Lisa Hör - Publié le 25 janvier 2019
CALENDRIER DU JARDINIER - Faut-il suivre un calendrier tout prêt fait ? Si non, comment savoir quand semer et planter ?
Alors que la terre se repose encore, en plein hiver, c'est le bon moment pour réfléchir à votre plan d'attaque : comment allez-vous vous organiser cette année pour cultiver de beaux légumes ? Devriez-vous élaborer et suivre un planning précis, pour savoir quand semer, planter et récolter ?
Sur 18h39, nous détaillons chaque mois les travaux à faire au potager, mais les listes à cocher peuvent parfois faire un peu peur, surtout quand on débute.
Nous avons donc demandé comment s'organiser globalement à deux experts du potager aux visions contrastées. À vous de suivre la méthode qui vous convient le mieux !
Faut-il, oui ou non, faire un calendrier pour votre potager ?
- Oui, c'est indispensable pour gagner du temps
Dorian Tourin-Lebret est le créateur du jeu de société Supermaculture. Celui-ci permet d'apprendre les bases de la permaculture, une philosophie, qui appliquée au jardin, vise à cultiver en observant au maximum son environnement et en respectant les cycles naturels, sans produits chimiques.
Pour Dorian, un calendrier du potager est “indispensable parce que ça permet de ne pas se poser trop de questions et de bénéficier de l'expérience des autres, plutôt que d'inventer seul-e dans son coin”.
Mais il conseille tout de même une certaine souplesse : ce calendrier devra être adapté aux spécificités de votre région et de son climat. C'est pourquoi il recommande de s'inspirer :
- des calendriers de jardinage que l'on trouve dans les livres et dans les médias (par exemple, au hasard, celui de 18h39),
- de son jeu de société (nous l'avions testé, et il a été très didactique pour les débutant-es que nous sommes),
- des dates de semis indiquées sur les sachets de graines, sous abri et en pleine terre,
- de ce que font vos voisins. “S'ils font leur jardin depuis plusieurs années, ils auront appris ce qui est spécifique à leur jardin, et a priori, cela se rapprochera du vôtre.”
Et si l'on ne suit pas à la lettre son calendrier ? Il suffit de le noter, pour garder une trace. Par exemple, si l'on sème une semaine plus tard que ce qui était prévu et que la récolte est bonne, on pourra en tenir compte la prochaine fois.
- Non, c'est de l'esclavage !
Didier Helmstetter, auteur du Potager du paresseux (Ed. Tana, 2018), a une toute autre façon de travailler, qu'il résume en “Travailler moins pour ramasser plus” (de légumes), et qu'il nous avait expliquée dans cet article. En quelques mots, il s'agit de recouvrir la terre d'une bonne couche de foin, pour le nourrir, et de laisser faire la nature.
Pour lui, c'est clair, tout calendrier est à bannir : “C'est l'esclavage du jardinier, c'est quelqu'un qui décrète une fois pour toute, pour toute la France, ce qu'il faut faire, comme si le climat et la terre étaient les mêmes partout.”
Pas de date précise donc, mais seulement de l'observation. “Le potager du paresseux s'appuie sur les principes du vivant, l'activité des vers de terre, des bactéries et des champignons qui préparent la terre pour que les plantes s'y développent. C'est un mécanisme naturel, qui ne sera pas le même chez moi et à 100 km de là. Nier cela, en disant qu'il faut semer au mois de mars ses haricots verts, c'est fermer les yeux, douter de soi et de sa faculté d'observer ce qui se passe.”
Si l'on ne suit pas de calendrier, on sème quand bon nous semble ?
Oui, en quelque sorte. Si vous ne suivez pas de calendrier pré-établi, il vous faudra observer la nature. Tous les ans, Didier Helmstetter commence ses semis vers mi-mars, sous des chassis (mais cela peut être aussi sous serre), pour que les plants commencent à grandir à l'abri des gelées. Cela lui permet de repiquer les plants vers mi-mai.
Pour décider du moment exact auquel replanter, il repérer le moment où les forsythia commencent à fleurir dans son jardin.
Une deuxième grande vague de semis se déroule dans la deuxième moitié de l'été, entre juillet et septembre, pour les légumes d'hiver (ceux que vous allez récolter en novembre-décembre, ou qui resteront en sommeil jusqu'au printemps suivant). La seule chose à faire : “bien tasser le sol sur les semis en le piétinant.”
Et pour les autres travaux du jardin ?
Le principe du potager paresseux est d'en faire le moins possible. Didier Helmstetter n'arrose jamais, sauf pour les semis d'été, en cas de sécheresse. Dans ces cas là, il arrose chaque jour en petite quantité, jusqu'à ce que la plante ait démarré. La seule autre tâche qu'il accomplit : déverser du foin ou de la paille sur son jardin, à partir de février. Cette couche va se désagréger petit à petit jusqu'à l'année suivante.
Si vous préférez suivre une méthode plus conventionnelle, vous vous demanderez peut-être quand désherber votre potager ou encore quand tailler les arbres fruitiers. Pour Dorian Tourin-Lebret, ces travaux ne sont pas à inscrire dans son calendrier, car ils varient en fonction des variétés. Son astuce : planter un petit écriteau à côté de chaque plantation, avec un rappel des tâches à accomplir, et à quel moment de l'année. Cela peut être sous forme de pictogrammes. Vous aurez ainsi un rappel chaque fois que vous vous promènerez dans votre jardin !
Pensez aussi à faire le plan de votre potager !
Utilisez aussi cette période de réflexion pour organiser votre parcelle. “Il s'agit de décider à quel endroit vous mettez chaque culture, pour maximiser les interactions bénéfiques entre les cultures”, explique Dorian Tourin-Lebret. Vous pouvez par exemple vous inspirer de ce tableau, qui indique quels légumes font bon voisinage.
Ce plan vous aidera à mieux élaborer votre calendrier : à quel moment semer quelle variété, pour qu'elle se retrouve à côté de telle variété amie ?
“L'idée est aussi d'étaler la charge de travail dans le temps, de ne pas avoir deux semaines de travail intense pour les récoltes et après plus rien. La permaculture doit aussi prendre soin de l'humain”, indique Dorian Tourin-Lebret.
Quelque soit la méthode que vous retiendrez, la finalité sera la même : ne pas vous épuiser au jardin, pour que cela reste un plaisir !