Lisa Hör - Publié le 8 février 2020
PLANTES - Une bouteille vissée sur un cône en plastique : l'idée est simplissime mais permet de distribuer l'eau seulement quand il y en a vraiment besoin.
Au salon de la permaculture, en janvier 2020 à Paris, son stand, sa gouaille et son accent canadien attirent les visiteurs. Ils se pressent autour de Robert Cossette pour en apprendre plus sur son arrosage automatique solaire.
Pas de panneau solaire qui actionnerait une pompe pour alimenter en eau les plans de tomate. Il s'agit ici d'un système simple et ingénieux. Il pourrait s'inscrire dans la lignée des low-tech, par opposition aux innovations high-tech, souvent plus consommatrices d'énergie et de ressources que nécessaire.
Une bouteille est vissée à un embout en plastique, percé au bout et planté dans la terre. Lorsque le soleil brille, la chaleur fait monter en température et dilate l'air dans la bouteille, ce qui augmente la pression et fait couler l'eau en goutte-à-goutte.
Cela permet de synchroniser naturellement l'apport en eau en fonction de l'apport solaire et des besoins de la plante, plus importants lorsqu'il fait chaud, explique Robert Cossette.
Le solar dripper n'est pas une invention récente, il a commencé à la mettre au point en 1997, alors qu'il habitait encore au Canada. Mais son enthousiasme est toujours aussi communicatif.
Utile au jardin et pour les plantes d'intérieur
L'idée lui est venue alors qu'il cherchait une solution pour arroser les tournesols sur la terrasse de son bureau. "J'ai commencé à faire un système un peu comme une perfusion d'hôpital, en pinçant un tuyau pour faire un passage très fin, mais ça ne marchait pas vraiment", raconte-t-il. "J'ai compris que je pouvais exploiter un autre mécanisme avec le changement de température."
Robert Cossette était alors ingénieur en mécanique et aéronautique et travaillait sur des satellites. "Évidemment, on avait de belles machines, mais ça ne parle pas autant que la nature !", lâche-t-il quand on s'étonne de sa reconversion.
Aujourd'hui, il vit à Annacy, en France, où il fait fabriquer son système d'arrosage. Celui-ci a reçu le label Solar Impulse, de la fondation de Bertrand Piccard, car il permet d'économiser l'eau. En distribuant l'eau au plus près des racines, elle ne s'évapore plus en surface.
Et pour ceux et celles qui n'ont pas de jardin, Robert Cossette propose de l'utiliser dans les pots de fleurs, pour que les plantes d'intérieur ne meurent pas de soif pendant les vacances.
L'embout rappelle d'ailleurs les goutte-à-goutte en céramique bien connus des passionné-es de plantes. Mais, pour Robert Cossette, son système est plus efficace et dure plus longtemps, car il est conçu pour laisser passer les grosses particules et ne pas se boucher, comme les embouts en céramique avec les dépôts de calcaire.
Du plastique, vraiment écolo ?
Le fait que l'embout soit en plastique semble au premier abord peu écologique. "Mais c'est 25 grammes de plastique et il va durer 10 ans. Il ne faut pas non plus être trop anti-plastique dans la mesure où c'est durable", répond Robert Cossette. Il n'utilise pas de plastique recyclé, qui n'est pas assez résistant d'après ses tests, et rendrait son produit moins durable.
Et quid des bouteilles en plastique que l'on visse dessus ? "Ce qui n'est pas supportable, ce sont les bouteilles d'eau à usage unique, ajoute-t-il. Je ne demanderais pas mieux que les industriels utilisent des bouteilles en plastique plus rigides, qu'ils pourraient consigner et remplir à nouveau pendant 20 cycles. Ensuite, elles pourraient être réutilisées au jardin."
Dernier argument qu'il met en avant pour démontrer la dimension environnementale de son goutte-à-goutte : pas besoin d'utiliser d'eau distillée, l'eau de pluie ou l'eau de rivière fonctionnent très bien... Mais l'on peut aussi utiliser un liquide plus surprenant : l'urine.
Tout comme le recommande l'auteur de L'Urine de l'or liquide au jardin (Editions Terran), il expérimente dans son jardin cet engrais naturel, en le diluant. Encore un moyen d'économiser de l'eau, puisque ce sont autant de chasses d'eau d'évitées !