Matthieu M. - Publié le 8 novembre 2017
MAISON-ÉCOLO - Dans sa maison autonome faite de pneus, un jeune Québécois va maintenir une température à l'année de 17°C sans jamais chauffer !
Jean-Nick Trudel a 29 ans, il est québécois et vient de Mauricie, une région située entre la ville de Montréal et de Québec. Passionné par les problématiques liées à l'environnement et au développement rural, il est à l'origine d'un projet audacieux : construire sa propre maison autonome en pneus.
Alors qu'il gravite déjà autour du milieu écologiste de Montréal, l'idée lui vient en visionnant le documentaire The Garbage Warrior, qui retrace l'épopée des earthships, ces maisons durables et autonomes en matériaux recyclés.
Sérieusement motivé par l'idée de pouvoir construire sa maison, il part pendant près de trois mois aux États-Unis, dans l'État du Nouveau Mexique, pour suivre la formation de la Earthship Biotecture Academy.
Un habitat inspiré des earthship
De retour en Mauricie, il achète un terrain dans la ville de Saint Élie de Caxton pour y construire sa version d'un Earthship.
Son originalité ? Être constituée de plus de 1000 pneus qui serviront à isoler l'habitation et de maintenir une température de 17°C toute l'année. Quand on sait que la température moyenne en hiver au Québec est de -10°C, c'est plutôt une bonne nouvelle !
Les pneus sont remplis de sable, empilés en quinconces puis les interstices sont comblés par de la terre et une isolation rigide.
Son habitation reprend en effet, leurs grands principes que sont la climatisation et le chauffage solaire passif, le traitement domestique des eaux usées, la récupération d'eau de pluie, les énergies renouvelables ou encore l'utilisation de matériaux neufs ou recyclés.
“Le but c'est d'avoir une maison qui travaille pour moi, et non pas le contraire”, précise-t-il.
Le pneu, un matériel disponible et gratuit
Pourquoi en pneus ? “Tout d'abord parce que c'est un matériel qui se trouve partout dans le monde, on en produit plusieurs millions par an”, commence par expliquer Jean-Nick Trudel.
Mais aussi parce que le recyclage des pneus est une évidence au Québec. “Nous sommes nombreux à utiliser nos pneus depuis l'incendie de Saint Amable”, explique-t-il. Jean-Nick fait référence à l'une des pires catastrophes écologiques qu'a connu le Québec, lorsque six millions de pneus s'embrasèrent sur un terrain de la ville de Saint Amable en 1990.
Et d'ajouter, “Et puis le pneu c'est une excellente structure, c'est bon pour la masse thermique et c'est gratuit !”. Une fois rempli de terre, le pneu devient une brique très résistante qui permet d'économiser de grande quantité de béton !
C'est cette même terre qui va empêcher au feu de se déclencher “car il n'y a plus de jeu d'oxygène, il est donc impossible de réunir les trois éléments nécessaires à la création d'un feu.”, répond-il.
Ne pas payer toute sa vie pour sa maison
Le jeune Québécois a estimé le coût de la construction totale, en comptant l'achat du terrain, à 100 000 dollars canadiens, soit 64 000 euros.
Le budget sera peut être un peu dépassé à cause des panneaux solaires mais rien de bien extravagant. Il ajoute : “l'idée c'était de ne pas avoir à payer ma maison toute ma vie”, explique-t-il.
Jean-Nick travaille à mi-temps à côté, et ne peut pas être en permanence sur son chantier. Du coup, il faut mobiliser famille et amis, le plus souvent possible. “Parfois je suis seul, parfois nous sommes plus d'une trentaine”, nous raconte-t-il. “Cela nous a demandé 15 jours de travail pour monter la structure de pneus au complet”, ajoute-t-il.
Car la maison, qui fera 150 m2 environ n'est pas encore prête. Commencée en octobre 2015, la construction devrait être terminée le 15 juin 2018, jour de ses 30 ans. “Avoir sa maison autonome à 30 ans, c'est un petit exploit personnel”, rappelle-t-il.
Un exploit, qui est à la portée de toutes et tous selon Jean-Nick, pas besoin d'aller passer plusieurs mois aux États-Unis pour se former, ce qui coûte cher, surtout si on habite de l'autre côté de l'atlantique !
Il conseille toutefois de se rendre sur un chantier avant de se lancer : “c'est quelque chose que tu feras une seule fois dans ta vie, c'est important de le faire correctement !”
Vous pouvez suivre l'avancée des travaux sur la page facebook de Jean-Nick ici !