Laura Girsault - Publié le 4 mars 2019
PROTECTION ANIMALE - Grâce à un décret ministériel daté du 1er mars 2019, les cerfs ne seront plus massacrés au coeur de zones d'habitation. Mauvaise nouvelle pour les amateurs de chasse à courre.
Il est désormais formellement interdit de traquer un animal dans une zone commerciale ou artisanale, de bureaux et établissements accueillant du public, ou de jardins privés, dans le cadre d'une chasse à cour.
D'après un décret ministériel publié le 1er mars 2019, l'équipage de chasse devra désormais veiller à ce que l'animal soit déplacé de manière sécurisée, loin de la zone habitée. En cas de difficultés, le responsable de l'équipage devra faire appel aux autorités, qui contacteront un vétérinaire qui anesthésiera l'animal pour le transporter. Si le vétérinaire évalue que l'animal est trop gravement blessé pour être déplacé, il sera mis à mort.
Un cerf abattu dans un jardin en 2017
Ce décret fait suite à une polémique à propos d'un cerf en 2017 abattu dans l'Oise, dans un jardin privé. Selon l'Express qui a interrogé la gendarmerie de Compiègne, “le cerf saignait, il était couché, épuisé, ce qui est le principe de la chasse à courre”. Parce que le cerf refusait de bouger, les gendarmes ont fini par donner le feu vert pour l'exécuter. À la suite de cet évènement, une pétition contre l'homme qui a abattu le cerf, a reçu plus de 20000 signatures et l'homme a été menacé de mort sur les réseaux sociaux.
Désormais, selon le décret de vendredi dernier, en grande vénerie (chasse à cour de grands animaux sauvages), “le maître d'équipage ou son suppléant doit sans délai et par tout moyen veiller à ce que l'animal ne soit pas approché. Il s'assure de la sécurité des personnes et des biens. Il met tout en oeuvre pour retirer les chiens dans les meilleurs délais. Il facilite le déplacement de l'animal loin de la zone habitée.”
Mais cela assure-t-il vraiment la protection de l'animal ? Selon Anne-Claire Chauvancy, responsable protection animale de la Fondation Assistance aux Animaux, cela reste encore un peu flou, car “si les animaux ne peuvent plus être abattus devant une zone habitable, ils peuvent l'être dans n'importe quelle autre zone”. Pour elle, le décret est majoritairement passé parce que la population s'oppose à ce que les animaux soient tués devant chez eux. Elle estime que cet arrêt est “la conséquence de la vindicte populaire” contre la pratique de la chasse à courre.