Lisa Hör - Publié le 16 octobre 2015
LOGEMENT - Grâce à Campus Vert, des étudiants louent leur studio à la ferme. Un succès tel que l'association cherche de nouveaux agriculteurs.
D'un côté, un étudiant en quête de logement. De l'autre, un agriculteur qui a besoin de diversifier son activité. Deux problèmes, une solution : louer un studio à la ferme.
L'idée est née en 1995, à Béthune, dans le Nord-Pas-de-Calais. Trois agriculteurs transforment des bâtiments agricoles en logements étudiants et créent l'association Campus Vert.
Vingt ans plus tard, le réseau s'est étendu à la Picardie, à la Bretagne, et depuis peu à l'Ile-de-France. Plus de 500 logements sont proposés à la location à des étudiants, mais aussi, à de jeunes stagiaires en entreprise.
Le succès est tel que l'association recherche toujours de nouveaux agriculteurs. Odile Colin, présidente de Campus Vert, présente cette formule gagnant-gagnant.
En quoi est-ce intéressant pour les étudiants de loger en dehors de la ville ?
Ils recherchent le calme, la tranquillité, un beau cadre de vie. Ils ont de l'espace. Par exemple autour de Lille, ils louent 40 mètres carrés pour 400 euros. Et nous avons huit demandes pour une offre de logement.
Les loyers sont 20 à 30% moins chers que le marché locatif de la ville universitaire, avec une grille tarifaire obligatoire pour chaque territoire. C'est une volonté de l'association pour pallier les frais supplémentaires liés aux trajets.
Les corps de ferme sont en général à 10 ou 15 minutes de la ville. Il y a besoin d'un véhicule, mais nous avons mis en place un système de covoiturage pour résoudre ce problème de mobilité.
L'investissement est-il rentable pour les agriculteurs ?
Pour ceux qui ont démarré il y a 20 ans, cela fait très longtemps que les projets sont rentabilisés. On a un retour sur investissement au bout de 10 à 12 ans.
Les agriculteurs payent une cotisation de 160 euros par studio et par an, pour bénéficier de la centrale de réservation. (Les étudiants, eux, versent 30 euros à l'association au moment de signer le bail, ndrl.)
Nous avons un taux d'occupation de 97% et les propriétaires louent 11 mois et demi sur 12 leur logement. C'est donc un bon moyen de diversification et un complément de revenu intéressant.
Les agriculteurs bénéficient-ils d'aides financières pour transformer leurs bâtiments en studios ?
Tout dépend des départements. Dans le Nord-Pas-de-Calais, l'Union Européenne et le Conseil Régional apportent une aide à hauteur de 30% du montant des travaux, avec un plafond à 200 000 euros. Les agriculteurs peuvent recevoir jusqu'à 60 000 euros d'aides. En Bretagne, en revanche, il n'y a plus de subventions.
Au-delà de l'aspect financier, qu'en retirent propriétaires et locataires ?
Les agriculteurs nous disent que cela redonne du dynamisme et de la vie à leurs exploitations. Nous avons fixé une limite de six studios maximum par exploitation, pour garder le caractère familial.
Les propriétaires proposent des services aux étudiants. Par exemple : offrir un panier paysan, avec les produits de la ferme, mettre à disposition un atelier pour réparer sa voiture, prêter un vélo pour rejoindre les transports en commun...
Envisagez-vous de développer ce service dans d'autres régions ?
Dans le Nord-Pas-de-Calais, nous couvrons les 12 villes universitaires. Notre voudrions avoir le même maillage dans toutes les régions où nous sommes déjà présents.
Par exemple, en Bretagne, nous avons des logements autour de Rennes, mais il y a d'autres villes universitaires autour desquelles nous souhaiterions nous implanter.
Cela prend du temps. La difficulté est de trouver des agriculteurs dans un périmètre de 20 minutes en voiture maximum autour des universités.