Stéphane Sorhaindo - Publié le 22 décembre 2022
L'IVRESSE DES SEMENCES - Des tests menés en laboratoire cet été sur des plantes nourries à l'alcool ont prouvé qu'elles développaient une meilleure résistance à la sécheresse.
Les fêtes approchent, les deux repas de fin d'année aussi, et qui dit "repas du réveillon" dit "bonne bouteille de vin ou de champagne". S'il vous reste des fonds de bouteille, ne les jetez pas : une étude japonaise a prouvé que les plantes pouvaient résister davantage à la sécheresse lorsqu'on intègre une petite quantité d'alcool dans les sols !
Les plantes produisent elles-mêmes de l'alcool dans certaines conditions
Lorsque certaines variétés sont privées d'eau, elles produisent naturellement de l'éthanol pour lutter face aux éléments. Ces chercheurs se sont servis de cette information afin de pousser l'expérience plus loin : comment réagiraient ces plantes si elles étaient exposées à la sécheresse avec une intégration directe d'éthanol ?
Des plants de riz ont été nourris pendant deux semaines, puis une partie d'entre eux a reçu de l'éthanol pendant 3 jours. La privation d'eau commence alors, et le résultat est sans appel. 75% des plants ont survécu grace à l'alcool, tandis que moins de 5% des plants non traités ont survécu à la privation d'eau.
Plus en détail, c'est la variété des Arabidopsis thaliana (ou "arabette des dames"), une plante de la famille des Brassicaceae ressemblant au chou ou à la moutarde, qui a servi de plante cobaye. En période de sécheresse, les stomates, les orifices transformant l'air extérieur en oxygène, se sont refermées et ont retenu suffisamment d'eau pour tenir deux semaines.
Et si l'agriculture et la culture maraîchère appliquait ce principe ?
Dans un contexte de sécheresses qui se multiplient dans le monde, avec pour conséquence des récoltes de fruits et légumes qui diminuent, ce type de découverte ouvre des perspectives réjouissantes. "Le traitement de cultures communes telles que le blé et le riz avec de l'éthanol exogène peut augmenter la production agricole pendant la sécheresse", considère Motaki Seki, le directeur de la recherche.
Pour autant, le jour des légumes nés sous éthanol n'est pas encore arrivé. Abuser de ce type de traitement pourrait aussi retarder la croissance des plants. Des tests grandeurs nature seront effectués dans le courant du printemps prochain, afin de déterminer si cette découverte peut avoir des applications dans l'agriculture et la culture maraîchère. En attendant, ne paniquez pas si vous renversez votre verre de vin dans votre plante verte, elle s'en accommodera très bien !