Matthieu M. - Publié le 12 avril 2019
ÉNERGIE RENOUVELABLE - Dans les Bouches-du-Rhône, une centaine de citoyens se sont mobilisés pour réhabiliter le moulin de Velaux, en panne depuis plusieurs années.
Ce moulin du 16ème siècle a survécu au temps en devenant une centrale électrique. Mais catastrophe, en 2012, une pale s'est cassée et tout s'est arrêté... jusqu'à ce qu'un groupe de citoyens se remonte les manches !
Réhabiliter, rénover ou entretenir le patrimoine historique français est une mission qui passionne de plus en plus de Français-es, au vu, notamment, du succès du loto du patrimoine initié par l'animateur Stéphane Bern.
Quand ces projets permettent en plus de générer une production d'énergie propre et respectueuse de l'environnement, c'est encore mieux ! C'est cette double mission que sont parvenus à remplir les 220 personnes qui ont remis sur pied le moulin de Velaux, dans les Bouches du Rhône, pour en faire une mini centrale électrique.
Sortir du nucléaire et produire une énergie locale
Entre 2015 et mars 2019, ces citoyens engagés se sont mobilisés pour rendre concrète leur conviction écologiste. L'objectif ? D'abord sortir du nucléaire. Pas question d'utiliser de l'énergie fossile, eux veulent une énergie renouvelable."On sait que cette énergie-là, n'émet aucun gaz à effet de serre, n'a aucun impact sur notre environnement", explique Gérard Maurial, 72 ans, engagé dans le projet et habitant de Ventabren, une commune voisine, en désignant le moulin. Ils veulent aussi une énergie produite localement. "Environ 10% de l'énergie consommée en France est perdue par les lignes de transport", précise Gérard Maurial.
Mais avant de transformer ce moulin du 16ème siècle, qui servait autrefois à broyer des olives ou du grain, il a fallu convaincre son propriétaire actuel de lui offrir une cure de jouvence. Car depuis 1962, la Marie Thérèse, c'est son nom, a été reconvertie en centrale électrique. Elle a cessé de fonctionner en 2012, lorsque l'une des pales a cassé.
Quelques années plus tard, ce sont les équipes d'Enercoop PACA, un fournisseur d'électricité d'origine renouvelable, qui s'intéressent à ce moulin. Une fois le propriétaire convaincu et plusieurs études de faisabilité réalisées, Enercoop se rapproche d'un petit groupe de citoyens, déjà intéressé par le projet de rénovation, le groupe "moteur", originaire de Velaux et des environs.
Après avoir créé une SAS (Société par Actions Simplifiées), le groupe s'entoure d'un maximum de citoyens qui souhaitent s'investir à leur tour dans ce projet écolo. “Ce n'est pas très commode de s'organiser mais on s'est distribué le travail de trois manières. Un groupe technique qui travaillait sur la machine et l'électricité, un groupe juridique, un groupe financier et un groupe communication, pour nous faire connaître”, explique Gérard Maurial, membre du groupe technique au sein duquel 29 ingénieurs bénévoles ont travaillé d'arrache-pied.
Une rénovation permise grâce à la mobilisation de 200 personnes
Et leur participation était plus que nécessaire ! En plus de devoir réparer la turbine et la pale cassées, il a fallu installer un alternateur neuf, pour générer de l'électricité, et un système de commande que l'on peut utiliser à distance.
En amont du moulin, le groupe technique a réalisé d'importants travaux hydrauliques. “Il était nécessaire d'installer un dégrilleur pour enlever les branches transportées et qu'elles ne se coincent pas dans la turbine”, explique Gérard Maurial.
Des rénovations qu'il a fallu financer. Le budget total pour réhabiliter la centrale a été de 700 000 euros, dont 180 000 euros ont été financés par les 200 citoyens eux-mêmes. Le reste a été financé en partie par la région. Pour les inciter à investir, la coopérative citoyenne a dû convaincre et rassurer les futurs investisseurs que ce projet était rentable. "On ne va pas faire fortune ! Mais on a à cœur de pouvoir reverser ce que l'on a promis à nos souscripteurs", s'exclame Gérard Maurial.
Un projet écologiste qui a vocation à se répandre
Car au-delà de la question des bénéfices, c'est avant tout des convictions communes qui rassemblent ces citoyens et citoyennes. La plus évidente d'entre elle est l'écologie. Gérard nous a par exemple raconté que la rénovation "a pris soin de faire en sorte que les poissons, les anguilles notamment, puissent monter et descendre la rivière librement." Le moulin la Marie Thérèse fait partie du réseau Natura 2000 qui œuvre au maintien et à la diversification de la biodiversité des sites naturels.
"C'est un projet coup de cœur", rappelle-t-il. Coup de cœur mais pas amateur puisque le 12 mars 2019, la centrale a envoyé ses premiers électrons dans le réseau. "La puissance nominale de l'installation est de 154 kW, précise Gérard Maurial, la centrale peut alimenter 150 foyers, hors chauffage."
L'engouement est tel que certains citoyens du projet ont fondé une association, "les Amis de Provence énergie citoyenne", que préside Gérard. "Le but est de promouvoir et d'essaimer ce que l'on a fait et ce que l'on sait. L'idée est d'apporter un support technique bénévole", explique-t-il.
En attendant l'inauguration officielle, le 18 mai prochain, les 220 citoyens constatent avec fierté le chemin parcouru. "Ça a soudé les gens, les habitants de Velaux et des communes voisines", assure Gérard. Un beau projet que l'on espère voir faire des petits partout sur le territoire !