Emmanuel Chirache - Publié le 11 novembre 2019
CHÊNE DE VÉLO - Quand un passionné de vélo se retrouve dans un atelier de bricoleurs en Suède, ça donne l'un des plus beaux vélos fait main qu'on ait vus.
Sur Twitter, Christophe Loraux se présente comme un "cycloterroriste", entendez par là un roi de la petite reine. Et on ne peut que lui refiler la couronne après avoir vu la construction en autodidacte de ce vélo au cadran intégralement en bois, d'une élégance rare.
"Un vélo en bois, raconte le passionné dans un tweet, ça commence par une belle planche de noyer et une de hêtre (si possible d'une forêt pas trop loin), sans oublier les outils et le local." Le local ? L'immense Fab Lab suédois Stockholm Makerspace, soit 300 mètres carrés d'ateliers. Il s'agit de l'un de ces ateliers, où tout le monde peut venir utiliser les outils les plus perfectionnés.
Un modèle 3D pour créer le cadre
Pour réaliser son cadre, Christophe a donc découpé les planches et superposé en alternance les deux bois, sur six couches, pour chaque élément du triangle. Il a ensuite utilisé la colle époxy à durcissement rapide pour assembler chaque pièce et des serre-joints pour laisser la colle agir durant la nuit.
"Après avoir dégrossi le cadre à la scie sauteuse, poursuit Christophe Loraux, on passe à la défonceuse sur table. J'utilise un patron en MDF sculpté à la découpeuse laser à partir du modèle 3D créé dans le logiciel Fusion 360. La fraise est surmontée d'une roulement à bille qui permet de suivre parfaitement le modèle."
Le reste relève de la haute précision : il faut percer à la verticale des trous pour la selle et le tube de direction, mais aussi fabriquer le boîtier de pédalier. À tout cela s'ajoutent deux haubans et deux bases qui servent à insérer la roue arrière. En tout, 20 planches supplémentaires sont utilisées ! La difficulté ? Déformer le bois pour qu'il ait cette forme esthétique permettant au dérailleur de s'immiscer.
Un cadre qui pèse 2,4 kilos seulement
Comme toujours quand on travaille le bois, les finitions sont réalisées à la ponceuse, qui permet d'arrondir les angles et de chanfreiner les arêtes. Quelques encoches faites aux ciseaux à bois parachèvent le travail pour le support du frein arrière et l'installation du dérailleur avant. Puis on vernit, on ponce, on vernit, on ponce.
Ensuite, Christophe monte les pattes des dérailleurs et tout le reste du vélo. Au final, le cadre pèse environ 2,4 kilos et la bicyclette 10,5 kilos. L'avantage du bois, c'est que c'est très solide, esthétique et naturel.
Si la construction prend quelques jours, c'est aussi la conception 3D qui a pris du temps à notre cycliste, puisqu'il lui a fallu une semaine de travail à partir d'un design existant, celui de Materia Bikes spécialisé dans les cadres en bois.
Quand on lui demande comment il a fait pour être aussi doué en bricolage, Christophe répond : "Internet, les tutos sur YouTube, du bricolage avec le pépé, et après il faut se lancer et faire des erreurs... Des bons outils ça aide aussi !"