Matthieu M. - Publié le 5 mai 2019
ÉCOLOGIE - Avant de devenir parents, l'écologie était un concept un peu flou. Depuis, ils ne jurent que par le bio et le zéro-déchet. Rencontre.
Vous l'avez peut-être remarqué autour de vous : l'arrivée d'un enfant rime parfois avec prise de conscience écologique pour les futurs parents. Du jour au lendemain, celles et ceux qui ne savaient pas trier leur déchet deviennent des experts écolos et zéro déchet. Ce bouleversement impacte l'ensemble des habitudes du quotidien et soulève (beaucoup) de questions. Qu'y a-t-il dans les petits pots qu'on donne aux enfants ? Quelle est la composition des couches et autres lingettes ?
Nous avons rencontré trois parents qui nous parlé de leur déclic, ce moment où ils ont pris conscience qu'un changement était nécessaire. Voici leurs témoignages.
Claire, 29 ans : “Nous sommes passés du côté écolo de la force”
Claire a toujours été “plus ou moins écolo”, comme elle le dit elle-même, mais c'est à la naissance de sa fille, il y a 5 ans, qu'elle a décidé “de passer à la vitesse supérieure.”
Elle raconte : “je n'arrivais pas à tomber enceinte. Je suis allée voir mon gynécologue qui m'a dit que c'était normal car j'avais pris la pillule plusieurs années et que mon corps devait s'en remettre. Moi, je n'ai pas trouvé cela normal du tout. Alors j'ai commencé à m'interroger sur tout ce que l'on consommait, mangeait ou mettait sur la peau.”
Une fois enceinte, Claire continue sur sa lancée. Le couple qui habite à Reims, s'intéresse alors à la composition de ce qu'ils utilisent et décident de se débarrasser des produits chimiques pour l'hygiène et la nourriture. “Les bébés ont la peau perméable, ils absorbent la totalité des produits. Je ne voulais pas intoxiquer le mien”, précise Claire.
Depuis la naissance de leur enfant, Claire et son mari ne l'ont jamais lavé avec un gel douche traditionnel ni utilisé de lingettes classiques pour la changer. À la place, c'est savon d'Alep et un mélange de liniment oleo-calcaire (un mélange d'huile d'olive et d'eau de chaux) pour remplacer les lingettes. Leur fille est un bébé zéro-déchet !
“Elle est née avec, aujourd'hui ça lui semble normal de faire des courses en vrac, de ne pas acheter de jouets en plastique.” Un mode de vie minimaliste et zéro-déchet qui fait désormais partie du quotidien de la petite famille (à retrouver sur le blog Bicarandco).
Caroline, 41 ans : “Je suis devenue extrémiste”
Avant sa première grossesse, Caroline n'était pas du genre à se préoccuper de l'écologie et encore moins de l'agriculture biologique, tendances auxquelles elle associait une certaine forme de “snobisme”. Car contrairement à son compagnon, fils de soixante-huitards qui ont tenté à l'époque de créer une coopérative écolo, Caroline ne vient pas d'une famille d'écologistes. “J'avais tout à faire”, reconnaît-elle.
Comme Claire, Caroline rencontre des difficultés à avoir un enfant. Le couple ne comprend pas, interroge la gynécologue sur les raisons de cette difficulté, craignant notamment une maladie. “Elle nous a simplement dit qu'il n'y avait rien d'exceptionnel, que c'était dans l'air du temps, qu'aujourd'hui, l'environnement, la pollution, l'eau, la nourriture perturbent la fertilité”, se souvient-elle.
Cette explication la décontenance et la fait réfléchir. “J'ai voulu développer le sujet, j'ai commencé à lire sur Internet. J'ai compris que j'étais passée à côté de quelque chose qui était en train d'émerger, qu'il y avait des cris d'alerte partout.”
“Mon intérêt quasi nul pour la nourriture s'est transformé en un régime quasi-végétarien faits de produits bio, locaux et si possible cuisinés maison. J'achète le nécessaire. Je privilégie le seconde main, j'emprunte, je répare, je couds. Je tente de réduire mes déchets et achète autant que possible en vrac. Je fais mes produits ménagers moi-même. Je composte et suis en train de monter une association de promotion du compostage collectif de quartier avec 2 copines”, énumère-t-elle.
Caroline l'avoue, une fois l'information digérée, cette architecte est devenue “une vraie extrémiste.” Et d'ajouter : “C'est socialement assez compliqué.”
Bien que sa démarche soit complète, cette Parisienne, s'interroge sur l'impact que peut avoir la vie en ville sur le bien-être de ses enfants. Mais quitter la capitale est impossible pour des raisons professionnelles. “Mon compagnon et moi, on vient de la campagne. Je regrette de ne pas pouvoir offrir ce cadre à mes enfants. On est forcément plus sensible à ces problématiques-là quand on côtoie la nature au quotidien.”
David, 51 ans : “L'avenir, c'est nos enfants, je me dois de leur inculquer certains automatismes”
Ce n'est pas à la naissance de son premier enfant que David, 51 ans, a eu son déclic écolo. “Le plus petit avait 3 ans et la plus grande 8 ans”, se souvient-il. Pourtant, il se souvient avec précision du mois et de l'année à laquelle il a eu sa révélation verte : décembre 2017.
Il nous raconte : “À cette période, dans les journaux télévisés, on annonçait tout un tas de catastrophes naturelles. Je me suis dit que ce n'était pas normal qu'il y en ait autant. C'est pourquoi j'ai commencé à réfléchir au monde que l'on allait laisser à nos enfants, si on continuait de vivre comme on le fait.”
Ce belge, ancien sapeur pompier, réfléchit au meilleur moyen d'avoir une influence positive sur l'avenir et le monde qui l'entoure. “Moi je sais que je ne vais pas pouvoir changer grand chose. L'avenir c'est nos enfants, je me dois de leur inculquer certains automatismes”, explique-t-il.
Avec ses deux enfants, David se met au zéro-déchet et documente ses aventures dans un Vlog qu'il poste sur sa chaîne Youtube, Rien ne se perd ou presque. La famille y va étape par étape. “Grands consommateurs de soda, on a essayé de trouver une alternative. On a commencé par fabriquer nos sirops nous-même, avec moins de sucre et sans avoir besoin de bouteilles en plastique.”
Depuis, ce mode de vie imprègne leur quotidien, un vrai challenge pour David qui n'avait aucune conscience écologique avant ce déclic. “On était de super gros consommateurs, on remplissait notre cadi de choses inutiles. Aujourd'hui, on a compris ce dont on a plus besoin et on se sent beaucoup mieux.”