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GAIN DE TEMPS - Rencontre avec la journaliste Emmanuelle Mayer qui nous fait relativiser quant au temps que l'on passe à faire le ménage.

Étendre le linge, passer l'aspirateur, la serpillère, faire les vitres… La liste des tâches ménagères semble sans fin ! Et, à peine a-t-on terminé que tout est à recommencer. Car la poussière comme les chaussettes sales n'en ont que faire de notre ras-le-bol. Mais faut-il vraiment passer autant de temps à faire le ménage ? Emmanuelle Mayer, journaliste qui explore depuis plus de 20 ans les sujets de l'habitat, de l'artisanat, de l'écologie, de la ruralité et des transformations sociales, s'est posée la question et a décidé de mettre en place une routine ménage minimale. Retour sur expérience.

À quelle fréquence doit-on faire le ménage ?

1. Pourquoi fait-on le ménage ?

On ne se pose pas la question tant le ménage fait partie de notre quotidien mais finalement pourquoi brique-t-on à fond nos maisons quasiment tous les jours ? Emmanuelle Mayer rapporte une conversation qu'elle a eue avec son compagnon  : « Il me disait "faire le ménage, c'est nettoyer la saleté. Je ne vais pas nettoyer si ce n'est pas sale". Je lui avais rétorqué : "mais non, faire le ménage, c'est maintenir la propreté". » Elle nuance toutefois son propos : « Je dirais que je me situe entre ces deux visions du ménage. Autant maintenir la propreté me semble excessif, autant il y a des degrés de saleté quand on dit nettoyer uniquement quand la maison est sale. »

Mais où mettre le curseur ? La journaliste souligne une tendance qui semble s'accentuer depuis l'apparition du COVID : « J'ai l'impression que les niveaux de ce qu'on définit comme la propreté ont augmenté ces dernières années et que le niveau de tolérance a diminué. J'ai l'impression qu'il y a une injonction à ce que tout soit toujours hyper propre. ». Il faut dire que la réalité que laisse entrapercevoir les réseaux sociaux est faite d'intérieurs immaculés et de nouvelles technologies de nettoyage. Mais cette obsession de la propreté est-elle vraiment nécessaire ?

2. Une routine ménage à adapter à son mode de vie

C'est petit à petit qu'Emmanuelle Mayer a peaufiné une routine ménage satisfaisante : « Quand je me suis retrouvée mère solo, j'ai eu l'impression que le ménage allait me prendre tous mes week-ends ». Elle teste alors différentes méthodes pour optimiser ce temps de ménage : elle habite une maison sur plusieurs niveaux et tente par exemple de s'occuper chaque semaine d'un étage. « Mais c'était très frustrant pour moi car la maison n'était jamais nickel ».

Jusqu'à trouver le rythme qui lui convient : faire le ménage dans toute la maison (à tous les étages) à chaque vacances scolaires ainsi qu'une fois au début de l'été et une fois à la fin : « Je ne suis toujours pas ravie de faire le ménage. Ça me prend la journée mais, après, je me dis que pendant 2 mois, je suis tranquille. En adoptant cette manière de faire, je me suis sentie allégée ! ». Ce qui ne l'empêche pas de nettoyer plus régulièrement l'évier, le plan de travail ou les toilettes ou de passer le soir un coup de balai dans la cuisine ou le séjour, pièces les plus fréquentées. « Mais avec ces petites tâches, je n'ai pas l'impression de faire le ménage. Je les fais en même temps que je fais autre chose ».

Ajoutant toutefois : « C'est un rythme de ménage à prendre avec des pincettes. Mes enfants (des adolescentes) sont présentes une semaine sur deux et je n'ai pas de chien. Et, à l'intérieur, nous retirons toujours nos chaussures pour que la maison se salisse moins vite. Chacun·e doit l'adapter à son habitation, à son mode de vie et à ses contraintes ! »

3. Ne pas confondre ménage et rangement

Emmanuelle Mayer souligne un point important : la différence entre ménage et rangement. « Quand je parle de ménage, je parle bien de salissure. Je ne parle pas du rangement ». Il est vrai qu'on a parfois tendance à inclure le rangement dans le ménage.

« Chez moi, c'est toujours bien rangé. Parce que je suis comme ça. Je n'aime pas du tout le bazar, tout comme mes filles et mon compagnon. Il y a de la vie bien sûr mais il n'y a pas des choses qui traînent partout. Pour moi, la sensation de se sentir bien chez soi vient quand même beaucoup de l'ordre et de la décoration ». Peu importe qu'il y ait un peu de poussière sur les meubles.

4. Moins d'objets, moins de ménage, plus de temps libre

Un autre point cher à Emmanuelle Mayer (et elle en parle très bien dans son livre, La Déco éthique aux éditions Eyrolles) : le minimalisme. « Chez moi, ce n'est pas du tout minimal au sens des clichés qu'on a sur le sujet mais il y a quand même une réflexion sur les objets que je possède ou pas. J'évite de me faire trop envahir. » Or, qui dit moins d'affaires dit moins de choses à ranger. « C'est aussi plus de place pour décorer ou pour reposer son œil ! ».

Cerise sur le gâteau : « Les intérieurs épurés et bien pensés sont naturellement plus faciles à nettoyer ! ». Moins d'objets, moins de contraintes, plus de temps pour soi… Et si c'était ça, le vrai luxe ?