Marie Tétrel - Publié le 4 février 2018
RÉNOVATION - Marie-Aymée et Jérôme voulaient quitter le milieu urbain pour offrir une vie plus saine à leur futur enfant. Ils ont trouvé leur bonheur dans un site troglodytique où ils ont ouvert un gîte.
À la naissance de leur premier enfant, Marie-Aymée et Jérôme cherchaient à trouver un petit nid douillet pour y installer leur famille. Le jeune couple de trentenaires était désireux de vivre dans un environnement plus paisible que le milieu urbain dans lequel il évoluait depuis plusieurs années.
Après avoir découvert des biens de toutes sortes, ils finissent par visiter, presque à reculons, un site troglodytique, au cœur de la Vallée de la Loire. L'annonce leur est transmise par la mère de Marie-Aymée, car ce sont ses voisins qui vendent ce bien.
Contrairement à Alexis et Lotte qui rêvaient de vivre dans la roche, le couple est au départ plutôt récalcitrant. Pourquoi ? Car la famille de la jeune femme habite déjà dans une telle maison et le duo connaît les inconvénients d'une rénovation de la sorte. Mais, une fois sur place, Marie-Aymée et Jérôme sont séduits par l'ensemble atypique, et y décèlent un fort potentiel.
Disposant de plusieurs cavités, dont certaines avaient déjà servi d'habitation, le lieu est tout de même dans un mauvais état. "Nous avons sans nul doute sous-estimé la somme de travail à fournir, mais nous n'avions pas peur de nous retrousser les manches", nous raconte Jérôme.
Si le couple n'avait pas d'appétence pour le bricolage avant de commencer les chantiers, grâce à des tutos et l'aide de leur famille, ils ont réussi à faire la majorité des travaux seuls.
Et comme les parents de Marie-Aymée habitent eux-aussi dans une maison troglodytique (terme exact pour désigner ces habitations, même si nous avons l'habitude de les appeler troglodytes), les jeunes propriétaires pouvaient compter sur un soutien solide et des conseils avisés pour se lancer dans la rénovation de leur nouveau bien.
Fiche de chantier
Ouvriers
Le couple et des amis pour la plupart des travaux, ainsi qu'une entreprise spécialisée.
Durée des travaux
Environ 2 ans.
Budget
70 000 euros tout compris.
La première cavité transformée en résidence principale
Le couple a choisi de poser ses valises dans la cavité principale de 90 m2, qui avait déjà été aménagée en lieu d'habitation. "Le lieu était habitable en l'état, mais bien loin des standards de confort actuels", précise Jérôme.
La salle de bains était très petite, basse de plafond et meublée de façon vétuste. Pendant plusieurs mois, Jérôme a dû creuser et évacuer quelques mètres cubes de gravats, avec de petits moyens et de l'acharnement, pour gagner 6 m2 de plus.
Comme les pièces sont en enfilade, il a fallu creuser un second accès, sous forme de couloir, pour continuer d'utiliser la pièce d'eau pendant son agrandissement. "Avant de commencer à creuser, on a fait venir des géologues, pour vérifier la faisabilité des travaux", précise le jeune trentenaire.
Cette superbe rénovation a accueilli en son sein un heureux événement que Jérôme s'amuse à nous raconter : "Ma femme a accouché à la maison, dans notre salle de bains. Notre fille est donc une véritable troglodyte !"
Les autres aménagements intérieurs se sont faits petit à petit. Les chambres et la cuisine, quant à elles, n'ont pas subi de travaux majeurs, étant globalement en bon état.
Un logement confortable sous la roche
Côté chauffage, la maison est équipée de convecteurs électriques et d'un poêle à bois. Comme dans tous les habitats troglodytiques, la maison bénéficie d'une très bonne inertie thermique, “on ne tombe jamais sous les 13 ou 14 degrés sans chauffage”, indique Jérôme.
Et nous sommes bien loin des clichés qui veulent que les maisons troglodytiques soient sombres et humides : le logement est clair, lumineux et confortable.
"Vivre dans une maison troglodytique, c'est comme vivre dans une maison classique. Il y a juste quelques règles en plus à respecter", souligne le propriétaire.
L'erreur classique : fermer tous les accès d'air parce qu'il fait froid. En réalité, il faut laisser l'air passer, pour bien ventiler le logement et conserver un environnement sain. "Mais le plus avantageux reste quand même que l'on peut modeler l'espace, car tout est possible avec une maison sous la roche !"
Changer de vie et transformer les dépendances en gîtes
En s'installant dans cette demeure le couple cherche à changer radicalement de vie. Outre l'habitat, ils comptent abandonner leur ancien travail, c'est pourquoi ils ont choisi de transformer les autres cavités en gîtes.
Le couple entame donc une série de travaux en parallèle de ceux de leur maison principale. "Il a fallu respecter les normes d'accueil du public, précise Jérôme, ce qui a rendu les travaux plus contraignants."
Des experts ont dû faire le déplacement pour la mise en conformité de la structure, et Jérôme a fait appel à des professionnels pour le carottage (percer des puits qui remontent à la surface pour créer une aération dans les pièces en renfoncement).
Une arrière-cuisine - utilisée à l'époque comme cave - est devenue un salon. En une semaine, avec l'aide du reste de la famille, le couple a décaissé le sol, passé l'électricité et fait la chape avec de la chaux. La chaux étant bien plus appropriée dans ce type d'habitat qu'une dalle en béton classique, car elle permet à la roche de respirer.
"Le principal problème d'une maison troglodytique, c'est l'humidité. Il faut choisir des matériaux adaptés pour façonner la structure, et mettre au point un système de ventilation naturelle", explique le propriétaire.
Après le chaulage (nettoyage des murs avec du sable), les murs ont été enduits de lait de chaux, qui assainit et rend le tout homogène. Depuis, dans toutes les pièces sont installés des testeurs d'humidité, pour vérifier l'hygrométrie en temps réel.
Le dernier gîte créé par le couple est une ancienne habitation dans une cavité de 50 m2 servant jusqu'à leur arrivée d'atelier d'artiste. "C'était notre troisième habitat troglodytique à rénover. On avait déjà acquis de l'expérience avec les deux précédents chantiers, donc on a su quoi faire, et plus vite", explique Jérôme.
Pour ce logement, seuls 6 mois ont été nécessaires pour l'aménager. Il a aussi fallu tailler la pierre de tuffeau pour créer de plus grandes ouvertures vers l'extérieur.
"Il nous reste d'autres cavités à rénover. Le chantier est loin d'être fini, mais jamais je ne reviendrai en arrière", conclut Jérôme.
Pour vivre l'expérience de dormir sous la pierre, Jérôme et Marie-Aymée mettent leurs gîtes en location : le gîte 1875 et le gîte du Vigneron.