHPAD... Tout ça, ça joue."

L'intérieur du studio de Maguy.

Ces préoccupations ne sont bien sûr pas nouvelles. En 2015 déjà, nous évoquions dans un article les fameux studios posés dans le jardin en alternative à la maison de retraite.

Nous y relayions un sondage Odoxa pour le Parisien, datant de 2014 : 1 % des personnes interrogées envisageaient de s'installer en maison de retraite. D'un autre côté, 1 % seulement était séduites par l'idée de vivre avec leurs enfants... Même si 41 % souhaitaient rester vivre à proximité.

Ce besoin d'un équilibre entre proximité et indépendance, Isabelle a pu l'éprouver. Avant de pouvoir poser le studio sur leur terrain, il a fallu faire des travaux sur la fosse septique, car cela correspondait à un agrandissement de la maison. Pendant un an et demi, Maguy est donc venir vivre chez eux, dans la chambre d'amis.

Les deux femmes s'entendent bien mais cela représentait beaucoup de travail : "Aujourd'hui, je gagne quelques heures par jour pour faire autre chose que de l'assistance de vie, ne serait-ce que de m'occuper de mon jardin. Et puis avec la kiné qui venait, il fallait ranger dès qu'il y avait un petit truc qui traînait", confie Isabelle.

Installer un studio dans le jardin, comment ça se passe ?

Il est possible d'installer un studio jusqu'à 20 m² en déposant une simple déclaration préalable de travaux auprès de la mairie. Au-delà, une demande de permis de construire est nécessaire.

"On s'occupe de toutes les démarches administratives et techniques, détaille Emilien Eyraud. Il y a une visite préalable sur le terrain, avec une phase pour préparer le support d'accueil - des plots en béton. Puis le jour où la Natibox sort de l'usine en camion, une grue la dépose à l'endroit voulu et il n'y a plus qu'à faire les raccordements pour les évacuations, l'eau et l'électricité."

La chambre et la salle de bains de Maguy.

Durée de l'opération pour la pose en elle-même : 1 journée, voire 1/2 journée.

Isabelle a déboursé 52 000 euros pour le modèle aménagé pour être accessible à une personne à mobilité réduite, avec une salle de bains adaptée. Un tarif à mettre en relation avec le prix médian d'une chambre individuelle en Ehpad : 2004 euros en 2019, selon la Caisse nationale de sécurité pour l'autonomie.

"C'était quand même un investissement, juge Isabelle. Après si on veut en faire autre chose, en plus ça m'a libérée une chambre dans la maison, je peux plus facilement recevoir."

Maguy elle aussi peut recevoir des visiteurs dans son studio. Y compris les visites de ses petits-enfants, qui sont ravis de dire "je vais chez mamy !".


Pour adapter une salle de bains à une personne à mobilité réduite :
- installez une douche à l'italienne avec siège de douche et barre d'appui,
- pensez aux WC surélevés, là encore avec barre d'appui,
- prévoyez un lavabo suspendu, plus accessible en fauteuil roulant.