Lisa Hör - Publié le 23 août 2018
CHAMBRE DE BÉBÉ - Ces lits apprennent aux enfants à se coucher tout seul et à devenir autonomes. Revers de la médaille, ils peuvent aussi se relever quand ils le veulent et sauter sur votre lit. 3 parents témoignent de leur expérience.
Dans ces chambres de bébé, on ne trouve pas de lit à barreau, mais un lit au plus près du sol, complètement ouvert.
C'est l'une des recommandations principales inspirées de la pédagogie Montessori, qui vise à favoriser au maximum l'autonomie des enfants, pour la chambre des tout-petits.
L'objectif est de ne pas entraver le développement de la vue de l'enfant, qui pourrait être gênée par des barreaux, et surtout de lui permettre de se rendre dans son lit, quand il se sent fatigué, et de se lever seul.
Aujourd'hui, beaucoup de parents intéressés par la pédagogie Montessori se demandent comment gérer cette autonomie. Le moment du coucher ne risque-t-il pas de s'éterniser ? Ne va-t-il pas se relever toutes les 5 minutes pour aller jouer ? Nous avons récolté trois témoignages, pour comprendre comment cela se passe au quotidien.
Sofia dort dans son lit cabane Montessori depuis ses deux mois
Maéva et son compagnon ont fabriqué pour Sofia, leur fille, un lit cabane inspiré de la pédagogie Montessori. Elle y dort depuis ses deux mois.
"Au départ, elle dormait dans son couffin dans notre chambre, raconte sa mère", Maéva, 30 ans. Les parents ont ensuite placé le couffin en tissu, à parois dures, sur le matelas dans la chambre de la petite fille. Puis, un mois plus tard, Sofia a commencé à passer ses nuits directement sur le matelas, dans sa gigoteuse. Une peau d'agneau juste à côté du lit amortit les rares sorties du lit.
A dix mois, Sofia a pris l'habitude de se lever toute seule le matin, pour aller jouer dans sa chambre. "Le plus souvent, elle ne nous appelle pas, elle fait sa petite vie", sourit Maéva, qui estime "gagner un quart d'heure" de sommeil. Réveillés par ses babillages, les parents vont alors la chercher.
Bien sûr, le soir, la petite fille sort aussi régulièrement de son lit. "On la laisse jouer un peu, puis on lui explique qu'il faut dormir et on la recouche", détaille Maéva, avant d'admettre : "Parfois, ça dure un peu." Mais pas plus, d'après elle, qu'avec un lit classique.
L'avantage du lit Montessori pour Maéva : il évite "le dur moment" où l'on doit poser son enfant dans le lit à barreaux, après l'avoir bercé, en croisant les doigts pour qu'il ne se réveille pas. Elle apprécie aussi de pouvoir s'allonger à côté de sa fille, lorsque celle-ci a besoin d'être accompagnée vers le sommeil.
Son conseil pour ceux et celles qui hésitent à se lancer : "Démarrer le plus tôt possible, comme ça on voit que ça se passe bien." D'ailleurs, pour encourager les autres parents, elle a monté avec son compagnon un site de vente de lit cabanes Montessori, Bilti, sur le même modèle de celui fabriqué pour leur fille.
April passe progressivement du cododo au lit Montessori
À 14 mois, April, elle, dort dans le même lit que sa mère. Mais, petit à petit, elle passe au lit Montessori, dans sa propre chambre. "Elle commence à y faire ses siestes, témoigne sa mère, Jessica 33 ans. Comme je l'allaite encore, elle dort encore avec moi la nuit. Mais je commence à me dire qu'il va falloir que je la laisse."
Pour le moment, elle accompagne sa fille vers le sommeil au moment de la sieste et quitte la chambre seulement quand elle dort : "Avant d'être maman, j'y croyais, à ce qu'elle puisse s'endormir seule, mais plus maintenant ! Peut-être plus tard..." Jessica a choisi d'avancer à son rythme.
Même si elle ne "supporte pas" l'idée que sa fille dorme dans un lit à barreaux, elle fait quelques concessions, puisqu'April fait la sieste dans un tel lit chez sa nourrice. Mais pour chez elle, Jessica estime que le lit Montessori est la continuité logique du cododo (le fait que toute la famille dorme dans le même lit, ou sur des matelas posés côte à côte au sol).
Elle a d'ailleurs aménagé le reste de la petite chambre selon la pédagogie Montessori, avec notamment un espace jeu avec un miroir et une barre de rideau fixée au mur, qui permet à sa fille de se relever toute seule et d'admirer ses progrès.
Aélia dort dans son lit Montessori après un premier essai infructueux
Aélia a commencé ses nuits dans le lit de ses parents, avant de passer au couffin, puis, comme la plupart des enfants, au lit à barreaux. Pour ses 6 mois, Gwenaëlle, 27 ans, a essayé de l'habituer au lit Montessori pour sa sieste.
Elle a donc installé un petit matelas dans sa chambre mais l'expérience n'a pas été très concluante. "Après le petit rituel de l'allaitement et de la chanson, elle ne s'endormait pas, elle ressortait et me suivait jusque dans le salon, avec un sourire jusqu'aux oreilles", se souvient Gwenaëlle.
"Comme elle commençait à avoir une motricité globale, ça devait être trop frustrant pour elle de rester dans son lit !", imagine-t-elle. Au bout d'une semaine, Gwenaëlle a fini par renoncer et repasser au lit à barreaux.
"J'étais un peu dans l'incompréhension de comment ça pouvait marcher avec un lit Montessori", raconte Gwenaëlle. Quelques mois plus tard, la jeune femme décide de faire un nouvel essai.
Cette fois, cela se passe mieux. Aélia se réveille d'abord deux ou trois fois pendant sa sieste, mais accepte rapidement de rester dans son lit pour se reposer. Aélia dort aussi dans son lit Montessori pour la nuit : la première fois, ses parents la retrouvent endormie par terre à côté du matelas, mais "ça n'avait pas l'air de la déranger !"
Désormais, tout se passe sans accroc et surtout, les réveils sont plus sereins. "Avant, elle pleurait dès qu'elle ouvrait les yeux pour qu'on vienne la chercher, maintenant elle court pour nous rejoindre", se réjouit Gwenaëlle.
Alors y a-t-il une recette miracle pour des nuits paisibles avec le lit Montessori ? Gwenaëlle n'a rien changé à son rituel du coucher, mais avait lu L'enfant, l'ouvrage phare de Maria Montessori. "J'étais plus décidée la deuxième fois, j'y croyais plus."
Elle recommande d'ailleurs la lecture des œuvres de Maria Montessori aux parents, pour "comprendre en profondeur sa philosophie, qui n'est pas dans nos habitudes."