Kevin Sonsa-Kini - Publié le 15 juillet 2020
JARDIN - 18h39 a recueilli les témoignages de particuliers (propriétaires et locataires) qui ont loué leur jardin, pour savoir comment ça marche.
Un barbecue en plein air, un mariage, un anniversaire, une cousinade dans un magnifique jardin avec piscine, ça vous tente ? Eh bien, figurez-vous que des sites de location de jardins et d'extérieurs offrent la possibilité de bénéficier d'un espace vert pour une journée, un week-end ou une semaine.
Jardins-prives.com est l'une des plateformes de site de location et partage de jardins entre particuliers. Créée en 2016 par Pascale Krief, ce site propose un large éventail de jardins, de la tiny house au potager, en passant par le "jardin à entretenir". "L'idée est de permettre à des locataires qui vivent dans des milieux urbains de se ressourcer dans un espace privé", explique au téléphone Maeva Bel Harat, co-fondatrice de Jardins-prives.com et fille de Pascale Krief.
Même son de cloche chez une autre plateforme de location de jardins nommée Louer Dehors : "Notre ambition est de redonner de l'air aux citadins en leur permettant d'accéder à un espace extérieur privilégié", justifie de son côté Sabine Dissaux, fondatrice de cette plateforme qui compte 50 réservations de jardin avec une moyenne de 20 participants. Dans ces deux plateformes, des locataires et particuliers ont loué des espaces pour des moments en famille ou entre amis. Qui sont-ils ?
"J'ai profité du jardin comme si c'était le mien"
Jérémy Benchetrit, consultant dans un cabinet de conseil situé à côté des Champs-Élysées a eu la malchance de fêter son anniversaire confiné. "Dans ma famille, il y a eu pas mal d'anniversaire qui sont tombés pendant le confinement et on n'a pas pu se réunir, confesse-t-il. On a cherché un moyen de se réunir post-confinement". C'est ainsi que Jérémy pioche sur le site de Jardins-prives.com en espérant trouver son bonheur : "J'ai cherché différents jardins qui pouvaient correspondre à ce que je recherchais. Je voulais me retrouver avec toute la famille".
C'est désormais chose faite ! Jérémy est locataire d'un jardin situé à Saint-Maur-Des-Fossés dans le département du Val-de-Marne. Il peut enfin célébrer son anniversaire comme il se doit avec sa famille. "Ça nous a permis de respirer, de prendre un peu l'air. Après deux mois de confinement c'était très agréable de se retrouver tous ensemble, confie le jeune homme. J'ai profité du jardin comme si c'était le mien".
"Quand des personnes arrivent dans le jardin et que c'est la première fois qu'ils le louent, ils font attention, commente Maeva Bel Harat. Et puis très rapidement, au bout d'une demi-heure sur place, ils s'approprient le lieu. On a l'impression qu'ils se sentent chez eux. Peut-être qu'un jour, je louerai un jardin avec piscine", s'amuse-t-elle.
Des propriétaires responsables de l'entretien
L'avantage pour le locataire provisoire du jardin, c'est qu'il n'a pas besoin de l'entretenir ! En revanche, la tâche incombe aux propriétaires, et elle n'est pas de tout repos. "Avoir un jardin aujourd'hui c'est aussi beaucoup d'investissement", explique Maeva Bel Harat qui a été par ailleurs propriétaire d'un jardin qu'elle a loué pour un anniversaire.
A Lantabat dans les Pyrénées-Atlantiques, Paule est propriétaire d'une maison avec jardin. Cette retraitée de l'enseignement qui vit en région parisienne avec son mari occupe cette propriété depuis vingt ans. Ils y reviennent toutes les quinzaines. "Quand nous arrivons au Pays Basque, le jardin est à entretenir, explique t-elle, L'herbe fait quand-même un mètre carré de hauteur et donc il faut défricher".
D'origine basque, Paule a obtenu cette propriété grâce à son fils Benjamin, président de We Peps, un site de location de maisons et jardins. Quand il lui propose de louer cette ancienne ferme basque sur son site, Paule se montre sceptique au départ : "Louer un jardin avec la maison est très personnel. On ne connaît pas les gens, on ne sait pas à qui on a affaire. Je n'ai jamais eu l'habitude de louer un bien à des personnes inconnues". Finalement, elle s'aperçoit qu'entretenir cette maison avec jardin constitue "un bon investissement immobilier".
A Asnières-sur-Seine, Catherine Marmion, créatrice d'entreprise est propriétaire d'un jardin avec son compagnon Jacques. Utilisateurs de Louer Dehors, ils louent leur jardin depuis juin 2019 : "Après avoir rencontré Sabine Dissaux, on a commencé à proposer notre jardin en location avant l'ouverture de la maison d'hôte", détaille Catherine Marmion. Dans cet espace, l'entretien du lieu, c'est le minimum recommandé. "Ce jardin fait vraiment partie de notre quotidien. Quand des personnes souhaitent le louer, on fait tout pour qu'il soit joli et le plus accueillant possible".
Des réservations en hausse depuis le confinement
En ce début d'été 2020, les réservations vont bon train pour le jardin de Catherine Marmon: "Ça n'arrête pas" malgré l'épidémie de Covid-19, qui ne semble pas avoir changé la donne. Même constat chez Jardins-prives.com : "Après le déconfinement, nous avons constaté une hausse des fréquentations de notre plateforme, remarque Maeva Bel Harat. En juin 2019, nous avions 15 locations par mois et cette année, nous les avons multipliées par 5".
Et dans ces cas-là, l'activité peut être lucrative : comptez parfois entre 5 et 10 euros de l'heure et par personne la location du jardin, plus d'éventuels frais de ménage. Le prix varie en fonction de la taille et des services proposés, certains disposant même de dortoirs aménagés dans des greniers, par exemple. Arrondir les fins de mois des uns, tout en permettant à d'autres de s'offrir de belles fêtes à prix modéré, tel est le bon compromis économique de la location de jardin.
Louer son jardin ou sa maison peut être aussi un générateur de lien social : "Ça nous permet de faire de belles rencontres, témoigne Jacques, le compagnon de Catherine Marmon. La plupart du temps ça se passe très bien. Les gens sont très heureux de venir et ça nous fait extrêmement plaisir". Mais, faire de belles rencontres ne signifie pas pour autant se faire des nouveaux amis : "On en a déjà beaucoup".