Lisa Hör - Publié le 5 juillet 2017
PATRIMOINE - Dominique Imberty a construit de ses mains 8 gîtes à partir de pierres, de tuiles et de charpentes récupérées sur d'anciennes bâtisses.
Il y a 20 ans, Dominique Imberty, 24 ans à l'époque, se lance un défi titanesque. Reconstruire, pierre par pierre, des maisons typiques du Périgord pour faire découvrir l'architecture de sa région natale aux visiteurs de passage.
Propriétaire du village de vacances Le hameau du sentier des sources, il remplace au fil des ans chacun de ses chalets par des bâtisses traditionnelles. Aujourd'hui, 8 maisons de campagne sont proposées à la location.
Des tuiles aux charpentes, tous les matériaux dans ces maisons ont été récupérés sur de vieilles demeures du Périgord. La pierre blonde typique du Périgord noir, des sols en terre cuite, des meubles chinés dans les brocantes : on se croirait dans des maisons paysannes d'autrefois.
Un travail de passionné
Dominique Imberty commence par racheter trois maisons en ruine, aux murs en partie effondrés, à une cinquantaine de kilomètres de son village de vacances.
Une grange accolée aux ruines était toujours utilisée, mais les propriétaires acceptent de la vendre, séduits par le projet. Dominique Imberty a ainsi pu récupérer 800 m3 de pierres... qu'il a fallu retailler pour construire de nouveaux bâtiments.
Il s'en charge lui-même, pas impressionné le moins du monde par l'ampleur de la tâche. "Mon père rénovait des fermes et je l'accompagnais sur des chantiers quand j'étais petit", raconte-t-il pour expliquer sa facilité à apprendre à tailler les pierres.
Il s'attaque donc à la construction des maisons, aux côtés de son jardinier passé man?uvre, et avec l'aide ponctuelle d'artisans, pour l'électricité par exemple.
Toits pentus et petites fenêtres
Passionné d'architecture (il a travaillé dans un cabinet d'architectes dans sa jeunesse), Dominique Imberty sillonne la campagne pendant ses loisirs, pour photographier les maisons et repérer leurs caractéristiques.
Cela lui sert bien sûr à dessiner ses gîtes. À présent, il ne se lasse pas de partager ses connaissances sur l'architecture locale avec ses hôtes lors des randonnées qu'il organise.
"Les maisons périgourdines ne sont jamais de plain-pied, elles ont toujours un étage, et les toitures ont des pentes assez fortes", explique Dominique Imberty. Le dernier tiers du toit apparaît "cassé", avec une pente plus douce.
Le propriétaire des gîtes explique cette particularité par l'utilisation autrefois de lauze, une pierre calcaire très lourde, qui pesait énormément sur les murs. Cette cassure permettait donc de mieux répartir le poids. Depuis, la terre cuite a remplacé la lauze, mais la forme des charpentes n'a pas été modifiée.
Autre signe distinctif : des petites ouvertures triangulaires, appelées outeaux, qui servaient à l'origine à ventiler les combles, et sont à aujourd'hui des petites fenêtres.
"Beaucoup d'Anglais ont racheté des vieilles granges et des maisons de village pour les restaurer", raconte Dominique Imberty. Il est donc possible découvrir cette architecture traditionnelle simplement en se promenant dans la région.
Mais grâce au travail de ce passionné, chacun peut désormais expérimenter la vie dans une maison périgourdine de l'intérieur.