Lisa Hör - Publié le 24 septembre 2021
UNE MAISON DURABLE ? - Ces maisons écologiques n'importeront pas le terrain sur lequel elles sont construites, mais elles seront aussi beaucoup plus accessibles financièrement.
Souvent, quand on devient propriétaire, on imagine transmettre un jour sa maison à ses enfants. Mais, en réalité, rien ne dit qu'ils voudront y habiter !
"Les grosses maisons en pierre des campagnes ne correspondent pas toujours aux besoins d'aujourd'hui, il y en a beaucoup qui ne sont pas rénovées et qui tombent en ruines", observe Thibault Willemin, membre de l'association Hameau Léger du Placis. "Et quand on construit et que l'on met une dalle en béton, on ne pense pas forcément que, dans très longtemps, on voudra peut-être replanter une forêt ou faire un potager à cet endroit."
Puisqu'on ne sait pas ce qui se passera dans 30, 40, 50 ans, pourquoi ne pas opter pour des habitats "réversibles", qui peuvent être démontés sans laisser de traces ? C'est cette alternative bien plus écologique que va expérimenter le Hameau Léger du Placis, à Saint-André-des-Eaux, dans les Côtes-d'Armor.
Au centre de ce petit village se dresse déjà une maison en terre et paille, et bientôt s'y trouveront aussi des maisons en bois, démontables et sans fondations en béton.
Des maisons légères, accessibles et démontables
Tout est parti d'une rencontre entre l'association mère, Hameaux Légers, et les élus de la commune de Saint-André-des-Eaux. La première cherche à "permettre à toutes et à tous d'accéder à des habitats et des modes de vie durables et solidaires, pour des territoires plus vivants". Les seconds cherchaient des repreneurs pour le café-concert du village.
Résultat, quelques membres de l'association vont reprendre le café-concert, et en échange la commune leur loue un terrain dans le centre-bourg pour construire un hameau, léger donc.
La location se fait sous forme d'un bail emphytéotique de 80 ans : le terrain reste propriété de la commune, mais les maisons construites dessus appartiendront bien à leurs occupants.
Une solution intéressante pour les deux parties. En n'achetant pas le terrain, les habitants peuvent construire leur maison pour très peu d'argent. Pour preuve, la première maison n'a coûté que 10 000 euros en autoconstruction !
La commune, de son côté, se rembourse en quelques années de l'achat du terrain, grâce au loyer de 5000 euros par an au total, soit environ 50 euros par mois et par ménage.
"C'est une solution pour rendre accessible l'installation aux jeunes, et leur permettre de rester ou de s'installer dans une commune", complète Thibault. Après cette première expérience, l'idée est bien d'accompagner de futurs projets dans le même esprit, ailleurs.
Le bail pourra être renouvelé dans 80 ans, mais si jamais il ne l'est pas, il faut que les maisons puissent être démontées. Il y a bien des fondations, mais elles sont réversibles, "en pneus, terre et gravier ou encore vis de fondations", détaille Thibault.
Pourquoi pas carrément des tiny houses, ces mini-maisons posées sur des remorques, dont on parle de plus en plus ? "Les tiny houses, c'est un coût au mètre carré très élevé, à cause de la main d'oeuvre spécialisée pour respecter les contraintes techniques, et de la remorque qui peut coûter autour de 5000 euros. D'ailleurs, ici on ne recherche pas le nomadisme", explique Thibault.
Il y aura aussi des parties communes, pour une cuisine collective, des douches, une buanderie, un espace salon. De quoi limiter l'impact écologique, les besoins en équipements des maisons, et réduire encore les coûts de construction.
La moitié des habitants devraient être installés d'ici l'été prochain, le temps de construire. Des chantiers participatifs auront lieu au printemps et été prochain, avis aux intéressé-es !
Pour aller plus loin
- Les raisons qui motivent la commune à accueillir cet éco-hameau, et la façon dont le lien va être créé avec les habitants sont détaillées dans un article de La Relève et la Peste.
- Une carte qui recense les terrains pour installer un habitat léger en France.
- Une formation en ligne, gratuite et ouverte à tous, pour apprendre à construire un habitat léger.