Matthieu M. - Publié le 23 décembre 2019
TÉMOIGNAGES - Comment ne pas passer pour le radin de la famille quand on souhaite sauver la planète ?
“Tu n'auras rien pour Noël !” Dans certaines familles, cette phrase représente la menace ultime à l'encontre de celles et ceux qui n'ont pas été sages toute l'année. Dans d'autres familles, c'est une démarche volontaire à laquelle souscrit toute la maisonnée.
Pour réduire la pollution ou les déchets qu'ils produisent, de plus en plus de personnes se détournent des cadeaux neufs pour investir dans des présents de seconde main ou offrir des objets qu'ils ont confectionnés eux-mêmes. Une stratégie zéro déchet et minimaliste mais comment justifier cela auprès d'un enfant ? Comment ne pas passer pour un gros radin aux yeux de ses proches ?
Nous avons posé la question à Olivier, Sylvie et Jessy, blogueurs et blogueuses écolo ou zéro déchet.
Olivier : aucun cadeau neuf pour les fêtes de Noël dans toute la famille
Olivier et sa “famille Sardine” sont des minimalistes chevronnés puisqu'ils ont vécu un an dans 30 m2 pour expérimenter une vie plus simple, loin de leur grande maison. Rien d'étonnant donc quand il nous apprend que cela fait plusieurs années que sa femme et lui n'achètent plus de cadeaux neufs pour Noël.
Pour compenser, ils chinent, créent eux-même ou offrent des cadeaux qu'on leur a offert. “Ça amuse tout le monde que les cadeaux tournent”, confie-t-il. Une règle : pas plus d'un cadeau par personne.
Mais cette tradition minimaliste ne se limite pas au couple et à leurs trois enfants puisque sa famille et celle de sa femme se sont lancés à leur tour. “Au début ils n'étaient pas convaincus. Aujourd'hui ce sont eux qui réclament. Ma belle-soeur a lancé cette année l'idée que l'on confectionne nous-même les paquets cadeaux”, explique Olivier.
Toutefois, Olivier reconnaît qu'avec leur plus jeune fils de 7 ans, la pillule a parfois du mal à passer. “Il rêvait d'avoir la dernière Nintendo. On lui a dit que ce n'était pas possible, qu'on lui avait déjà acheté une Wii d'occasion et qu'il avait tout ce qu'il faut”, raconte-t-il. À la place : des boules de pétanque, d'occasion bien sûr.
Et pour celles et ceux qui craignent de passer pour des radins, Olivier conseille d'en discuter en amont avec sa famille. “Il faut leur expliquer que c'est une démarche écolo, que ça réduit la pollution. On est tout le temps en train de parler du réchauffement climatique, il y a énormément de personnes qui sont réceptives”, recommande-t-il.
Sylvie : étape par étape pour se concentrer sur l'essentiel
Quand ils se sont lancés dans le zéro déchet il y a quatre ans, Sylvie et sa famille n'ont pas réussi à se passer de cadeaux pour le premier Noël. “On a commencé en novembre, c'était trop tôt”, souligne-t-elle. Alors pour ne pas brusquer son mari et ses deux filles de 13 et 10 ans aujourd'hui, la Belge y va étape par étape.
“La première année on a identifié ce que cela engendre en termes de déchets. À partir de la deuxième année, on a remis en question le fait de s'offrir des cadeaux avec des listes qui deviennent une contrainte”, se souvient-elle. Sylvie propose alors de diminuer la quantité de cadeaux offerts et de se concentrer sur les cadeaux de seconde main, sans emballage.
Autre détail, la famille (dont vous pouvez suivre les aventures zéro déchet sur leur blog) procède par tirage au sort : une personne se charge du cadeau de la personne piochée. Sans oublier de dialoguer avec les enfants lors de l'élaboration de la liste. “On discute avec eux de ce qui est essentiel. On veut les sensibiliser aux jouets pleins de plastique et à ceux qui vont finir dans un bac rapidement”, explique Sylvie.
En revanche, Sylvie est souple puisqu'elle tolère deux voire trois cadeaux pour ses enfants. Elle achète même parfois des cadeaux neufs qui viennent de petits créateurs locaux. Cette année, elle offre une gourde zéro déchet à son beau-frère. “Moi je ne veux rien rien rien !”, s'exclame-t-elle. Et d'ajouter : “Ce qui fait Noël c'est d'être en famille, faire un bon repas. Et les cadeaux viennent compléter ça.”
Jessy : éviter la surconsommation
Jessy qui “a plus de trente ans”, pratiquait le zéro déchet sans le savoir depuis quatre ans. “Mon objectif était de moins consommer et d'être autonome en fabriquant moi-même”, explique-t-elle. Puis un jour, elle tombe sur le livre de la Famille Zéro Déchet et comprend que ce qu'elle fait au quotidien (qu'elle documente sur son blog) porte un nom.
Ainsi, pour les fêtes de fin d'année, “je fabrique un maximum d'objets et pour les enfants, c'est de l'occasion. Ils ne s'en rendent même pas compte”, nous apprend-elle.
Dans sa vie d'avant, elle offrait des iPad ou la dernière souris d'ordinateur, “mais ces cadeaux ont disparu”, confie-t-elle. À la place, elle se concentre désormais sur des cadeaux écologiques et réutilisables. “J'offre pas mal de livres d'occasion et des jouets trouvés dans des recycleries. Pour les adultes, des emballages zéro déchet ou des objets neufs zéro déchet”, énumère-t-elle.
Son objectif : “ne pas offrir plein de babioles” et éviter la surconsommation. Mais pas question pour elle de se passer de cadeau pour les fêtes : “Je trouve que c'est un moment festif, j'offre toujours quelque chose.”
Si vous avez peur de passer pour la pince de la famille, rappelez-vous qu'un cadeau fait main, c'est du temps. Et le temps, c'est de l'argent non ? Bonnes fêtes !