Laura Girsault - Publié le 14 février 2019
VIE NOMADE - Luce et Pierre-François voyagent ensemble sur les routes d'Europe, à bord de leur Van Migrateur, et ont accepté de parler de leur vie de couple dans un si petit espace.
Vivre à deux dans une bulle à quatre roues, face à un coucher de soleil orange sanguine. Ah ! C'est romantique, le réveil des amoureux enlacés dans un lit trop petit, les cheveux emmêlés, une cigarette roulée entre les doigts dont les cendres jaunissent les pages de leur carnet de voyage. Un peu cliché non ? Trop cliché même. Vivre en van, c'est aussi faire ses besoins à dix centimètres l'un de l'autre, partager microbes, odeurs, coups de blues, tous ces petits tracas triviaux qui nous rendent humain. Alors, peut-on dire que la séduction est morte dans le van ?
Pierre-François, 29 ans, est saisonnier, tandis que Luce, 27 ans, est digitale nomade. En couple depuis deux ans, ils habitent un van de 5 m2, avec douche et toilettes. Cette extrême proximité est leur recette du bonheur, à se demander si on ne devrait pas faire pareil !
Est-ce qu'on se dispute plus quand on est l'un sur l'autre ?
Luce et Pierre-François le disent à l'unisson : la proximité n'est pas une source d'angoisse pour eux. L'intimité n'a jamais été un sujet tabou, et ils en parlent librement depuis le début. Luce affirme qu'il y'a moins de tensions entre eux depuis qu'ils vivent l'un sur l'autre :
« Nous nous disputons beaucoup moins dans le van, que lorsque nous vivions ensemble en appartement. Par exemple, avant, rien que pour sortir le chien, nous devions traverser plusieurs rues avant d'arriver au parc. Nous n'avions pas forcément envie de le sortir tout le temps, et le ton pouvait monter. Alors que là, il suffit de mettre le pied dehors. »
Ces voyageurs épris de liberté trouvent leur sérénité dans la nature, ensemble :
« On a vécu six mois ensemble dans un 50 m2, avec un colocataire. Avant cela, on avait voyagé pendant deux mois dans mon ancien van, qui a été immobilisé suite à une arnaque. Du coup, on ne pouvait plus bouger. Ç'a été très dur pour nous et on a fait une sorte de déprime post-voyage. On se disputait souvent, car on avait qu'une seule envie : repartir sur les routes. »
Tous deux soutiennent qu'il faut évidemment contrôler ses nerfs, et qu'ils affrontent les problèmes ensemble, sans langue de bois. Leur espace de vie réduit leur permet d'ailleurs de se confier plus facilement. Pas le choix, ils voyagent ensemble et vivent dans une seule pièce.
Toutes les barrières ont sauté, plus aucune gêne
Vivre en van, c'est expérimenter des situations insolites : « Je me lève au milieu de la nuit pour aller faire pipi dans la nature, tout nu, même à -3 degrés et même lorsqu'il y a d'autres vans garés à côté », confie Pierre-François, amusé. Luce ajoute que même quand ils n'avaient pas encore de douche dans le van, son compagnon avait pris une douche sur un parking, sans rideau, à côté du stade de foot de Vérone. Hé oui, on s'adapte à l'environnement et on n'a pas peur d'improviser dans la nature.
C'est pareil lorsque l'un d'entre eux est malade : « Nous n'avons aucune gêne lorsque l'un de nous a une gastro, par exemple. D'ailleurs, on reste la plupart du temps dans la même pièce, sauf si l'ampleur du problème est vraiment énorme. Si c'est le cas, on va se soulager dehors, tout en respectant les lieux. Seule petite règle : on ne regarde pas lorsque l'autre fait ses besoins, ça parait logique. »
Ils affirment tous deux que cette intimité extrême a consolidé leur vie de couple, et que vivre dans un van ne les empêche pas de s'apprêter, même si les longues douches chaudes ne font pas partie de leur quotidien.
Leurs astuces infaillibles en cas de tensions ? un bon repas bien gras ! En effet, les gros gueuletons sont plutôt rares chez eux, car ils ont une alimentation bio très saine, et un mode de vie « zéro déchet. » Quand ils ont envie d'un peu d'espace (environ deux fois par mois), Luce passe la journée dans le van tandis que Pierre-François fait de grandes randonnées.
Leur idylle, il est vrai, a des allures de conte de fée, comme ils le racontent eux-mêmes dans un bel article de leur blog : "Parfois, un long silence, tourné l'un vers l'autre pour se regarder dans les yeux et essayer de lire dans nos âmes. Tu sais, ce serait si dur de faire tout ça sans toi. Tu es mon énergie, et j'aime découvrir le monde à travers tes yeux, à travers ton coeur."