"Il n'y a pas de formule magique contre les punaises de lit, il faut une prise de conscience globale"

INTERVIEW - Comment espérer éradiquer les punaises de lit à grande échelle, alors qu'elles envahissent de plus en plus d'habitations ?

2020 aura été, plus que jamais, l'année de la punaise de lit. Alors que nous sommes restés confinés à la maison, cet insecte s'est multiplié. La chambre syndicale des industries de désinfection, désinsectisation et dératisation (CS3D) a noté + 70 % d'interventions contre ce nuisible dans certaines régions.

Comment venir à bout de cet insecte, qui pique la nuit mais peut surtout traumatiser les personnes dont le foyer est infecté ?

Le CS3D a signé en 2020 un partenariat avec le ministère de la Ville et du Logement pour structurer la filière et donner des garanties aux particuliers qui font appel aux entreprises adhérentes. Stéphane Bras, porte-parole de la chambre syndicale, a répondu à nos questions.

18h39 : Comment en est-on arrivés là alors qu'en 1950, les punaises de lit avaient disparu ?

Stéphane Bras : Elles avaient pratiquement disparu de nos contrées, parce que l'humain avait inventé des insecticides extrêmement puissants. Ça tuait beaucoup de choses, y compris l'environnement et les humains à petit feu. On a interdit l'usage de ces insecticides, on a en réduit la puissance et les punaises ont repris leur place. Ça a été facilité par le fait qu'on bouge beaucoup plus, en week-end, en vacances, pour le travail, d'un continent à l'autre. Donc il y a eu une accélération des infestations à partir des années 2000.

Est-ce exact que les punaises de lit ont muté et sont devenues résistantes aux produits chimiques ?

Il y a des phénomènes de résistance, mais ce n'est pas non plus général. C'est surtout le fait que les produits insecticides aient baissé en puissance. L'autre élément, c'est que la punaises de lit est l'insecte le plus difficile à traiter en habitat commun, car il se réfugie dans des fentes, des fissures et il va être capable de ne pas se nourrir pendant de longs mois… On est face à un fléau complexe.

Ce qu'il faut c'est traiter en faisant appels à des professionnels connus et reconnus, utiliser des produits certifiés, voire pas de produit du tout. On a des méthodes qui sont le froid, le chaud, la terre de diatomée, qui fonctionnent.  

Puisque la solution ne peut pas être de revenir à des insecticides toxiques pour la santé, peut-on espérer les éradiquer à grande échelle et comment ?

Il n'y a pas une solution ni une formule magique. D'abord, faire de la pédagogie, savoir comment identifier les punaises de lit. Ensuite, il faut faire une analyse très précise du local, du mobilier, du niveau d'infestation, pour avoir le bon traitement et ne pas amplifier le problème.

La condition pour qu'on puisse réduire la problématique, c'est qu'il y ait une prise de conscience globale. On n'a pas encore de produit qui permettrait de prévenir toute infestation. Donc il faudrait faire des états des lieux le plus fréquent possible. Comme pour une voiture, on sait que tous les X km, on doit faire une vidange.

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Est-ce qu'il faudrait par exemple obliger les hôtels à faire plus de contrôles pour vérifier l'absence de punaises de lit ?

Les hôtels sont victimes. On devient acteur dès lors que l'on sait qu'on a un problème et qu'on ne fait rien. Mais les hôtels n'élèvent pas des punaises de lit. Ils peuvent désinfecter une chambre et le lendemain un autre client est susceptible d'en ramener. Pour un hôtel, c'est une calamité d'avoir des punaises de lit, par la force des choses, ils agissent.

Ce qu'il faut, c'est plus une prise de conscience transgouvernementale, que tous les ministère fassent la même démarche que le ministère du Logement, pour le tourisme, pour l'éducation... Tous les secteurs sont touchés, les casernes, les maisons de retraite, les crèches, les moyens de transport, les hôpitaux, ça existe partout. C'est logique car on les promène partout, c'est nous qui les transportons.

Il ne faut plus que ce soit pas caché, mis sous le tapis. L'omerta sur la punaise de lit existe, c'est un peu une infamie alors que ce n'est pas un problème d'hygiène.