Emmanuel Chirache - Publié le 2 novembre 2021
BONNE FÊTE, PALETTE - La société RENOVPAL recycle du bois de palette en mobilier, tout en créant des emplois locaux pour les publics les plus en difficulté.
Face à la terrible pénurie de bois actuelle, l'utilisation de palettes reconditionnées s'est imposée comme une alternative fiable pour certains secteurs. Pourquoi ? Parce que c'est pour l'instant plus économique, plus écologique, et surtout très pratique ! La preuve : avec des palettes récupérées, certains parviennent à fabriquer des cuisines, des têtes de lit, des tables basses, des bureaux d'écolier, des étagères de boutique... C'est en tout cas la vocation et le métier d'une entreprise vendéenne au nom plutôt explicite : Renovpal.
L'an dernier, ce sont 15 tonnes de bois de palettes que cette société référencée ESUS (Entreprise Solidaire d'Utilité Sociale) a recyclées, un chiffre colossal. Créée en 2000 à Pouzauges, Renovpal fait d'abord de la réparation de palettes consignées pour des entreprises. A côté, elle développe peu à peu un savoir-faire dans le recyclage de palettes usagées. Directeur chez Renovpal, Frédéric Ehono nous confie : "On récupère des palettes auprès d'artisans locaux, et on en tire des planches déclouées, tordues, fendues. Dans un principe d'économie circulaire, on utilise ensuite ces planches pour faire du mobilier."
La tapisserie est réalisée à partir de sacs de café
Fabriqué sur mesure, le mobilier sert à aménager des bars, des restaurants, des boutiques bio, des épiceries, mais également les cuisines, les salons, les chambres ou les jardins de particuliers. Si tout est fait en palettes, "il peut y avoir un peu de bois neuf pour structurer l'ensemble, notamment des tasseaux, nous explique Frédéric. On récupère ce bois à partir de poutres à déligner qui vont être jetées, et dans lesquelles on fera des tasseaux. Demain, on aimerait tout faire nous-mêmes. La quincaillerie, on est obligés de l'acheter."
L'autre artisanat de Renovpal, c'est aussi la tapisserie pour finaliser certains mobiliers. Le responsable de l'atelier est également tapissier réparateur. "On récupère la toile de jute des sacs de café et on fait de l'habillage, de l'assise, avec ça, détaille Frédéric. Parfois aussi avec du tissu neuf, en fonction de ce que le client veut en termes de coloris, etc." Côté prix, pas évident de donner des tarifs car les meubles sont presque toujours réalisés sur mesure en fonction de chaque demande, mais pour donner un exemple, une table basse de 70x70 cm coûte 110 euros TTC.
Le côté récup' fait économiser un peu d'argent, mais l'artisanat, ça se paye ! Dans un contexte de hausse des prix du bois, ce type de mobilier conserve malgré tout un attrait financier non négligeable quand on voit le prix fou des objets en bois dans les concept stores. Aujourd'hui, la déco "naturelle" n'a jamais été aussi tendance, et c'est sans doute pour ça que Renovpal propose aussi des tonneaux de cave à vin reconditionnés chez Castorama, par exemple.
Une "entreprise d'insertion" qui fait tremplin pour une dizaine de salariés
Comme le note le site du ministère du Travail, de l'Emploi et de l'Insertion, une entreprise d'insertion est "une entreprise opérant dans le secteur marchand, mais dont la finalité est avant tout sociale" : proposer l'accès à l'emploi et un accompagnement socioprofessionnel à des personnes en difficulté : demandeurs d'emploi de longue durée, allocataires de minima sociaux, jeunes sans qualification, etc. Renovpal emploie ainsi 19 personnes dont 14 en insertion.
"Il s'agit surtout de jeunes en décrochage scolaire, de femmes seules ou en famille monoparentale, d'après Frédéric Ehono. Des gens qui ont été licenciés et ensuite tout s'écroule pour eux. Notre mission est vraiment locale, on doit répondre sur un territoire aux problèmes des gens, qui ont des problèmes de logement, de mobilité, de chômage... On a une conseillère dédiée pour voir quels sont leurs freins à l'emploi, pour qu'ils retrouvent de la stabilité."
Particuliers, commerçants, ou grandes entreprises, tous font donc appel à Renovpal autant pour leur savoir-faire que pour leur contribution à l'économie solidaire et sociale. Et il y a fort à parier que la Vendée ne sera bientôt plus seulement la terre des mogettes, mais aussi celle des palettes !