Matthieu M. - Publié le 13 mars 2021
JARDIN - Dans son livre, Blaise Leclerc nous livre ses conseils pour adapter son jardin à la hausse des températures.
Près de 4 degrés supplémentaires en moyenne en 2100 par rapport à aujourd'hui : ce sont les prévisions terrifiantes annoncées par Météo France dans une étude de février 2021. “La France subirait des canicules quasi permanentes en été, des sécheresses beaucoup plus longues, la moyenne montagne ne verrait presque plus de neige et les gelées disparaîtraient pratiquement de la plupart des régions”, précise son site internet.
Cette hausse des températures ne sera pas sans conséquence sur le jardin, le potager et ses légumes. Ces conséquences sont d'ailleurs déjà visibles. C'est le constat que dresse Blaise Leclerc, ingénieur agronome et jardinier, dans son livre Légumes et canicule - adapter le potager au réchauffement climatique (Ed. Terre vivante, 2021). Dans ces conditions nouvelles et pour le moins extrêmes, comment continuer à cultiver ?
Spoiler : le réchauffement climatique a déjà des conséquences sur le potager
Pour celles et ceux qui se disent que 2100 ne les concerne pas, désolé de vous décevoir mais le réchauffement climatique a déjà commencé et s'est même accéléré ces dernières décennies, comme nous le confirme Blaise Leclerc : “Moi je jardine dans le Vaucluse, ces deux dernières années, je n'avais plus d'eau à partir de mi-juillet.”
En raison des fortes chaleurs et de la baisse de la pluviométrie, ce jardinier de 61 ans a même arrêté de cultiver certains légumes d'été. “J'ai abandonné les haricots verts, le maïs et je me suis consacré aux légumes d'hiver, les chicorées, les carottes, poireaux”, explique-t-il. Les tomates attrapent même des coups de soleil qui se traduisent par des taches blanches. Bien qu'elles soient sans conséquence sur la qualité du fruit, elles sont révélatrices d'une exposition accrue aux rayons du soleil.
“Dans les prochaines années, on peut s'attendre à des canicules de 3 semaines voire 1 mois et on ne sait pas trop comment les légumes vont supporter ça. Il faut une organisation nouvelle pour économiser l'eau, car les plantes évaporent encore plus d'eau quand il fait chaud”, prévient Blaise Leclerc.
Premier commandement : améliorer la gestion de l'eau tu devras
L'ingénieur agronome livre plusieurs conseils à mettre en place dès maintenant pour adapter son potager au dérèglement climatique. La première chose à faire concerne évidemment la gestion de l'eau et cela commence par connaître les besoins en eau de chaque légume, pour ne pas trop arroser. Certains légumes comme l'ail, l'asperge, la betterave ou le panais ont des “besoins en eau réduits”, qui sont couverts par les pluies d'automne et d'hiver.
Tandis que le chou, le céleri ou le fraisier ont des besoins en eau importants pendant toute la culture. Blaise Leclerc rappelle qu'il existe différentes manières pour réduire sa consommation d'eau au jardin. Parmi elles, la technique du goutte à goutte ou l'utilisation d'oyas (que l'on vous apprend à fabriquer vous-même juste ici), des pots en argile qui diffusent l'eau petit à petit au pied des plantes. Et ne négligez pas de faire un paillage de 20 cm environ afin de limiter l'évaporation de l'eau du sol.
Choisir des espèces résistantes aux grosses chaleurs et adapter le calendrier
Blaise Leclerc recommande de porter une attention particulière aux choix des légumes. Il est préférable de miser sur des légumes résistants à la chaleur. Du côté des laitues, vous pouvez vous porter sur les batavias Carmen ou bien opter pour des plantes qui montent rapidement en graines en été comme l'épinard ou le fenouil. Ou bien faire comme Pascal Poot et apprendre à vos légumes à pousser sans eau :
Sans oublier le “bon côté du réchauffement climatique” : celui de pouvoir faire pousser des espèces exotiques. Le jardinier recommande de tester la culture de l'amarante, de l'arachide ou encore de la patate douce. (À titre personnel, on ne sait pas si l'on trouve cela déprimant ou réjouissant…)
Pour adapter le potager aux futures canicules et au manque d'eau, il est indispensable d'adapter le calendrier : “Comme varier les dates de semis, notamment pour que les légumes profitent davantage des saisons humides (automne, hiver, début du printemps), ou échelonner les semis, tout en privilégiant les légumes d'hiver”, écrit l'ingénieur dans son ouvrage.
Il nous donne un exemple : “Les haricots désormais, je les sème fin mars plutôt que mi-avril et j'ai les premiers début juin. L'intérêt est de libérer de la place pour mettre des légumes en été pour préparer le potager d'hiver.” Retenez que dans les années à venir, il va falloir compter davantage sur les légumes d'hiver, moins gourmands en eau ! Vive les butternuts et les navets, adieu tomates et courgettes.
Mais Blaise Leclerc insiste sur le fait que la pratique même du jardinage doit changer. Son cheval de bataille : cesser d'utiliser des machines pour jardiner. “Utiliser des machines nécessite de l'énergie, des ressources et contribue au réchauffement climatique. En plus, on déstructure le sol si on le travaille trop souvent”, souligne-t-il. Privilégiez donc les méthodes douces et naturelles comme la tondeuse mécanique pour remplacer la tondeuse à gazon ou la grelinette à la place du motoculteur.
Voici de quoi vous préparer à affronter ces nouvelles conditions météorologiques. Pour en savoir plus, le livre de Blaise Leclerc regorge de conseils et astuces, on vous le recommande !