Lisa Hör - Publié le 5 décembre 2016
ÉNERGIE - Ce corps de ferme tombait en ruine. Aujourd'hui, ses propriétaires ne payent que 120 euros par an pour chauffer ces 160 m2.
Si l'on évoque une maison en vieilles pierres sans radiateurs ni cheminée, en plein hiver, dans une campagne recouverte de neige, ce qui vient d'abord à l'esprit, ce sont des murs froids et des pièces humides. Surtout si l'on apprend que cette habitation est une ancienne étable.
Rien à voir avec l'atmosphère qui règne en réalité dans cette maison, située à Coglès, en Ille-et-Vilaine, telle que la décrit son propriétaire. "Il n'y jamais un courant d'air froid, même si dehors il fait - 5 degrés, à l'intérieur on est en tee-shirt", assure-t-il.
Si cette performance est possible, c'est parce que Guillaume Julienne et son ex-compagne ont décidé, lorsqu'ils ont acheté en 2013 cette étable en ruine, de la transformer en maison passive. Autrement dit, une habitation qui consomme très peu d'énergie pour être chauffée.
Une rénovation exceptionnelle et exemplaire, racontée avec forces photos et graphiques pour présenter le bilan énergétique sur ce blog, même si un autre corps de ferme a subi la même transformation dans les Ardennes.
Une maison passive réussie
Il y a trois ans, Guillaume Julienne ne connaissait rien aux normes passives. Il les a découvertes en discutant avec un ami spécialisé dans le domaine, et avec les conseillers de l'Espace Info-énergie. Pour élaborer son projet de rénovation en maison passive, il fait appel à un bureau d'étude thermique.
Un an et demi d'étude et dix mois de chantier plus tard, les murs de pierres éboulés sont redressés, et surtout la maison est parfaitement isolée. Cette isolation a été réalisée par l'intérieur pour garder le cachet des vieilles pierres.
Ainsi, la maison a besoin de beaucoup moins d'énergie maintenir la température à 21° C en permanence. Une pompe à chaleur, couplée à la VMC double flux qui assure le renouvellement de l'air, se met en route uniquement lorsque c'est nécessaire.
La facture pour chauffer ces 160 m2 s'élève ainsi à 120 euros par an, contre 1500 euros dans leur ancien logement.
Le choix d'isolants biosourcés et naturels
Mais plus que les économies, ce sont des raisons environnementales qui ont motivé Guillaume Julienne. D'ailleurs, une maison passive n'est pas forcément écologique, affirme-t-il.
"On peut faire une maison passive avec de la laine de verre et la laine de roche", explique-t-il. "La seule chose qu'on nous impose pour que la maison soit reconnue passive, c'est d'avoir une consommation de chauffage inférieure à 15 kwh du m2 par an."
Lui a préféré des isolants recyclés ou d'origine naturelle, dits biosourcés. Au sol, sous la dalle de béton qu'il a fallu poser, un granulat de mousse de verre (fabriqué à partir de verre recyclé), aux murs, un mélange de laine de bois (efficace contre l'humidité) et de laine de chanvre (répulsif à rongeurs), et au plafond, de la ouate de cellulose.
Un projet moins coûteux que de construire du neuf
Guillaume Julienne en est persuadé, son projet ne lui a pas coûté plus cher que de faire construire un logement neuf. “Construire selon la RT 2012 (la réglementation thermique en vigueur actuellement, ndlr.) coûte 1500 euros du m2, je suis arrivé à 1450 euros du m2”, évalue-t-il.
L'enveloppe globale s'est élevée à 30 000 euros pour l'achat du terrain et du corps de ferme, et à 250 000 euros pour la transformation, investissement qui devait être amorti par la suite grâce aux économies de chauffage. Suite à leur séparation, Guillaume Julienne et son ex-compagne cherchent finalement de nouveaux acquéreurs.
Mais pas question de renoncer au confort d'une maison aussi bien isolée. Une chose est sûre, la prochaine maison de Guillaume Julienne sera elle aussi passive.